L’Arabie saoudite «ne peut pas vivre avec Israël» sans un État palestinien indépendant, affirme l’ambassadeur saoudien au Royaume-Uni

Le prince Khaled a réfuté les affirmations selon lesquelles l’attaque du Hamas du 7 octobre visait à compromettre la normalisation arabe avec Israël. (Photo, Capture d'écran)
Le prince Khaled a réfuté les affirmations selon lesquelles l’attaque du Hamas du 7 octobre visait à compromettre la normalisation arabe avec Israël. (Photo, Capture d'écran)
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Publié le Mercredi 10 janvier 2024

L’Arabie saoudite «ne peut pas vivre avec Israël» sans un État palestinien indépendant, affirme l’ambassadeur saoudien au Royaume-Uni

  • Le prince Khaled affirme à la BBC que l’accord de normalisation avec Israël «ne va pas sans» une solution à deux États
  • La «perspective extrême et absolutiste» d’Israël est le principal obstacle à la paix

LONDRES: L’Arabie saoudite «ne peut pas vivre avec Israël» si un État palestinien indépendant n’est pas créé, a déclaré l’ambassadeur saoudien au Royaume-Uni.

Lors d’une émission de la BBC Radio 4 intitulée «Today», le prince Khaled ben Bandar a indiqué que l’Arabie saoudite était «proche» d’un accord de normalisation avec Israël avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, mais que tout accord était subordonné à la création d’un État palestinien indépendant.

Malgré les violences qui ont suivi et le nombre «déplorable» de victimes à Gaza, le Royaume croit toujours en une normalisation avec Israël «qui ne se fasse pas aux dépens du peuple palestinien», a-t-il ajouté.

Le prince Khaled a réfuté les affirmations selon lesquelles l’attaque du Hamas du 7 octobre visait à compromettre la normalisation arabe avec Israël.

«Ce conflit remonte à près de cent ans — c’est la raison pour laquelle il s’est produit. Ce n’est pas à cause de l’Arabie saoudite et de ses pourparlers de normalisation avec Israël. Nous ne pouvons pas vivre avec Israël si un État palestinien indépendant n’est pas créé», a-t-il souligné.

«Nous étions proches de la normalisation, donc proches de la création d’un État palestinien — l’un ne va pas sans l’autre.»

Le prince Khaled a affirmé que les intérêts palestiniens constituaient la principale source de préoccupation dans les négociations entre l’Arabie saoudite et Israël, ajoutant: «Ce sont les intérêts du peuple palestinien qui sont les plus importants. Il ne s’agit pas d’un plan de paix israélo-saoudien, mais d’un plan de paix israélo-palestinien.»

À la question de savoir si le Hamas pourrait jouer un rôle dans un futur État palestinien, il a répondu: «Cela demande beaucoup de réflexion et de travail. Si vous regardez l’Irlande d’aujourd’hui, de nombreux membres de son plus grand parti auraient été considérés comme des terroristes il y a quarante ans au Royaume-Uni.»

«Il y a donc toujours une possibilité de changement si l’on est optimiste et si l’on a de l’espoir. Toutefois, en cas de conflit, la première chose à admettre est que les deux parties ont perdu, et lorsque les deux parties perdent, elles sont alors prêtes à faire des compromis. S’il n’y a pas de compromis, il n’y a pas de solution.»

Cependant, le gouvernement israélien, que le prince Khaled a décrit comme souffrant d’une «perspective extrême et absolutiste», ne parvient pas à trouver un compromis, a-t-il averti.

«Ils tiennent des propos qui, s’ils étaient tenus par n’importe quel autre responsable gouvernemental dans n’importe quel autre pays, seraient non seulement critiqués, mais aussi fermement condamnés. Dans la plupart des gouvernements sensés, on leur demanderait de démissionner», a-t-il poursuivi.

Dans le cadre de ses projets immédiats visant à mettre fin à la violence à Gaza, l’Arabie saoudite soutient «absolument» un cessez-le-feu immédiat, a ajouté le prince Khaled, commentant l’implication potentielle du Royaume dans une future administration de l’enclave.

«Nous n’avons pas de solution parfaite et immédiate», a-t-il déclaré. «Nous sommes bloqués à un stade où la communauté internationale n’est pas encore convenue d’un cessez-le-feu. Tant que nous ne pourrons pas faire en sorte que tout le monde soit d’accord sur un cessez-le-feu, il sera difficile de décider de la démarche à suivre.»

«Il faut absolument faire quelque chose à Gaza. Je pense que l’Autorité palestinienne dispose de beaucoup de ressources pour intervenir, mais il est presque certain que cela nécessitera une participation internationale.»

«La manière de procéder et les pays impliqués sont des questions qui devront être discutées avec les Palestiniens et la communauté internationale et, de toute évidence, cela ne peut se faire sans que les Israéliens ne l’acceptent. Israël est le principal obstacle à ce projet, pas les autres.»

Le risque de radicalisation parmi les civils de Gaza constitue également un problème à long terme, estime le prince Khaled.

Il a condamné le «niveau de violence sans précédent auquel se sont livrées les deux parties, mais en particulier ce qui est censé être un État responsable en Israël, au cours des trois derniers mois.»

Le prince Khaled a qualifié le nombre de victimes parmi les civils à Gaza de «déplorable, absolument déplorable», ajoutant: «Qu’est-ce que cela va créer? Cela va créer un manque d’espoir, non seulement chez les Palestiniens, (…) mais aussi chez toutes sortes de personnes. Toutes (ces personnes) constatent que l’humanité a échoué, car personne n’a rien fait pour mettre un terme à cette guerre.»

«Normalement, lorsqu’il y a un conflit comme celui-ci, le monde commence vraiment à passer à l’action et à essayer. Des efforts sont déployés, mais ce n’est pas suffisant. Combien de personnes devront encore mourir avant que nous ne parvenions à une solution?»

Le prince Khaled a exhorté le Royaume-Uni à modérer sa position sur le conflit, car «la nuance et la perception sont importantes».

Le fait que la Grande-Bretagne et d’autres pays ferment les yeux sur ce que fait Israël est un «vrai problème» et entrave l’instauration d’une paix durable pour les Palestiniens, a-t-il expliqué.

«Si quelqu’un d’autre avait fait ce que les Israéliens font aujourd’hui, ils auraient été isolés de la communauté internationale, on aurait parlé de sanctions, on aurait vu toutes sortes de choses», a-t-il ajouté. «Il est difficile pour toute personne sensée de regarder ce qui se passe et de dire que c’est justifié.» 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com