Samuel Ducroquet, ambassadeur français pour le sport, en visite officielle en Arabie saoudite

Samuel Ducroquet et Ludovic Pouille, ambassadeur de France en Arabie saoudite. (Photo fournie)
Samuel Ducroquet et Ludovic Pouille, ambassadeur de France en Arabie saoudite. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

Samuel Ducroquet, ambassadeur français pour le sport, en visite officielle en Arabie saoudite

  • «C'est un voyage très important en tant qu'ambassadeur pour le sport, compte tenu de la rapidité du développement des politiques saoudiennes dans le domaine sportif», déclare Samuel Ducroquet
  • «Nous savons que les investissements sont colossaux dans le secteur de l’e-sport en Arabie saoudite et nous allons saisir toutes les opportunités offertes par ces projets», indique l’ambassadeur français pour le sport

RIYAD: Samuel Ducroquet, ambassadeur français pour le sport depuis 2023, effectue une visite de quelques jours en Arabie saoudite. Une visite qui s’inscrit dans le cadre des relations bilatérales entre l’Arabie saoudite et la France. 

Au cours de son séjour dans le Royaume, Samel Ducroquet a rencontré de hauts responsables du mouvement sportif saoudien pour aborder les grands axes inhérents à la pratique sportive, la modernisation et la construction d’infrastructures sportives, les équipements, la sécurité, la formation et la gestion d’événements sportifs.

 

En bref

Diplomate de carrière, Samuel Ducroquet a rejoint le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en 2007 en tant que Volontaire civil international à la représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne à Bruxelles, puis a été nommé à la Direction de l’UE au Quai d’Orsay.

Samuel Ducroquet a ensuite occupé les fonctions de conseiller politique et de référent sport à l’ambassade de France au Qatar (2015-2018). Son expérience de conseiller sport/attaché olympique à l’ambassade de France à Tokyo (2018-2021) lui a permis de développer une véritable expertise dans le domaine de la diplomatie sportive, renforcée par son poste de senior manager chargé du programme des dignitaires au sein de la direction des relations internationales du comité d’organisation des jeux Olympiques de Paris 2024 jusqu’en janvier 2023.

Depuis 2016, l’Arabie saoudite a placé le sport au cœur de sa stratégie de développement. Le sport est en effet le second pilier de développement que le gouvernement a identifié pour  diversifier l’économie et transformer la société saoudienne, notamment via le programme « Quality of life» («Qualité de la vie»), qui vise à améliorer les conditions de vie des Saoudiens en donnant accès au sport pour toutes et tous. En 2016, 13 % des Saoudiens pratiquaient le sport, l’objectif est que 40 % le pratiquent d’ici à 2030. 

En marge de cette visite, Samuel Ducroquet s’est entretenu avec Arab News en français. «C'est un voyage très important pour moi compte tenu de la rapidité de l'évolution et du développement des politiques saoudiennes dans le domaine sportif», explique-t-il. «C’est la raison pour laquelle je tenais à rencontrer au cours de ce déplacement les hauts responsables des différentes institutions donneuses d'ordres sur ces projets.»

L’ambassadeur français pour le sport se félicite des réformes entreprises par le Royaume. «Ces changements de société sont arrivés très rapidement et ont pris un tournant radical. Pour nous, c'est une grande satisfaction de s'inscrire dans cette continuité et d'accompagner ce changement, qui est une opportunité forte de coopération bilatérale.» 

«J'ai rencontré la Fédération saoudienne de football avec laquelle nous avons évoqué le projet de coopération avec la Fédération française de football, notamment sur les questions de formation, en particulier concernant le développement du football féminin, qui connaît un véritable essor en Arabie saoudite», ajoute-t-il. «Concernant le sport féminin, j’ai d’ailleurs pu discuter avec des interlocutrices de très grande qualité. Elles sont particulièrement actives, engagées, passionnées et ne sont pas là en guise de façade mais vraiment pour transformer la société en profondeur», fait remarquer M. Ducroquet.

