KIEV: La Russie a mené vendredi une vaste série de frappes sur plusieurs villes d'Ukraine, dont la capitale Kiev, avec "un nombre record de missiles", qui ont fait, selon les autorités ukrainiennes, au moins 30 morts et plus de 160 blessés.
La Pologne, pays membre de l'Otan, a affirmé qu'un des missiles russes tirés sur l'Ukraine est brièvement passé dans son espace aérien, près de la frontière, dans la matinée.
"La Russie a utilisé presque tous les types d'armes de son arsenal", a déclaré le président Volodymyr Zelensky, sur le réseau social X.
Selon l'état-major ukrainien, la Russie a tiré près de 160 engins dont des missiles de croisière et des drones explosifs Shahed. La défense antiaérienne est parvenue à abattre 88 missiles et 27 drones.
"Il s'agit de l'attaque de missiles la plus massive", à l'exclusion des premiers jours de la guerre, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée de l'air Iouri Ignat.
"Le monde doit voir que nous avons besoin de plus d'aide et de moyens pour arrêter cette terreur", a plaidé sur Telegram Andriï Iermak, le chef de cabinet de M. Zelensky.
Un propos repris par le président américain Joe Biden, qui a appelé le Congrès, qui refuse pour l'heure d'allouer plus d'argent à Kiev, à "agir sans plus attendre" après ces "bombardements massifs".
"A moins que le Congrès ne prenne des mesures urgentes au cours de la nouvelle année, nous ne serons pas en mesure de continuer à envoyer les armes et les systèmes de défense antiaérienne, indispensables à l'Ukraine pour protéger son peuple", a-t-il averti.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak, dont le pays a annoncé vendredi l'envoi à l'Ukraine d'environ 200 missiles anti-aériens pour renforcer ses défenses, a estimé que ces frappes démontraient que Vladimir Poutine "ne reculera devant rien". La France a condamné une "stratégie de terreur".
Biden appelle le Congrès à agir sans plus attendre après les vastes frappes russes en Ukraine
Le président américain Joe Biden a exhorté vendredi le Congrès à "agir sans plus attendre" après les "bombardements massifs" en Ukraine, les négociations patinant toujours sur la validation d'une gigantesque enveloppe d'aide à Kiev.
"A moins que le Congrès ne prenne des mesures urgentes au cours de la nouvelle année, nous ne serons pas en mesure de continuer à envoyer les armes et les systèmes de défense aérienne, indispensables à l'Ukraine pour protéger son peuple", a averti le dirigeant dans un communiqué.
Moscou a lancé vendredi matin une vaste série de frappes à l'aide de missiles et de drones sur plusieurs villes d'Ukraine, dont la capitale Kiev, qui ont fait au moins 18 morts et 132 blessés, selon les autorités ukrainiennes.
"Face à cette attaque brutale, l'Ukraine a déployé les systèmes de défense aérienne livrés par les Etats-Unis et leurs alliés", a souligné Joe Biden.
"Nous ne pouvons pas laisser tomber l'Ukraine", a-t-il affirmé, exhortant le Congrès à "agir sans plus attendre".
Les élus républicains et démocrates négocient toujours sur la validation de l'enveloppe de 61 milliards de dollars réclamée avec insistance par le président Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Mais près de deux ans après le début d'une guerre qui s'enlise -- et plus de 110 milliards de dollars déjà débloqués par le Congrès -- les républicains, en particulier, ont commencé à trouver la note trop salée.
Ils conditionnent leur soutien à cette nouvelle enveloppe à un durcissement drastique de la politique migratoire américaine, dossier sur lequel les tractations continuent.
En attendant, les Etats-Unis ont débloqué mercredi leur dernière tranche d'aide militaire disponible pour l'Ukraine.
La Maison Blanche a par ailleurs fait état d'un appel entre le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et son homologue polonais Jacek Siewiera sur l'entrée d'un missile russe dans l'espace aérien de ce pays membre de l'Otan.
"Le président Biden suit ce dossier de près", a assuré l'exécutif américain.
«Frappes lâches»
Dénonçant des "frappes lâches", le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a promis que l'UE "se tiendra aux côtés de l'Ukraine, aussi longtemps qu'il le faudra".
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a appelé Moscou à "mettre fin immédiatement à ces attaques" et "à respecter les lois internationales régissant les conflits".
"À l'heure actuelle, 30 personnes ont été tuées et plus de 160 blessées à la suite de l'attaque massive de la Russie sur le territoire ukrainien dans la matinée", a indiqué sur Telegram le ministre de l'Intérieur Igor Klymenko.
La Russie s'est limité à indiquer dans son briefing quotidien que "toutes les cibles ont été atteintes".
Elle a affirmé avoir visé lors de plus de 50 frappes, dont une "d'envergure" en Ukraine entre le 23 et 29 décembre, des infrastructures militaires, dépôts de munitions et lieux de déploiement des soldats ukrainiens.
A Kiev, un hangar de 3.000 m2 a été la proie des flammes dans le quartier de Podil. Une station de métro utilisée comme abri anti-aérien a été endommagée, ainsi que plusieurs immeubles d'habitations et des hangars.
Une maternité de Dnipro a aussi été "gravement endommagée", mais sans victimes, selon le ministère de la Santé.
Missile en Pologne
La Pologne a rapporté de son côté qu'un de ses radars avait repéré dans la matinée qu'un missile russe "a pénétré dans l'espace aérien polonais" avant de le quitter aussitôt en direction de l'Ukraine.
En novembre 2022, un missile ukrainien était tombé sur le village polonais de Przewodow, près de l'Ukraine, tuant deux civils et suscitant brièvement les craintes d'une extension du conflit.
Dans la soirée, le président Zelensky a lui annoncé s'être rendu à Avdiïvka, cité industrielle de l'Est que les troupes russes tentent d'encercler depuis des mois. Il y a remis des décorations à des soldats et évoqué leurs besoins pour continuer à défendre la ville.
La vague de frappes russes vient clore une année difficile pour l'Ukraine, marquée par l'échec de sa contre-offensive estivale et une reprise d'initiative des forces de Moscou, qui ont revendiqué cette semaine la prise de la ville de Marinka sur le front est.
Elles interviennent aussi dans un contexte d'essoufflement de l'aide occidentale à Kiev, tant en Europe qu'aux Etats-Unis, menaçant le pays de manquer de munitions et de fonds.
L'ambassadrice américaine Bridget Brink a estimé jeudi que les besoins financiers de l'Ukraine étaient "critiques et urgents".
Volodymyr Zelensky a exhorté une nouvelle fois jeudi les Etats-Unis à maintenir leur assistance "essentielle", après le déblocage d'une nouvelle tranche de 250 millions de dollars (225 M EUR), la dernière sans un nouveau vote au Congrès américain, qui refuse pour l'instant d'allouer davantage.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a lui mis son veto à une nouvelle enveloppe d'aide de l'UE, un problème que les Européens espèrent régler lors d'un sommet début février 2024.