DUBAÏ : L’Iran a confirmé jeudi que sa marine avait saisi un pétrolier dans le golfe d’Oman à bord duquel étaient montés des hommes armés.
Cinq hommes armés, masqués et portant des uniformes militaires noirs sont montés à bord du pétrolier, selon les opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni (UKMTO).
La télévision d’État iranienne a confirmé la saisie du navire jeudi en fin d’après-midi, quelques heures après que les hommes armés sont montés à bord.
«Le pétrolier contrevenant Suez Rajan (…) a volé du pétrole iranien en le conduisant aux Américains et en le leur livrant», a rapporté la télévision d’État, précisant que c’est la marine iranienne, et non le Corps paramilitaire des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui a procédé à la saisie. Par le passé, ces derniers ont souvent été impliqués dans les incidents en mer qui ont suscité des tensions.
Plus tôt, la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiya a publié sur la plateforme X des informations diffusées par la télévision d’État iranienne selon lesquelles le CGRI aurait détenu un pétrolier américain en mer d’Arabie, sans toutefois citer le nom du navire ni faire directement référence au St. Nikolas.
Les propriétaires du navire ont déclaré à Arab News qu’ils avaient perdu le contact avec le navire tôt jeudi matin.
L’incident a été signalé à 50 milles marins à l’est de Sohar, une ville située dans le sultanat d’Oman.
Les experts en sécurité ont affirmé que le système de suivi du navire avait été désactivé et que le navire semblait se diriger vers l’Iran.
Un porte-parole d’Empire Navigation, directeur du pétrolier St. Nikolas, a confirmé à Arab News que le contact avait été perdu avec leur navire vers 6h30, heure d’Athènes (4h30 GMT) «alors qu’il naviguait au large du sultanat d’Oman, aux alentours de Sohar. Les membres d’équipage sont au nombre de dix-neuf: dix-huit Philippins et un Grec».
«Le navire avait chargé, quelques jours auparavant, à Bassorah [Irak], une cargaison d’environ 145 000 tonnes métriques de pétrole brut à destination d’Aliaga [Turquie], via le canal de Suez. L’affréteur du navire est Tupras.»
«Empire Navigation a activé son plan d’urgence et averti les autorités compétentes. Par ailleurs, la société met tout en œuvre pour rétablir la communication avec le St. Nikolas.»
Reuters a cité la société de renseignement privée américaine Ambrey, qui a déclaré que le système d’identification automatique du pétrolier avait été désactivé et a ajouté que le pétrolier se dirigeait vers Bandar-e Jask, en Iran.
«L’UKMTO a reçu un rapport selon lequel un navire aurait été arraisonné par 4 à 5 personnes armées non autorisées à environ 3h30 UTC dans une zone située à 50 milles marins à l’est de Sohar, au sultanat d’Oman», a signalé le site Internet de l’UKMTO, qui émet des avertissements à l’intention des marins au Moyen-Orient.
«Les personnes qui ont fait irruption dans le navire porteraient des uniformes noirs de style militaire avec des masques noirs.»
«L’agent de sécurité d’entreprise signale que le navire a changé de cap en direction des eaux territoriales iraniennes et que le contact avec le navire a été perdu. Les autorités enquêtent en ce moment.»
«Des voix inconnues auraient été entendues au téléphone, ainsi que la voix du capitaine. Impossible d’établir d’autres contacts avec les navires pour le moment. Les autorités enquêtent en ce moment», indiquait un compte-rendu antérieur publié sur le site.
De précédents rapports conseillaient aux navires dans la zone de «transiter avec prudence et de signaler toute activité suspecte à l’UKMTO».
L’Associated Press (AP) affirme que ceux qui sont montés à bord du navire avaient couvert les caméras de surveillance lors de leur embarquement.
Cet incident survient au lendemain de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution qui condamne avec la plus grande fermeté les multiples attaques des Houthis contre des navires en mer Rouge au cours des deux derniers mois.
Le statut de l’incident est actuellement orange sur le site Internet de l’UKMTO, ce qui indique qu’une «approche suspecte de vol et d’embarquement» a eu lieu. Un statut rouge signifierait «attaque, détournement, incident, enlèvement».
Les tensions se sont accrues au large du golfe Arabique ces derniers jours. La milice houthie du Yémen a déclaré mercredi avoir mené une frappe de représailles contre la marine américaine en mer Rouge au moyen de plusieurs missiles et drones.
À cette occasion, des navires des marines américaine et britannique ont abattu 21 drones houthis.
Le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, a affirmé mercredi que la poursuite des attaques des Houthis en mer Rouge était «totalement inacceptable».
Shapps avait déclaré le 1er janvier dernier que la Grande-Bretagne était «prête à prendre des mesures directes» contre les milices houthies, soutenues par l’Iran, au Yémen; ces dernières ont attaqué à plusieurs reprises des navires en mer Rouge.
Le St. Nikolas est un pétrolier construit en 2011 et battant pavillon des Îles Marshall. Il est associé à la société maritime grecque Empire Navigation.
L’attention a commencé à se porter sur le Suez Rajan en février 2022, lorsque le groupe United Against Nuclear Iran a annoncé qu’il soupçonnait que le pétrolier transportait du pétrole provenant de l’île iranienne de Khargh, son principal terminal de distribution de pétrole dans le golfe Arabique.
Des images satellites et des données relatives à la navigation maritime analysées à l’époque par l’AP ont confirmé cette allégation.
Pendant des mois, le navire est resté en mer de Chine méridionale, au large de la côte nord-est de Singapour, avant de partir soudainement pour la côte du Texas, sans explication. Le navire a déchargé sa cargaison sur un autre pétrolier en août, qui a déversé son pétrole à Houston, conformément à une ordonnance du ministère de la Justice.
Au mois de septembre, Empire Navigation a été reconnue coupable de contrebande de pétrole brut iranien et condamnée à payer une amende de 2,4 millions de dollars (1 dollar = 0,91 euro) pour une affaire impliquant le pétrolier Suez Rajan, qui transportait environ 1 million de barils de pétrole.
(Avec agences)
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com