«Nous avons également rencontré les responsables du Leadership Development Institute qui ont un rôle majeur à jouer dans l'accompagnement du développement du capital humain dans le domaine du sport. C’est primordial et nous souhaiterions, avec le soutien de l'ambassade, développer de nouveaux projets pour accompagner l'ensemble des parties prenantes  souhaitant s'impliquer davantage dans le développement du sport», précise Samuel Ducroquet. 

Il est vrai qu’au cours de ces dernières années, le ministère saoudien des Sports a signé plusieurs accords avec des institutions françaises, notamment la Fédération française de football (FFF), l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et la Fédération française de handball (FFH). 

La Coupe du monde de l’e-sport Riyadh 2024

À partir de l’été 2024, le Royaume accueillera la Coupe du monde d'e-sport, traduisant les ambitions croissantes du Royaume dans le domaine des sports électroniques et marquant un jalon significatif dans l'évolution de l'industrie de l'e-sport au Moyen-Orient.

Considéré comme le plus grand événement mondial de ce genre, la Coupe du monde servira de plate-forme pour renforcer le secteur du sport et de l’e-sport, et conforter la position de l’Arabie saoudite comme plaque tournante de l’e-sport international. Les jeux électroniques sont en effet très populaires en Arabie saoudite, les joueurs représentant 67 % de la population, dont 43 % sont des femmes. 

L’ambassadeur français pour le sport a profité de son séjour pour rencontrer les responsables de la Fédération saoudienne des sports électroniques. «Nous avons parlé des grands événements sportifs dans le domaine de l'e-sport mais aussi encore une fois de formation et du développement de la pratique de la base jusqu'au sport d'élite», indique-t-il à Arab News en français.

«Nous savons que les investissements sont colossaux dans ce domaine en Arabie saoudite et nous allons saisir toutes les opportunités offertes par ces projets pour nous positionner comme participants dans ces événements. Nous avons des équipes particulièrement performantes dans le secteur de l’e-sport ainsi que dans la technologie, la production de titres», déclare M. Ducroquet. «J’espère aussi que nous pourrons développer des projets dans le domaine de la formation avec l'académie saoudienne, qui est déjà bien avancée et avec laquelle nous souhaiterions travailler à l'avenir.»

Les jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024

Les jeux Olympiques de Paris 2024 se tiendront du 26 juillet au 11 août à Paris pendant seize jours. La capitale française deviendra le centre du monde. Cet évènement sportif millénaire sera aussi une combinaison de rendez-vous culturels, de programmation artistique et de performances diverses qui créent une expérience unique en son genre. Les Jeux, c’est surtout un festival populaire et multiculturel qui s’adresse au monde entier. 

Les JO de Paris offriront au monde entier un programme audacieux qui devrait plaire aux jeunes, mais aussi aux moins jeunes. Quatre nouveaux sports viennent s’ajouter aux disciplines incontournables des JO: le breaking, l’escalade sportive, le surf et le skateboard. Le public va certainement danser, grimper et glisser l’été prochain à Paris.

«Il y a beaucoup de nouveautés. La plus emblématique évidemment, c'est la décision, comme le dit la devise de Paris 2024, "d'ouvrir grand les Jeux" au plus grand nombre. Cela signifie notamment permettre à celles et ceux qui le souhaitent d'assister aux cérémonies d'ouverture des jeux Olympiques et Paralympiques hors du stade et au défilé des athlètes sur la Seine, et non  au Stade de France comme cela aurait pu être le cas», détaille l’ambassadeur français pour le sport. 

«On attend avec impatience la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques sur la Seine et celle des jeux Paralympiques, organisée en bas des Champs-Élysées et sur la place de la Concorde où les athlètes paralympiques défileront devant le public. Donc si nous devons retenir une grande nouveauté c'est celle-ci. Il y en aura évidemment beaucoup d'autres», affirme M. Ducroquet. 

