Le RN vent debout contre un reportage de «Complément d'enquête» sur Bardella

Le président du parti d'extrême droite français « Rassemblement National » (RN) et député européen Jordan Bardella assiste à une session plénière au Parlement européen le 16 janvier 2024 à Strasbourg, dans l'est de la France (Photo, AFP).
Le président du parti d'extrême droite français « Rassemblement National » (RN) et député européen Jordan Bardella assiste à une session plénière au Parlement européen le 16 janvier 2024 à Strasbourg, dans l'est de la France (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

Le RN vent debout contre un reportage de «Complément d'enquête» sur Bardella

  • Dès la diffusion mercredi soir d'un teaser de l'émission sur les réseaux sociaux, Victor Chabert, attaché de presse du parti, a contesté avec force l'attribution de ce compte anonyme à Jordan Bardella, qui caracole en tête des sondages pour le scrutin
  • Jordan Bardella dément lui-même avoir tweeté sous cette fausse identité

PARIS:Le Rassemblement national est vent debout contre la diffusion jeudi soir d’un "Complément d'enquête" sur son président Jordan Bardella, dénonçant "une manipulation grossière". France Télévisions a maintenu la diffusion de l'émission, malgré les menaces de poursuites.

"Cette émission devrait être rebaptisée complément de rien, parce qu'ils arrivent à la faire à partir de rien", s'est emporté sur franceinfo le député et porte-parole du RN Julien Odoul, dénonçant "une manipulation grossière" visant à "discréditer notre liste pour les européennes".

Dès la diffusion mercredi soir d'un teaser de l'émission sur les réseaux sociaux, Victor Chabert, attaché de presse du parti, a contesté avec force l'attribution de ce compte anonyme à Jordan Bardella, qui caracole en tête des sondages pour le scrutin du 9 juin.

"Vous diffusez un tweet mensonger, sans même employer le conditionnel et sans préciser (dans le teaser, NDLR) le démenti de Jordan Bardella qui réfute formellement être l’auteur de ces publications", a-t-il écrit sur X, annonçant des poursuites et une mise en demeure adressée "par huissier à France Télévisions".

Quant à M. Bardella, il s'est mis en scène sur les réseaux visionnant depuis son bureau un extrait, un bol de pop-corn et une bière devant lui, ironisant sur la "musique qui fait peur" de l'émission. Scotché à l'écran, un post-it rappelant les 4 milliards d'euros de budget à l'audiovisuel public.

Bardella conteste des révélations de Complément d'enquête sur un compte Twitter

Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella conteste des révélations de l'émission de France Télévisions "Complément d'enquête" sur son utilisation de 2015 à 2017 d'un compte Twitter anonyme qui diffusait des messages racistes, le parti ayant missionné des huissiers pour empêcher la diffusion de l'extrait concerné.

"Vous diffusez un tweet mensonger, sans même employer le conditionnel et sans préciser le démenti de Jordan Bardella qui réfute formellement être l’auteur de ces publications", a réagi mercredi sur X (ex-Twitter) Victor Chabert, porte-parole du parti, à la diffusion d'un teaser de l'émission sur les réseaux sociaux.

"Vous serez poursuivi et une mise en demeure a été adressée ce jour par huissier à France Télévisions", a-t-il ajouté, avant de préciser à l'AFP que le RN a entrepris ces démarches pour empêcher la diffusion de "l'extrait sur le faux compte qui est complètement mensonger".

Le reportage de l'émission de France 2 sur le jeune président du RN, âgé de 28 ans, et sur son ascension politique éclair doit être diffusé jeudi soir.

De son côté, une source du proche du RN a affirmé à l'AFP qu'un ancien assistant de Florian Philippot, ancien vice-président du Front National qui a quitté le parti, se cacherait derrière le compte Twitter RepNat du Gaito.

Le reportage relate notamment le début de la carrière politique de Jordan Bardella, dans les cercles proches de Florian Philippot. Un spécialiste du media training, Pascal Humeau, y explique comment il a contribué à forger l'identité politique du président du RN, qui conduira la liste de son parti aux prochaines élections européennes de juin et domine pour l'instant les sondages.

Sources «formelles»

France Télévisions a de son côté maintenu la diffusion du "Complément d'enquête", après avoir argué auprès de l'AFP que "cela ne change rien, c’est classique"/

"Les sources de @PSFort (Pierre-Stéphane Fort, le journaliste ayant mené l'enquête, ndlr) sont formelles", avait souligné pour sa part sur X le présentateur du magazine d'investigation, Tristan Waleckx.

Le reportage est consacré au jeune président du RN, âgé de 28 ans, à l'ascension politique éclair.

Il mentionne un compte Twitter qu'il aurait utilisé sous le pseudonyme de RepNat du Gaito, diffusant une photo de la piscine de Créteil avec la mention "La mer noire", en allusion à la présence de nombreuses personnes de couleur dans le bassin.

Un ancien membre du RN, Eric Richermoz, affirme face caméra qu’au parti, "beaucoup de gens et beaucoup de jeunes avaient un compte Twitter, un compte +fake+ comme on disait, pour faire des blagues, pour pouvoir parler plus librement", répondant "oui" quand le journaliste lui demande si Jordan Bardella en avait un.

Mais "le montage est trompeur", a-t-il ajouté sur X. "A aucun moment je n'ai fait de lien entre un compte et un individu".

Trois sources anonymes, citées dans le reportage, mentionnent toutefois que M. Bardella se cachait derrière le pseudonyme de RepNat du Gaito.

Quant à l'ex-numéro 2 du FN, devenu RN, Florian Philippot, interrogé dans l'émission d'investigation, il a assuré à l'AFP "ne pas être en mesure de confirmer" que M. Bardella se soit effectivement caché derrière ce profil.

Il a rejeté, en revanche, les accusations du RN qui attribue le compte RepNat du Gaito à l'un de ses "anciens assistants". "C'est un mensonge grossier qui montre une certaine fébrilité".

Dans l'émission, Jordan Bardella dément lui-même avoir tweeté sous cette fausse identité: "Je suis désolé de vous décevoir, mais je n'ai qu'un seul compte Twitter", a-t-il répondu mardi à France 2.

Avant même la diffusion du reportage, les députés écologistes ont annoncé saisir le procureur de la République. "Au regard du caractère ouvertement raciste et homophobe de ces messages, il paraît désormais indispensable de mettre en mouvement l’action publique afin d’identifier précisément l’auteur de ces messages postés sur un compte Twitter anonyme dès lors que ceux-ci sont susceptibles de constituer une infraction pénale", arguent-ils dans une lettre.

Ce "Complément d'enquête" relate aussi le début de la carrière politique de Jordan Bardella, avec une interview de l'ancien journaliste Pascal Humeau qui lui a donné des cours pour s'exprimer dans les médias.

"C'était une coquille vide. En termes de fond, il était plutôt limité", assure ce spécialiste de média training qui raconte lui avoir appris à sourire.

Les équipes de "Complément d'enquête" se sont aussi rendues au Parlement européen à Strasbourg pour enquêter sur les activités de l'eurodéputé.

"Je ne l'ai jamais vu", affirment le socialiste luxembourgeois Marc Angel et la nationaliste galicienne Ana Miranda, qui siègent tous deux avec lui à la Commission des pétitions.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.