Efficacité et secteur privé, la recette gagnante pour le climat selon la Banque mondiale

Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP au siège de la Banque mondiale à Washington, le 3 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP au siège de la Banque mondiale à Washington, le 3 janvier 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 04 janvier 2024

Efficacité et secteur privé, la recette gagnante pour le climat selon la Banque mondiale

  • La transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, qui nécessitent des milliers de milliards de dollars, ne seront possibles qu'avec le soutien financier du secteur privé, insiste le président de la Banque mondiale
  • Mais pour convaincre les entreprises de la soutenir dans ce domaine, l'institution basée à Washington doit continuer ses réformes et aller plus vite dans la réalisation de ses projets

WASHINGTON: La transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique, qui nécessitent des milliers de milliards de dollars, ne seront possibles qu'avec le soutien financier du secteur privé, insiste le président de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, dans un entretien accordé mercredi à l'AFP.

Mais pour convaincre les entreprises de la soutenir dans ce domaine, l'institution basée à Washington doit continuer ses réformes et aller plus vite dans la réalisation de ses projets, poursuit-il, reconnaissant la nécessité pour la Banque d'être "plus rapide et concentrée sur le résultat".

"Les gouvernements et banques multilatérales n'ont pas assez d'argent" pour financer seuls la lutte contre le réchauffement climatique, rappelle l'ancien dirigeant d'entreprises américano-indien: "nous avons besoin que le secteur privé s'implique".

Un rapport du G20 publié en juin dernier souligne la nécessité de multiplier par trois le capital de la Banque mondiale, "une excellente idée" juge son président mais "qui ne suffira pas pour nous amener aux milliers de milliards" nécessaires "simplement pour la transition énergétique".

Arrivé en juin dernier à la tête de la BM, Ajay Banga, pousse depuis sa prise de fonction pour une banque "plus efficace et mieux financée" qui serait capable de répondre à sa mission réactualisée: "éliminer la pauvreté sur une planète vivable".

Afin d'y parvenir, la "Banque doit changer et évoluer, c'est un point clairement souligné avant même mon arrivée" rappelle-t-il, une évolution essentielle pour "créer la crédibilité nécessaire et donner envie aux financiers de venir apporter de l'argent" aux projets portés par la BM.

«Adaptation»

L'institution doit notamment raccourcir le temps nécessaire à la réalisation de ses projets, un des principaux objectifs avancés par Ajay Banga, qui espère réduire de 30% les 27 mois actuellement nécessaires entre les discussions préliminaires et les premières dépenses.

Plus largement, les réformes en cours doivent permettre de rendre plus efficace l'ensemble du fonctionnement quotidien de l'institution, tout en lui permettant de continuer à "réaliser son bon travail: rappelez-vous que nous avons apporté 120 milliards de dollars de financement l'année dernière, nous ne pouvons pas couper cela".

Ajay Banga se décrit dès lors comme "un plombier", qui veut s'assurer que la Banque "tourne comme une machine bien huilée" de sorte que "mon successeur, qui fera face à d'autres problèmes, puisse se concentrer dessus, pas sur la plomberie".

Mais il convient également de montrer aux pays les plus pauvres que la lutte contre le réchauffement climatique ne prend pas le pas sur la réduction de la pauvreté, mission première de la Banque, admet M. Banga.

"Les pays du Sud reconnaissent qu'on ne peut lutter contre la pauvreté sans lutter contre le changement climatique mais la différence est ce que l'on entend par +changement climatique+", souligne-t-il.

"Pour les pays développés, cela signifie limiter le changement climatique, et cela passe par les émissions de gaz à effet de serre, alors que le monde en développement pense adaptation, car ils voient l'impact du réchauffement en terme d'irrigation, précipitations, dégradation des sols, perte de biodiversité", explique Ajay Banga.

«Compromis»

Afin d'y répondre, la Banque a donc annoncé que 45% de ses financements iront à des projets de "limitation ou adaptation" au changement climatique, "une moitié à la limitation, l'autre moitié à l'adaptation".