Les opportunités du marché saoudien

Deuxième plus important investisseur étranger en Arabie saoudite, la France a développé un partenariat stratégique avec Riyad, car le marché saoudien regorge d’opportunités. La majorité des secteurs de l’économie ont en effet été ouverts ces dernières années aux entreprises étrangères souhaitant investir dans le Royaume. 

«Les opportunités sont vraiment infinies aujourd'hui. On l'a vu dans le développement du sport dans le centre-ville. Nous avons rencontré des responsables du Boulevard du sport. C’est un projet vraiment extraordinaire et qui offrira un cadre de vie exceptionnel pour les habitants de la capitale», souligne M. Ducroquet.

«Je vais aussi me rendre au rallye Dakar. J’aurai la chance de découvrir un peu plus les paysages saoudiens magnifiques dont j'ai beaucoup entendu parler et qui sont mis en valeur par le sport. Le sport-aventure est une opportunité de développer le tourisme sportif dans le pays. Et je me réjouis qu'une entreprise comme Amaury Sport Organisation, organisatrice du Dakar, se saisisse de l'opportunité offerte par un paysage aussi beau.»


Victimes de cyberattaques attribuées à la Chine, des parlementaires français s'inquiètent

Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
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  • A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic
  • Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31

PARIS: Ciblés par une campagne mondiale de cyberespionnage menée par un groupe de hackers aux liens présumés avec l'Etat chinois, plusieurs parlementaires français ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme devant la "légèreté" de la réponse des autorités face à cet "acte de guerre".

A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic.

Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31, que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, considèrent lié au gouvernement chinois.

Le point commun de ces élus ? Tous sont membres de l'alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), une instance crée en 2020 pour agir de manière coordonnée sur différents sujets relatifs à la Chine (Covid, répression des Ouïghours, manifestations à Hong Kong...).

Pour la plupart, ces députés et sénateurs français n'ont pourtant découvert l'existence de cette attaque qu'à la fin du mois de mars 2024, lorsque le ministère de la justice américain a publié un acte d'accusation inculpant sept Chinois pour une "prolifique opération de piratage informatique à l'échelle mondiale". Seraient concernés, notamment, plusieurs centaines de comptes liés à l'IPAC, attaqués en janvier 2021.

Pixels malveillants

Lorsqu'il apprend la nouvelle, l'ex-sénateur André Gattolin, qui coprésidait la branche française de l'IPAC jusqu'en septembre 2023, fait le lien tout de suite: à l'automne 2021, les services informatiques du Sénat avaient trouvé dans son ordinateur professionnel des virus de type "cheval de Troie", à la suite d'une alerte de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).

"A l'époque, je rédigeais un rapport très sensible sur les ingérences étatiques dans les universités et la recherche. Déjà, je m'étais demandé si la Chine pouvait être derrière tout ça", affirme l'ancien élu à l'AFP.

En fouillant ses emails, André Gattolin retrouve la "source corrosive": un mail du 6 janvier 2021 lui proposant de soutenir une soi-disant journaliste indépendante chinoise enquêtant sur la pandémie de Covid à Wuhan.

"Je me rends compte que ce mail avait été ouvert", raconte-t-il. "J'appelle l'Anssi, j'ai du mal à me faire entendre. Même son de cloche auprès des services de renseignement intérieur français (DGSI). Je dépose plainte le 4 avril et nous prenons contact à l'IPAC avec le FBI, qui nous assure avoir prévenu les services français dès 2022. Mais personne ne nous a rien dit", ajoute l'ancien sénateur, agacé.

Alertée par son collègue, la députée du parti présidentiel Renaissance Anne Genetet fait la même manipulation sur sa boîte mail et retrouve aussi un courrier suspect du 21 janvier 2021. "Malencontreusement, je l'ouvre. Une image s'affiche immédiatement, je comprends tout de suite qu'un virus malveillant se trouve dans les pixels", raconte la députée, qui porte plainte immédiatement et dont l'ordinateur est sous scellés depuis.

