PARIS: Le "premier risque" économique dans le monde est "géopolitique", a estimé le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire lundi, mettant en avant "le retour de la guerre dans le monde et sur le territoire européen".
Près de deux ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, le Proche-Orient voit se multiplier les zones de tension, dont un regain d'inquiétude en mer Rouge ces dernières semaines dans un contexte encore très tendu entre Israël et le Hamas.
"Un embrasement du Proche-Orient, une insécurité croissante dans le trafic de la mer Rouge, un incident dans le détroit de Taïwan remettraient en cause la stabilité internationale et affecteraient durablement le commerce mondial", a alerté le dirigeant en présentant ses voeux aux acteurs économiques.
Depuis la mi-décembre, la plupart des grosses compagnies maritimes internationales ont décidé de dérouter leur navire pour éviter le passage par le canal de Suez, par lequel transite habituellement 12% du commerce mondial.
Les vaisseaux contournent désormais l'Afrique en passant par le cap de Bonne Espérance, ce qui rallonge le voyage entre l'Asie et l'Europe et fait déjà augmenter les tarifs pour couvrir les frais liés à ce détour.
Ces nouveaux défis succèdent à la pandémie de Covid-19 et à la crise inflationniste exacerbée par l'invasion russe en Ukraine qui ont profondément bouleversé les chaînes de production et d'approvisionnement dans le monde.
"Pendant longtemps, nous avons trop insisté sur les bénéfices de la mondialisation", avait ainsi reconnu la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva, dans un entretien en novembre au journal Le Monde, mettant en avant les "chocs" en série et leurs effets sur les chaînes d'approvisionnement.
"La mondialisation ne sera plus jamais comme avant", a estimé lundi Bruno Le Maire, rappelant qu'"elle est devenue largement politique" après avoir été "purement économique".
Conséquence de tous ces bouleversements et de la confrontation économique croissante entre les Etats-Unis et la Chine, le commerce mondial devrait dans les dix prochaines années croître moins vite que le PIB mondial, a anticipé lundi dans une étude le Boston Consulting Group (BCG), "un revirement majeur par rapport à la tendance observée depuis la fin de la guerre froide".
Il devrait aussi bénéficier à certains acteurs plutôt qu'à d'autres, à l'instar de l'Asie du Sud-Est qui devrait tirer son épingle du jeu, d'après cette étude.