Argentine: Recours et manifestation contre le «méga-décret» dérégulateur Milei

La police anti-émeute affronte des manifestants après une manifestation convoquée par le Syndicat argentin (CGT) contre le décret d'urgence du président Javier Milei à Buenos Aires le 27 décembre 2023 (Photo, AFP).
La police anti-émeute affronte des manifestants après une manifestation convoquée par le Syndicat argentin (CGT) contre le décret d'urgence du président Javier Milei à Buenos Aires le 27 décembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 décembre 2023

Argentine: Recours et manifestation contre le «méga-décret» dérégulateur Milei

  • Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi à Buenos Aires, donnant lieu à des bousculades avec la police et interpellations
  • Devant le Palais de justice mercredi, les manifestants, à l'appel de plusieurs syndicats dont la grande centrale CGT, accompagnaient le dépôt d'un recours en justice par des syndicats contestant le caractère constitutionnel du «méga-décret» du 20 décembre

BUENOS AIRES: Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi à Buenos Aires, donnant lieu à des bousculades avec la police et interpellations, lors du troisième rassemblement en huit jours contre un décret de dérégulation massive de l'économie par le nouveau président ultralibéral Javier Milei.

En parallèle, le président élu le mois dernier a poursuivi sa révolution "libérale" en envoyant au Parlement, en session extraordinaire depuis mardi et jusqu'à fin janvier, un ensemble de projets ou modifications de lois affectant maints domaines de la sphère publique et privée, du fiscal à l'électoral, au matrimonial, ou au contrôle des manifestations.

Devant le Palais de justice mercredi, les manifestants, à l'appel de plusieurs syndicats dont la grande centrale CGT, accompagnaient le dépôt d'un recours en justice par des syndicats contestant le caractère constitutionnel du "méga-décret" du 20 décembre, comme l'a baptisé la presse.

"Nous ne remettons pas en question la légitimité du président Milei, mais nous voulons qu'il respecte la séparation des pouvoirs. Les travailleurs ont besoin de défendre leurs droits lorsqu'il y a inconstitutionnalité", a déclaré à la presse Gerardo Martinez, dirigeant du syndicat de la construction, l'un des organisateurs.

Le rassemblement s'est dispersé dans le calme après la mi-journée, mais des groupes épars ont continué à faire face à la police, déployée en nombre, qui tentait d'évacuer une avenue, donnant lieu à des bousculades. Sept personnes ont été interpellées pour rébellion, selon plusieurs médias.

Milei a publié la semaine dernière, dix jours après sa prise de fonction un "DNU" (décret de nécessité et d'urgence), qui vise à modifier ou abroger plus de 300 normes, notamment supprimant l'encadrement des loyers, l'intervention de l'Etat pour protéger les prix de produits essentiels, affaiblissant la protection des travailleurs, habilitant des privatisations.

Le décret entre en vigueur vendredi, dans l'attente de sa validation effective par le parlement, qui ne devrait toutefois pas l'examiner dans l'immédiat. Théoriquement en pause estivale, le parlement siège depuis mardi en session extraordinaire, mais seulement pour examiner des projets de lois complémentaires, parallèles au DNU, déposés mercredi.

La représentation nationale a le pouvoir d'abroger ce "décret d'urgence" avec la majorité absolue des deux chambres, ce qu'aucune formation politique ne détient. Le parti de Milei, la Libertad Avanza, n'est que la troisième force, même s'il peut compter avec l'appui du bloc de centre-droit, le deuxième en importance.

"Aujourd'hui nous nous tournons vers la justice, mais un autre chapitre se jouera au parlement, qui devra tenir un débat profond", a souligné Gerardo Martinez.

Projets de lois tous azimuts

Le train de dispositions de plus de 600 articles déposé mercredi, solennellement baptisé "Loi des bases et points de départ pour la liberté des Argentins", vise selon la présidence "à restaurer l'ordre économique et social basé sur la doctrine libérale incarnée dans la Constitution de 1853", en "défense de la vie, de la liberté et de la propriété des Argentins".

Pêle-mêle, il touche au système électoral --visant la suppression les élections primaires obligatoires, coûteuses pour le contribuable selon l’exécutif--,  au régalien, en renforçant les sanctions pénales pour entrave lors de manifestations. Et aux retraites, en prévoyant un mode de calcul automatique "économiquement viable".

Il précise aussi les 41 entreprises publiques -dont le géant pétrolier YPF, la compagnie aérienne Aerolineas Argentinas, la société ferroviaire Ferrocarriles Argentinos- que l'Etat souhaite privatiser. Et "libéralise" aussi la sphère privée, avec l'instauration d'un "divorce express" par simple acte administratif.

Ce train de loi signale l'intention du gouvernement d'avancer sur le terrain parlementaire, tandis qu'un vif débat s'est instauré ces derniers jours entre juristes sur le caractère constitutionnel, ou non, du "méga-décret" du 20 décembre.

Bien effectives en revanche sont les premières mesures d'austérité annoncées dès les premiers jours de la présidence Milei.

Ainsi la dévaluation de plus de 50% du peso, la devise nationale, et la baisse imminente, dès janvier, de subventions aux transports et à l'énergie, vouées à affecter le quotidien de millions d'Argentins. Avec, pour le gouvernement, l'objectif d'une réduction drastique du déficit budgétaire chronique de l'Argentine, engluée dans une inflation à 160% sur un an.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.