Interrogé par l'AFP, le parquet s'est refusé à tout commentaire sur ce dossier.

" Dysfonctionnements" 

"S'il y avait aussi peu de parlementaires concernés, je serais rassuré", glisse un haut-responsable français familier des questions de défense. Ce dernier note que l'Anssi protège les services informatiques des deux chambres, ce qui permet de "voir passer pas mal de choses". "Mais il est important que toutes les personnalités importantes se disent qu'elles peuvent être interceptées", insiste cette source.

Les mêmes courriers ont été remarqués par des parlementaires du monde entier, en Belgique, au Canada, en Allemagne ou encore au Danemark.

"Il y a au minimum beaucoup de légèreté et de dysfonctionnements. Je m'inquiète de voir cette puissance chinoise qui agit et un silence total en face. Autant faire entrer tout de suite des espions chinois dans les bureaux", reprend André Gattolin.

Interpellé mardi au Sénat, le gouvernement français s'en est tenu à une réponse convenue: "Le mode opératoire d'APT31 fait l'objet d'un suivi particulier", "y compris judiciaire", a assuré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, et "le gouvernement n'exclut pas d'attribuer publiquement ces cyberattaques" à l'avenir.

Peu rassurant pour les parlementaires concernés. "C'est une attaque ouverte, officielle, et les autorités le savent", regrette Olivier Cadic. "Ce qu'on nous fait, c'est un acte de guerre".

 


Mort de Nahel: une reconstitution aura lieu dimanche

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
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  • Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime
  • La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes

NANTERRE: Près d'un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, la justice réunit dimanche les principaux protagonistes du dossier pour une reconstitution des faits, a appris l'AFP de sources concordantes.

Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", souligne Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel.

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes.

A travers la France, les incendies de bâtiments publics et d'infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d'euros, selon le Sénat.

A Nanterre, non loin du rond-point où Nahel a été tué et où aura lieu la reconstitution, certains bâtiments en portent encore les traces.

L'enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l'usage de l'arme à feu était légitime.

Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

Policier libéré

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire.

Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil.

Les juges qui ont décidé de sa remise en liberté avaient reconnu qu'il existait encore "des divergences entre les différentes versions données", mais que "le risque de concertation" apparaissait désormais, "dans cette configuration, moins prégnant" et "ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre".

"L'information judiciaire a progressé", les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats.

Ils soulignent également que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme.

"Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.

"Elle est très stressée, ça ravive de mauvais souvenirs", estime Me Boudi, son conseil.

L'avocat de Florian M. n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.


Mobilisation propalestinienne: Sciences Po Paris évacué, d'autres sites occupés en région

Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière à Sciences Po, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne -- qualifié de "townhall", terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique. (AFP).
Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière à Sciences Po, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne -- qualifié de "townhall", terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique. (AFP).
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  • "Suite au vote de l'occupation des étudiants, les bâtiments du 25, 27, 30, rue Saint-Guillaume et du 56, rue des Saints-Pères, resteront fermés demain, vendredi 3 mai. Nous invitons à rester en télétravail"
  • Après un débat interne sur le Proche-Orient jeudi matin qu'ils ont jugé "décevant, mais sans surprise", les étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont annoncé jeudi après-midi le lancement d'un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école

PARIS: Les forces de l'ordre ont évacué vendredi à Sciences Po Paris les militants propalestiniens qui l'occupaient depuis la veille: l'établissement et ses campus restent l'épicentre en France d'une mobilisation étudiante en faveur des Palestiniens, qui enflamme le débat politique.

Une semaine après une mobilisation émaillée déjà de tensions à Sciences Po Paris et une précédente évacuation de locaux, "91 personnes ont été évacuées, sans incident", a précisé la préfecture de police de Paris.

"La fermeté est et restera totale", a fait savoir Matignon.

C'est l'administrateur provisoire, Jean Bassères, qui a requis la force publique pour évacuer ces bâtiments historiques de l'école, rue saint-Guillaume, au coeur d'un quartier huppé de la capitale.

