LONDRES: Six organisations de défense des droits de l’homme et des groupes de défense de la liberté de la presse ont appelé les autorités américaines – l’un des alliés les plus puissants et les plus influents d'Israël – à «exiger des comptes» pour les journalistes tués lors de l’offensive en cours contre la bande de Gaza.
Dans une lettre envoyée mercredi au président Joe Biden, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch, Freedom House, Freedom of Press Foundation, le Knight First Amendment Institute de l’université de Columbia et Reporters sans frontières ont exhorté son administration à «veiller à ce que toutes les parties au conflit respectent le droit international» et à «déployer davantage d’efforts pour protéger la liberté de la presse».
Ils soutiennent que 75 parmi les 79 journalistes et professionnels des médias qui ont perdu la vie à Gaza, au Liban et en Israël lors des combats qui ont lieu actuellement entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens et libanais ont été tués par des membres des Forces de défense israéliennes.
Israël a lancé une offensive sur Gaza en représailles à l’attaque-surprise du Hamas le 7 octobre, au cours de laquelle 1 200 personnes ont été tuées en Israël et 240 retenues en otages à Gaza. La campagne aérienne et terrestre d’Israël dans la bande de Gaza a jusqu’à présent causé la mort de plus de 23 000 personnes, parmi lesquelles au moins 10 000 enfants, selon le ministère de la Santé du territoire dirigé par le Hamas.
La lettre des groupes de défense des droits de l’homme souligne que, même si les États-Unis ont nié l’existence de preuves selon lesquelles Israël cible délibérément les journalistes, des «rapports crédibles» d’organisations de défense des droits de l’homme et des médias suggèrent que les frappes de Tsahal dans le sud du Liban le 13 octobre, qui ont tué un journaliste et en ont blessé six autres, «étaient illégales et apparemment délibérées». En outre, l’armée israélienne a reconnu avoir pris pour cible une voiture à bord de laquelle se trouvaient des journalistes le 7 janvier, et au moins deux journalistes à Gaza affirment avoir été menacés par des responsables israéliens avant que des membres de leurs familles ne soient tués.
Insistant sur ce qu’ils qualifient de «climat d’impunité de longue date d’Israël dans les meurtres de journalistes», les auteurs de la lettre ont appelé Biden à soutenir les enquêtes sur les meurtres de tous les journalistes par les forces israéliennes, y compris celui de la journaliste d’Al-Jazeera Shireen Abu Akleh en mai 2022.
Les six organisations soutiennent que le meurtre de journalistes – qu’il soit délibéré ou le résultat d’une forme de négligence – «est un crime de guerre» et que la Cour pénale internationale «enquêtera sur les informations qui font état de crimes de guerre commis contre des journalistes à Gaza».
Les groupes de défense exigent également que le droit des journalistes de rendre compte des hostilités soit pleinement respecté, que l’Égypte et Israël accordent aux médias internationaux l’accès à la bande de Gaza et que les États-Unis «mènent des évaluations approfondies, transparentes et publiques sur l’utilisation finale des armes américaines» et de l’assistance militaire accordée à Israël au cours des hostilités.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com