L'orge australienne et l'appétit chinois, une affaire qui marche à nouveau

Une photo prise le 14 décembre 2020 montre une parcelle d'orge en train d'être récoltée dans une ferme près d'Inverleigh, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Melbourne. (Photo William West AFP)
Une photo prise le 14 décembre 2020 montre une parcelle d'orge en train d'être récoltée dans une ferme près d'Inverleigh, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Melbourne. (Photo William West AFP)
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Publié le Samedi 30 décembre 2023

L'orge australienne et l'appétit chinois, une affaire qui marche à nouveau

  • En raison du retour d'El Niño au-dessus du Pacifique, un phénomène climatique cyclique en général associé à une hausse des températures mondiales, l'Abares prédit une baisse de la production d'orge de 24% pour la campagne 2023-24
  • L'un des grands perdants de cette réconciliation céréalière entre Canberra et Pékin sera sans doute la France, premier pays exportateur européen d'orge

SYDNEY, Australie : Allégée des droits de douane prohibitifs imposés pendant trois ans par Pékin, l'orge australienne, une céréale destinée aussi bien à nourrir les cochons qu'à produire de la bière, s'exporte de nouveau massivement vers la Chine, historiquement son premier acheteur.

Le ministère du Commerce australien se félicitait, début décembre dans un communiqué, que, selon les chiffres des douanes chinoises, Pékin avait importé 314.000 tonnes d'orge australienne, pour une valeur de 139 millions de dollars australiens (environ 85 millions d'euros), depuis la levée en août de droits de douane de 80,5% imposés courant 2020.

Une reprise des échanges saluée par les agriculteurs australiens, soulagés de retrouver un marché qui rapportait avant 2020 près d'un milliard de dollars australiens par an et absorbait plus de 50% des exportations d'orge du pays.

CBH Group, une coopérative rassemblant plus de 3.500 céréaliers d'Australie-Occidentale, a ainsi, «dans les deux mois suivant la réouverture du marché, envoyé deux cargaisons d'orge à la Chine», selon son rapport annuel.

L'hiver diplomatique a duré près de trois ans. En 2018, le gouvernement australien avait exclu le groupe chinois Huawei du réseau 5G du pays, puis demandé en 2020 une enquête internationale sur les origines du Covid-19, initiative que Pékin avait jugée politiquement motivée car émanant d'un proche partenaire des Etats-Unis.

En réponse, la Chine avait imposé des droits de douane élevés sur des exportations australiennes clés, telles que l'orge, le bœuf et le vin, et cessé d'importer du charbon.

- Nouveaux marchés -

Le ralentissement de la croissance économique chinoise a poussé Pékin à rétablir ses relations avec ses partenaires commerciaux. L'Australie, elle, cherchait et trouvait de nouveaux débouchés pour la graminée à longue barbe, dont elle est le troisième producteur mondial, derrière la Russie et la France, faisant jeu égal avec l'Allemagne.

«On a trouvé de nouveaux marchés, notamment au Mexique, où par le biais du partenariat transpacifique, les droits de douane ont été abaissés, alors que préalablement ils étaient de plus de 100%», explique à l'AFP Sean Cole, directeur général par intérim du syndicat professionnel Grain Growers.

«Avec la Chine sortie du tableau, il a fallu nous tourner vers des clients traditionnels du marché fourrager, notamment les pays du Moyen-Orient, où nous exportons depuis plus de vingt ans», ajoute-t-il.

Lyndon Mickel, qui vient d'achever la 23e récolte de sa carrière, sur une exploitation de 6.000 hectares, située près de Beaumont, dans le sud-ouest du pays, où il fait également pousser du blé, du canola (colza OGM) et des pois, a finalement traversé sans encombre cette période.

Car, précise-t-il, la fermeture du marché chinois a entraîné «une réduction des prix, mais nous avons eu deux très bonnes années en termes de récolte, ce qui fait que ce que nous avons perdu en prix, nous l'avons gagné en tonnage».

Mais ces années fastes, avec une production de plus de 14 millions de tonnes lors des deux précédentes campagnes, sont terminées.

- «Un gain supplémentaire» -

En raison du retour d'El Niño au-dessus du Pacifique, un phénomène climatique cyclique en général associé à une hausse des températures mondiales, l'Abares prédit, dans sa dernière note de perspective, une baisse de la production d'orge de 24% pour la campagne 2023-24, à 10,8 millions de tonnes.

Pour Sean Cole, la réouverture du marché chinois tombe à pic.

«Une grande partie de notre orge est classée comme fourragère, vendue moins chère que l'orge brassicole, mais elle reste adaptée à la fabrication de bière en Chine, où ils emploient des méthodes un peu différentes. Ce qui fait qu'on peut en obtenir un meilleur prix», souligne-t-il.

En moyenne, détaille-t-il, l'orge destinée à la Chine est vendue «entre 38 et 40 dollars de plus par tonne (...) que lorsque les droits de douane ont été levés en août. Cela représente un gain supplémentaire de 400 millions de dollars pour l'orge australienne l'année prochaine, même avec une récolte moins importante».

L'un des grands perdants de cette réconciliation céréalière entre Canberra et Pékin sera sans doute la France, premier pays exportateur européen d'orge, qui avait profité de la brouille pour expédier vers la Chine la majorité de sa production.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.