"Je mesure la portée de cette décision difficile et l’émotion qu’elle peut susciter. Je regrette vivement que les multiples tentatives de dialogue n’aient pas permis de l’éviter", a affirmé M. Bassères dans un message envoyé en interne. Il dit être "disposé à poursuivre (le) dialogue dans le respect de nos statuts et des compétences de nos instances".

"Jean Bassères a appelé la police. Il a donné un ultimatum de 20 minutes pour sortir", en raison de "la tenue des examens à partir de lundi et qu'il faut les préparer à partir de demain", a déclaré à la presse Hicham, représentant du Comité Palestine, après sa sortie des locaux occupés.

La mobilisation étudiante en faveur de Gaza et des Palestiniens reste circonscrite à Sciences Po (qui compte entre 5 et 6.000 étudiants dans la capitale), ses campus en régions et aux instituts d'études politiques mais peine à faire tache d'huile dans les universités.

Des députés LFI

Depuis 14H00, un rassemblement en soutien à la cause palestinienne à l'appel de syndicats étudiants réunit entre 250 et 300 personnes place du Panthéon, a constaté l'AFP.

"Ça me touche beaucoup ce qui se passe en Palestine" et "je suis là aussi pour dire qu'il y a encore des jeunes de gauche qui se lèvent pour ce genre de combats", a expliqué Mathis, 18 ans, étudiant en musicologie à Sorbonne Université, qui n''a pas voulu donner son nom de famille.

Des députés LFI étaient présents en soutien.

"Il faut que le gouvernement accepte que les jeunes se mobilisent (...) Ce qui est fait, c'est plutôt de criminaliser, de caricaturer, de calomnier souvent", a critiqué Eric Coquerel, président LFI de la commission des finances à l'Assemblée.

Aux Etats-Unis, les campus d'une quarantaine d'universités connaissent une vague de mobilisation, avec des interventions musclées de la police.

Place de la Sorbonne, à quelques centaines de mètres de Sciences Po Paris, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) tient pendant une bonne partie de la journée une "table du dialogue", avec plusieurs invités, dont le dessinateur Joann Sfar ("Le chat du rabbin").

M. Sfar a estimé auprès de l'AFP "que les étudiants juifs ont leur place aussi dans ce dialogue". "Je comprends la radicalité des étudiants révoltés par ce qui se passe au Proche Orient" et "je suis rassuré dès que je vois des dialogues +humains", a-t-il dit.

Des évacuations ailleurs en France

Ailleurs en France, plusieurs campus de Sciences Po Paris comme au Havre, Dijon, Reims ou Poitiers ont fait l'objet de perturbations, blocages ou occupations partielles, dont certaines ont été levées (Le Havre et Reims).

A Lyon, les forces de l'ordre sont intervenues vendredi pour évacuer dans le calme des manifestants pro-palestiniens de l'institut d'études politiques (qui n'est pas rattaché à Sciences Po Paris).

A Saint-Etienne, la police est également intervenue pour évacuer une quinzaine d'étudiants qui bloquaient l'accès à un site universitaire.

A Menton, Sciences Po Menton a rouvert normalement aujourd'hui, après plusieurs jours de fermeture, selon une étudiante contactée.

A Lille, l'entrée de l'ESJ (l'école de journalisme de Lille) a été débloquée et les examens à Sciences Po Lille ont pu se dérouler après un déploiement de police devant l’entrée de l'établissement, selon une journaliste de l'AFP.

Après un débat interne sur le Proche-Orient organisé jeudi par la direction de Sciences Po Paris, que les étudiants du Comité Palestine ont jugé "décevant", ces derniers avaient effectué un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école avant d'occuper le bâtiment. Plusieurs d'entre eux ont déclaré entreprendre une "grève de la faim" en "solidarité avec les victimes palestiniennes".

A l'issue de ce débat, Jean Bassères, a répété qu'il n'était pas question, comme le réclament certains étudiants, d'"investiguer" les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.