Hôpital: des syndicats dénoncent le «coup de com» trompeur d'Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal assiste à une visite au CHU de Dijon Bourgogne (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal assiste à une visite au CHU de Dijon Bourgogne (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 15 janvier 2024

Hôpital: des syndicats dénoncent le «coup de com» trompeur d'Attal

  • Le Premier ministre Gabriel Attal a qualifié l'hôpital de «trésor national»
  • Plusieurs syndicats ont dénoncé l'impression laissée par les propos de M. Attal

PARIS: Des syndicats hospitaliers ont dénoncé lundi un "coup de communication" trompeur après les déclarations de Gabriel Attal sur un "investissement" à venir de "32 milliards supplémentaires" sur cinq ans pour la santé, une augmentation "déjà prévue" et "insuffisante" au regard de l'inflation, selon eux.

En déplacement au CHU de Dijon samedi, le Premier ministre Gabriel Attal a qualifié l'hôpital de "trésor national" et a chiffré devant la presse à "32 milliards d'euros supplémentaires" sur les "cinq ans à venir (...) l'investissement" prévu dans le système de soins.

Matignon a ensuite rapidement précisé les choses: ces 32 milliards correspondent à la "hausse du budget de la branche maladie qui a été adoptée dans la dernière loi de financement de la sécurité sociale".

En clair, le chiffre ne correspond pas à une annonce nouvelle, mais juste un rappel de l'évolution des dépenses de santé (Objectif national de dépenses d'assurance maladie, comprenant l'hôpital mais aussi la médecine de ville), telle que prévue par la loi de programmation de finances publiques.

«Aucune nouveauté»

Plusieurs syndicats ont dénoncé l'impression laissée par les propos de M. Attal.

"Il n'y a aucune nouveauté (...) et il est d’ores et déjà admis que cette hausse programmée du budget de la santé sera insuffisante, la hausse naturelle des dépenses de santé étant supérieure", critique lundi dans un communiqué le syndicat d'anesthésistes SNPHAR-E.

La Fédération Force ouvrière services publics de la santé appelle elle aussi dans un communiqué à se "méfier des coups de communication".

"32 milliards: cherchez l'erreur ou la tromperie", écrit FO, rappelant que le gouvernement prévoyait plutôt dans son budget de "faire des économies" par rapport à la croissance naturelle des dépenses de santé.

Devant les caméras, "Gabriel Attal annonce 32 milliards, et sa porte-parole ajoute: on les a déjà donnés. On nous prend pour quoi ?", tance Jean-François Cibien, président de la coalition Action praticiens hôpital.

"Ce n'est que de la +com+. Ce qu'on veut, c'est du dialogue social, le détail des investissements, une feuille de route claire", plaide-t-il.

Le président de la Fédération hospitalière de France Arnaud Robinet, qui regroupe les hôpitaux publics, a de son côté rappelé qu'à court terme, les hôpitaux publics étaient encore "en attente d'arbitrages majeurs, sans lesquels (leur) budget 2024 est d'ores et déjà insuffisant".

La FHF attend notamment une compensation de l'inflation pour 2023 et une restitution d'environ 800 millions d'euros du fait d'une sous-exécution budgétaire en 2023.

 


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
Short Url
  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.