Les Suédois interloqués par les propos du gouvernement et de l'armée sur le risque de guerre

Carl-Oskar Bohlin, ministre suédois de la Défense civile, prononce un discours lors de l'inauguration de la ligne de production d'avions de combat Gripen F-39 de Saab à l'usine Embraer de Gaviao Peixoto, à environ 310 km de Sao Paulo, au Brésil, le 9 mai 2023 (Photo de NELSON ALMEIDA / AFP).
Carl-Oskar Bohlin, ministre suédois de la Défense civile, prononce un discours lors de l'inauguration de la ligne de production d'avions de combat Gripen F-39 de Saab à l'usine Embraer de Gaviao Peixoto, à environ 310 km de Sao Paulo, au Brésil, le 9 mai 2023 (Photo de NELSON ALMEIDA / AFP).
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Publié le Samedi 13 janvier 2024

Les Suédois interloqués par les propos du gouvernement et de l'armée sur le risque de guerre

  • Si la Suède envoie régulièrement des troupes pour des opérations de maintien de la paix, le pays, candidat à l'Otan depuis mai 2022, n'a pas été impliqué dans un conflit armé depuis les guerres napoléoniennes
  • Outre sa candidature à l'Otan, la Suède a signé début décembre un accord autorisant les Etats-Unis à avoir accès à 17 bases militaires sur son sol

STOCKHOLM: Réalisme ou alarmisme ? Les appels de l'armée et du gouvernement suédois à se préparer à une guerre suscitent un intense débat, achats de précaution et regain d'anxiété chez les enfants.

Si la Suède envoie régulièrement des troupes pour des opérations de maintien de la paix, le pays, candidat à l'Otan depuis mai 2022, n'a pas été impliqué dans un conflit armé depuis les guerres napoléoniennes.

Aussi les réalités de la guerre sont étrangères à la plupart des Suédois.

"Il pourrait y avoir une guerre en Suède", a dit le ministre de la Défense civile Carl-Oskar Bohlin lors d'une conférence sur la défense dimanche, mettant en garde contre toute auto-satisfaction.

Le commandant en chef des forces armées suédoises, Micael Byden, est allé dans le même sens quelques jours plus tard, montrant des maisons brûlées et bombardées en Ukraine.

"Pensez-vous que cela pourrait être la Suède ?", s'est-il interrogé lors du même événement, expliquant qu'il ne s'agissait pas d'une simple question rhétorique.

"La guerre de la Russie contre l'Ukraine est une étape, non un objectif final, avec comme objectif d'établir une sphère d'influence et de détruire l'ordre mondial fondé sur les règles", a-t-il dit.

Le chef de l'armée a ensuite estimé que les Suédois "devaient se préparer mentalement à la guerre".

Outre sa candidature à l'Otan, la Suède a signé début décembre un accord autorisant les Etats-Unis à avoir accès à 17 bases militaires sur son sol.

Enfants inquiets

Après ces déclarations largement commentées, l'ONG de défense des droits des enfants Bris a indiqué avoir enregistré une hausse sensible du nombre d'appels, sur sa ligne d'urgence, venant d'enfants préoccupés par la perspective d'une guerre.

"Nombre d'enfants ont vu leur niveau d'anxiété aggravé par cette information", a dit Magnus Jagerskog, secrétaire général de l'association dans un communiqué.

Des chaines de magasins se sont aussi fait l'écho d'une hausse des achats d'objets tels que des radios d'urgence, des jerricans, des réchauds de camping.

Ces déclarations ont alimenté un intense débat sur leur caractère alarmiste.

"La situation est grave, mais il est également important de préciser que la guerre n'est pas à nos portes", a déclaré Magdalena Andersson, cheffe de file des sociaux-démocrates et ancienne Première ministre.

Le commentateur Goran Greider, marqué à gauche, a écrit qu'il pensait que les commentaires de l'armée relevaient d'"un désir secret de tester les forces de combat suédoises".

Mais dans son éditorial pour le journal Dagens Nyheter (DN), il a également admis que le réel message était plus probablement: "donnez-nous plus d'argent".

Dans un éditorial, le même quotidien a jugé que nombre de réponses à cet appel à se préparer était "absurdes" et qu'assurer qu'une guerre est impossible relevait d'un "contre-sens".

La Russie a tourné en dérision les déclarations suédoises, l'ambassade de Russie en Suède écrivant sur X : "Peut-être les dirigeants suédois devraient-ils cesser de pousser leur peuple à la paranoïa ?".

«Rêve de guerre»

Alexey Pushkov, membre de la chambre haute du parlement russe, a estimé sur Telegram qu'on a "parfois l'impression que certains militaires et journalistes suédois rêvent presque de la guerre".

La perspective de voir la Russie s'en prendre à la Suède a peu de fondement, estime Mark Galeotti, du think tank Royal United Services Institute.

"Je comprends que les militaires doivent envisager les pires scénarios et la Russie a démontré qu'elle était plus agressive que ce que l'on anticipait", dit-il à l'AFP. "Mais je dois avouer que je suis sceptique quant à la probabilité d'un tel scénario".

Plusieurs facteurs rendent l'hypothèse d'une attaque russe improbable, selon lui, en particulier "le fait que l'armée russe, ou du moins les forces terrestres en particulier, ont été mises à mal" par la guerre en Ukraine.

"La question ultime est de savoir pourquoi Poutine ferait cela ?", demande M. Galeotti.

L'Ukraine occupe une place particulière dans la vision de la Russie de Vladimir Poutine qui n'a en revanche montré aucune volonté de s'en prendre aux pays baltes, souvent considéré comme un scénario dans lequel la Suède pourrait s'impliquer, dit-il.

Difficile en outre d'imaginer la Russie se lancer dans un conflit de plus grande ampleur impliquant des pays de l'Otan, ajoute le spécialiste.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.