LONDRES: Le nombre de femmes qui décèdent pendant leur grossesse ou peu après leur accouchement est à son plus haut niveau au Royaume-Uni depuis près de 20 ans, avec de fortes inégalités géographiques et liées à l'origine ethnique, selon une étude publiée jeudi.
D'après l'enquête épidémiologique nationale MBRRACE-UK conduite par une unité de recherches rattachée principalement aux universités d'Oxford et Leicester et qui collecte des données sur les décès maternels, de nourrissons ou sur les enfants nés sans vie, il y a eu 13,41 décès pour 100 000 grossesses sur la période 2020-2022, dus en premier lieu à des thromboses et thromboembolies.
Il s'agit d'un plus haut depuis la période 2003-2005.
Hors décès liés à la Covid-19 - la seconde cause la plus fréquente sur la période - le taux de mortalité maternelle s'élève à 11,54 pour 100 000 grossesses, en progression de 31% par rapport à celui de 2017/19.
Le Royaume-Uni conserve cependant l'un des taux de mortalité maternelle parmi les plus bas au monde, légèrement supérieur à celui de la France (autour de 8 pour 100 000 selon l'ONU) ou du Canada (9).
Cette étude intervient après une série de scandales ces dernières années mettant en cause les maternités du service public de santé où des soins inadéquats ont conduit à des dizaines de décès évitables de bébés et de mères.
Le rapport du MBRRACE-UK a permis "d'identifier des exemples clairs de maternités sous pression", souligne Marian Knight, directrice de l'unité nationale d'épidémiologie périnatale, et l'augmentation de la mortalité maternelle est "source de nouvelles inquiétudes" quant à l'état du système de santé britannique.
"S'assurer de la santé (des femmes) avant la grossesse, en s'attaquant notamment à des pathologies telles que le surpoids et l'obésité, et apporter des soins plus inclusifs et personnalisés doit plus que jamais être une priorité", a-t-elle plaidé.
Comparé aux femmes blanches, les femmes noires sont trois fois plus susceptibles de mourir avant ou dans les six semaines suivant leur accouchement.
Les femmes vivant dans les zones les plus défavorisées du Royaume-Uni, de leur côté, sont deux fois plus susceptibles de perdre la vie, comparé à celles vivant dans les zones les plus favorisées.
Un porte-parole du NHS en Angleterre a reconnu que des "mesures supplémentaires étaient nécessaires", soulignant que le système public de santé avait déjà augmenté ses investissements de plusieurs centaines de millions de livres pour améliorer la prise en charge dans les maternités.