ZURICH: Le groupe suisse Sika, spécialisé dans les matériaux de construction, a dévoilé mercredi un chiffre d'affaires en hausse pour 2023 grâce aux projets d'infrastructures et à l'acquisition de MBCC, mais a raté de peu son objectif de ventes en monnaies locales.
Malgré la hausse des taux d'intérêt qui pèse sur le secteur du bâtiment, le groupe est parvenu à faire croître son chiffre d'affaires de 7,1% par rapport à l'année précédente, à 11,2 milliards de francs suisses (12 milliards d'euros) grâce aux programmes d'investissements dans les infrastructures en Europe et aux Etats-Unis, indique-t-il dans un communiqué.
Le groupe qui fabrique des colles, mortiers et produits d'étanchéité pour la bâtiment a toutefois déçu sur sa croissance organique, ses ventes en monnaies locales et ses produits d'isolation pour l'automobile, freinés par la grève dans le secteur durant l'automne aux Etats-Unis.
A 9H28 GMT, l'action chutait de 2,72% à 2'6,70 francs suisses, à la traîne du SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, qui se repliait de 0,03%.
En 2023, Sika a bouclé la plus grosse acquisition de son histoire avec le rachat de MBCC, une ancienne filiale du géant allemand de la chimie BASF, reprise auprès du fonds d'investissement Lone Star Funds pour 5,5 milliards de francs.
Le groupe avait en conséquence relevé son objectif de croissance pour ses ventes en monnaies locales à plus de 15%. Mais leur progression s'est finalement chiffrée à 14,5%, a quantifié Sika, 13,3% de cette croissance provenant de l'acquisition de MBCC et 1,2% de sa croissance organique. Les analystes interrogés par l'agence suisse tablaient en moyenne sur 2% de croissance organique.
Grève dans l'automobile aux Etats-Unis
Les analystes de Jefferies ont attribué ce chiffre inférieur aux attentes à "une perte de vitesse sur la fin de l'année", ses ventes dans la zone Amériques et dans sa division dite globale, qui regroupe ses produits d'étanchéité pour l'automobile, étant les principales sources de cette déception.
Ses ventes dans la zone Amériques ont progressé de 14,9% en monnaies locales, en net ralentissement par rapport aux 27,5% de croissance enregistrée en 2022, le groupe reconnaissant dans le communiqué que l'inflation, la hausse des taux d'intérêts et la pénurie de main d'oeuvre ont pesé sur le bâtiment sur plusieurs marchés outre-Atlantique.
Sa division dite globale a de son côté vu ses ventes ralentir à 10% hors effets de changes, contre un bond de 22,2% un an plus tôt, entre autres en raison de la grève dans l'automobile aux Etats-Unis.
Certains des facteurs qui ont conduit à ce ralentissement ne "devraient être que temporaires", à l'instar de cette grève aux Etats-Unis, mais pour les mois à venir les investisseurs seront à l'affût de "signes de reprise" aux Etats-Unis, préviennent-ils.
En 2023, Sika a été confronté à la fois à la force du franc suisse, l'inflation et la hausse des taux d'intérêt qui ont pesé sur le bâtiment.
"Nous avons continué de croître de manière substantielle et gagné des parts de marché dans ce qui a été une année difficile", a cependant défendu son directeur général, Thomas Hasler, cité dans le communiqué.
Le groupe dont les produits sont aussi utilisés pour la construction de ponts, tunnels et autoroutes est parvenu à croître dans ce marché défavorable grâce aux projets d'infrastructures.
Dans la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique, ses ventes ont augmenté de 14,8% (contre 8,3% en 2022) grâce notamment aux programmes d'investissements dans l'efficacité énergétique. Aux Etats-Unis, le groupe a également bénéficié des projets d'investissements soutenus par les subventions d'Etat et des projets de relocalisation de la production.
Le groupe doit publier ses résultats complets pour l'année écoulée le 16 février.