"C'est important pour les Etats bénéficiaires car ils voient que la moitié des 45% va vers des sujets qui les concernent et que les 55% restants sont toujours disponibles. Pour les pays donateurs, savoir que la moitié des 45% va à des projets de limitation est quelque chose qui importe", fait-il valoir.

"Nous devons arriver à ces compromis, pour montrer aux donateurs et bénéficiaires que la Banque cherche à aller dans la bonne direction".

Il faut cependant également rassurer "les pays du Sud, qui attendent toujours l'argent promis lors de la COP de Paris", soit 100 milliards de dollars, pour financer leur transition climatique mais qui ne sont jamais arrivés.

Plus récemment, l'aide massive à destination de l'Ukraine a suscité des critiques en Afrique, y voyant le signe que l'institution privilégiait les sujets jugés importants par les pays occidentaux.

Un "malentendu", assure Ajay Banga, qui rappelle que "la Banque mondiale met nettement plus d'argent en Afrique sub-saharienne qu'en Ukraine", l'immense majorité des fonds concernés provenant directement de pays donateurs, via la BM.

Mais il y a désormais "une volonté" des pays du Nord de "rendre les financements nécessaires disponibles pour les pays les plus pauvres, le message est parvenu chez les pays développés", assure M. Banga.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.


TotalEnergies: le gouvernement remonté contre un possible transfert de sa cotation à New York

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Aujourd'hui, TotalEnergies a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire
  • M. Pouyanné avait notamment évoqué la frilosité de l'Europe vis-à-vis de sa stratégie qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles

PARIS: Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris "n'ait pas lieu".

 

"Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une décision qui est grave", a déclaré M. Le Maire sur BFMTV/RMC.

"Est-ce que l'intérêt suprême de la nation est de garder le siège social de Total en France et la cotation principale de Total en France? Oui, et donc je me battrai pour ça", a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin de Total", a-t-il souligné, mentionnant le plafonnement à moins de 2 euros du litre du carburant dans ses stations françaises.

L'affaire est partie des déclarations surprises de Patrick Pouyanné à l'agence Bloomberg. Dans un entretien publié le 26 avril, Patrick Pouyanné avait dit réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York. Près de la moitié de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constituée d'actionnaires institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américains.

"Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires", avait ajouté le dirigeant de l'entreprise, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris.

Son argument principal: "une base d'actionnaires américains qui grossit", ce qui amène l'entreprise à s'interroger sur la façon de "donner accès plus facilement aux actions pour les investisseurs américains", a-t-il expliqué aux analystes, le 26 avril.

Appétit américain pour les fossiles 

Las du manque d'appétit des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, alors que le groupe estime investir beaucoup dans les énergies vertes, le PDG chercherait à se rapprocher des investisseurs américains moins contraints par des règles d'investissement durable.

"Les politiques au sens large ESG (environnement, social et de gouvernance, NDLR) en Europe ont plus de poids", a ainsi justifié M. Pouyanné lundi devant des sénateurs français.

Le PDG observe que "la base d'actionnaires européens de TotalEnergies diminue, notamment la base française" qui a reculé de "7% au cours des quatre dernières années, largement à cause des réglementations, de la pression qui est faite sur eux".

En filigrane, le patron pointe du doigt le changement en France du label Investissement socialement responsable (ISR), qui exclut désormais les entreprises exploitant du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, une mesure décidée par Bercy lui-même fin 2023. Ahmed Ben Salem, analyste du groupe financier Oddo BHF, nuance ce point en indiquant que les fonds labellisés ISR représentaient 1,7% de l'actionnariat de TotalEnergies.

Pendant que l'UE muscle sa réglementation pour flécher les investissements vers la transition écologique, aux Etats-Unis la pression de certains Etats, comme le Texas, pour ne pas délaisser les entreprises d'énergies fossiles a poussé de grands gérants d'actifs à abaisser leurs ambitions climatiques.

