Le front sud libanais s’élargit, alors que la société civile appelle à la neutralité

De la fumée s’élève au-dessus du village libanais d’Odaïssé lors d’un bombardement israélien, le 18 janvier 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes, alors que la guerre entre Israël et le groupe palestinien Hamas se poursuit à Gaza. (AFP)
De la fumée s’élève au-dessus du village libanais d’Odaïssé lors d’un bombardement israélien, le 18 janvier 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes, alors que la guerre entre Israël et le groupe palestinien Hamas se poursuit à Gaza. (AFP)
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

Le front sud libanais s’élargit, alors que la société civile appelle à la neutralité

  • En réponse aux violences qui ont commencé il y a cent trois jours, le vice-président du Parlement libanais appelle à une action diplomatique urgente
  • L’ancien ministre Achraf Rifi exige «la reconquête de la souveraineté, la levée de la tutelle, la protection de la Constitution et l’activation des institutions»

BEYROUTH: Les hostilités entre le Hezbollah et Israël se sont étendues, jeudi, à de nouveaux territoires, alors que des personnalités de la société civile libanaise appellent à la neutralité à l’échelle nationale.

En réponse aux violences qui ont commencé il y a cent trois jours, le vice-président du Parlement libanais appelle à une action diplomatique urgente.

«L’idée d’ouvrir un front de guerre est très dangereuse et la seule solution passe par des moyens diplomatiques», déclare Elias Bou Saab, qui assure également la médiation entre le gouvernement libanais et l’envoyé américain, Amos Hochstein.

Ses propos font suite à une rencontre avec l’ambassadeur d’Égypte au Liban, Alaa Moussa.

M. Bou Saab souligne «l’importance de continuer à déployer des efforts diplomatiques afin de parvenir à une solution pour mettre fin à la guerre, avant de passer à l'étape de l'après-cessez-le-feu au Liban, qui comprend la question de la démarcation des frontières terrestres».

Dans le même temps, des personnalités de la société civile libanaise, présentes lors d’un grand rassemblement, ont réitéré leurs demandes pour que le pays conserve sa neutralité dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Le Rassemblement de l’État du Grand Liban a réuni, au siège du patriarcat maronite, des chefs de communautés religieuses et de partis politiques, ainsi que des responsables diplomatiques, sociaux, universitaires et syndicaux.

Le patriarche maronite Béchara al-Raï a supervisé l’événement.

L’ancien président, Amine Gemayel, a appelé à «reconquérir la souveraineté, l’indépendance et l’unité du Liban en établissant la neutralité».

Il poursuit: «Le moment est venu pour le Liban d’assurer sa survie en faisant en sorte que toutes les composantes acceptent d’abord d’être pleinement libanaises.»

«Cela compléterait l’identité nationale du Liban et l’unifierait sans privilèges, en la garantissant uniquement par un État fort et compétent, à moins que nous ne voulions que le Liban soit divisé en zones d’influence basées sur les intérêts des autres au détriment de l’intérêt national.»

L’ancien ministre Achraf Rifi exige «la reconquête de la souveraineté, la levée de la tutelle, la protection de la Constitution et l’activation des institutions».

Il ajoute: «Nous nous engageons à empêcher le Liban de devenir le théâtre de règlements de comptes régionaux. Nous rétablirons le statut de l’État.»

«L’armée et les institutions de sécurité légitimes seront les seules responsables de la sécurité. Nous nous engageons à lutter contre les armes des milices, la liquidation, les assassinats et le terrorisme.»

La militante Hayat Arslan appelle à une «neutralité positive», ajoutant qu’elle «nous protège, respecte les résolutions internationales et fait du Liban un État de droit et d’institutions».

Jeudi matin, les médias israéliens ont rapporté qu’au moins cinq obus avaient été tirés depuis le Liban vers la colonie d’Al-Manara, dans la région de Haute Galilée.

Un drone israélien a bombardé, jeudi, une voiture à Souk el-Khan, près de Kawkaba. L’artillerie israélienne a également tiré deux obus sur la périphérie de Kawkaba.

Un drone israélien a tiré un missile sur le jardin d’une maison du centre-ville de Kawkaba, causant des dégâts considérables sur le site, sans pour autant faire de victimes. Un obus est également tombé entre des maisons de la ville de Houla.

Des avions israéliens ont mené des frappes à la périphérie des villes de Rab el-Thalathine, Al-Taybé et Odaïssé.

La plaine de Marjayoun a été bombardée par l’armée israélienne, qui a également ciblé la zone située entre Al-Dhaïra et Yarin, ainsi que la périphérie orientale de Mays el-Jabal, au moyen de bombes fumigènes et de phosphore.

L’armée israélienne a également tiré sur des zones forestières adjacentes à la ville d’Aïta el-Chaab.

Des avions de chasse ont survolé le secteur ouest, atteignant les villages et les villes du district de Tyr.

Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, écrit dans un message sur X: «Les avions de combat de l’armée de l’air ont attaqué les infrastructures du Hezbollah dans la région d’Odaïssé et l’armée israélienne a attaqué Kfar Kila et Marjayoun.»

M. Adraee ajoute que «deux obus ont été tirés depuis le Liban vers la zone arabe d’Al-Aramché, atterrissant dans des zones ouvertes».

Jeudi matin, l’armée israélienne a ciblé les environs du site militaire d’Al-Abad qui surplombe la ville de Houla et elle a également frappé Tallet Hamames, la plaine de Marjayoun et les régions de Houra et d’Aziyyeh à Deir Mimas.

Les avions de reconnaissance israéliens ont continué à survoler les villages des secteurs ouest et central toute la nuit, atteignant les abords du fleuve Litani.

Cette action coïncide avec le lancement de fusées éclairantes au-dessus des villages frontaliers adjacents à la Ligne bleue.

Mercredi soir, l’armée israélienne a intensifié ses attaques. En effet, des avions ont bombardé la périphérie de la ville de Qlaïlé à Tyr, une extension du camp de réfugiés palestiniens de Mieh Mieh.

Le bombardement a tué Walid Hassanein, membre du Hamas, dont la mort a par la suite été déplorée. D’autres personnes du camp de réfugiés, dont Mohammed Azzam et Abou Nayef, ont été blessées.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.