"Nous observons clairement plus d'appétit pour les actions d'entreprises des secteurs énergétique, pétrole et gaz du côté de l'Amérique du Nord qu'en Europe", a dit M. Pouyanné aux analystes.

Conséquence de ce manque d'appétit: une valorisation moins importante. TotalEnergies avance "exactement les mêmes résultats trimestriels qu'une entreprise comme Chevron". Le groupe énergétique américain est valorisé 300 milliards de dollars en Bourse, contre 175 milliards pour TotalEnergies.

Le mirage d'un marché européen 

La faute au cloisonnement des marchés financiers en Europe, selon M. Le Maire, qui avait dans un premier temps estimé dimanche sur LCI qu'il fallait offrir à TotalEnergies "les moyens de se développer" en accélérant sur l'union des marchés de capitaux (UMC) dans l'UE.

L'UMC permettrait d'augmenter la taille du marché boursier européen pour que les entreprises s'y financent davantage. Ahmed Ben Salem n'est cependant pas convaincu des changements éventuels pour TotalEnergies: "Il faut des acheteurs sur le secteur, pas seulement des liquidités."

La moindre valorisation de TotalEnergies "est aussi subie par les autres majors européennes", explique-t-il à l'AFP, citant l'exemple du britannique Shell qui "est dans la même réflexion" concernant une cotation principale à New York.

Au Sénat, le patron n'a pas exclu de reconsidérer la question si "plus d'actionnaires européens (...) rachètent du TotalEnergies".


Microsoft signe un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable Brookfield

Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
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  • L'accord prévoit le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030
  • L'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé, va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques

SAN FRANCISCO: Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe.

Cet accord qualifié de "première" prévoit, selon Brookfield, le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030.

Il met également en lumière les importants investissements réalisés par les plus grands groupes mondiaux afin d'atteindre leur objectifs en terme d'énergie propre tout en restant compétitif dans la course au développement de l'intelligence artificielle (IA).

Car l'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé (cloud), va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques, alors qu'ils multiplient les centres de données, particulièrement énergivores, augmentant leur dépendance vis-à-vis des fournisseurs d'énergie traditionnels.

"Cette collaboration avec Brookfield vient soutenir le développement innovant de réseaux d'énergies plus variées au niveau mondial et va contribuer à atteindre notre objectif de 100% de notre consommation d'électricité décarbonnée, 100% du temps, d'ici à 2030", a assuré le directeur des énergies renouvelables chez Microsoft, Adrian Anderson.

Les conditions financières de l'accord n'ont pas été précisées, alors que la puissance prévue pour le parc pourrait potentiellement fournir en énergie l'équivalent de millions de foyers.

L'accord devrait également permettre à Brookfield d'augmenter ses actifs en projets éoliens et solaires aux Etats-Unis, en Europe et dans d'autres régions dans les prochaines années.

L'entreprise s'est dite "ravie de collaborer avec Microsoft pour répondre à la demande de leurs clients avec la construction d'une capacité dépassant 10,5 GWt en énergie renouvelable", a déclaré Connor Teskey, directeur général de l'unité des énergies renouvelables de Brookfield.

L'échelle de l'accord, près de huit fois plus gros que le plus important accord entreprise signé jusqu'ici en terme d'achat d'énergie renouvelable, vient souligner la montée en puissance de Brookfield ainsi que la capacité d'achat de Microsoft.

Le cadre de l'accord se fonde sur les échanges déjà existants entre les deux groupes, qui vont être étendus plus de 10 fois plus en termes de capacité renouvelable entre 2026 et 2030.

Si l'accord prévoit dans un premier lieu du solaire et de l'éolien, il sera étendu à d'autres technologies permettant de fournir de l'électricité décarbonnée, en particulier lorsque le vent ou le soleil n'en fournira pas suffisamment.

Comme Microsoft, Google, Amazon et Meta figurent désormais parmi les plus grosses entreprises acheteuses d'énergie propre, afin d'atteindre leurs engagements de neutralité carbone.