La Haine de Mathieu Kassovitz ressort en salles : impressions du réalisateur, 25 ans après

De g à d les acteurs Hubert Kounde, Said Taghmaoudi et Vincent Cassel entourant le réalisateur Mathieu Kassovitz, prix de la mise en scène en 1995, au 48e festival de Cannes, pour « La Haine ». (Gérard Fouet/AFP)
De g à d les acteurs Hubert Kounde, Said Taghmaoudi et Vincent Cassel entourant le réalisateur Mathieu Kassovitz, prix de la mise en scène en 1995, au 48e festival de Cannes, pour « La Haine ». (Gérard Fouet/AFP)
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Publié le Vendredi 31 juillet 2020

La Haine de Mathieu Kassovitz ressort en salles : impressions du réalisateur, 25 ans après

  • Film choc aux thèmes toujours brûlants, La Haine traite de la banlieue et des bavures policières.
  • "C'est extraordinaire d'avoir la chance de faire une œuvre qui dure dans le temps, une œuvre sociale dont le sujet, malheureusement, ne s'émousse pas", souligne Mathieu Kassovitz dans cet entretien

 

PARIS : "Jusqu'ici, tout va bien : 25 ans après, La Haine fait partie de la culture française", se réjouit Mathieu Kassovitz, le réalisateur du film qui ressort en salles. Film choc aux thèmes toujours brûlants, La Haine traite de la banlieue et des bavures policières.

"On est tous des enfants de La Haine ! Si tu aimes le cinéma français, et tout ça, tu as toujours une relation avec ce film, ça fait partie de la vie des gens", estime dans un entretien l'acteur et réalisateur, dont la carrière a explosé avec la sortie de ce film plein de rage, tourné en noir et blanc.

Mathieu Kassovitz, qui revendique "un réalisme pur et dur", y dirigeait le jeune Vincent Cassel et deux autres acteurs, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui, le temps d'une journée sur fond d'émeutes après une bavure policière.

"C'est extraordinaire d'avoir la chance de faire une œuvre qui dure dans le temps, une œuvre sociale dont le sujet, malheureusement, ne s'émousse pas", et dont "tout le monde se réclame un peu : les gens du cinéma comme les gens de la rue", explique-t-il aujourd'hui.

Pour autant, "ce ne sont pas les films qui vont changer le monde", ironise-t-il. Et, de fait, un quart de siècle après, les banlieues souffrent toujours de relégation et la question des violences policières reste brûlante.

Mais "tu vas apporter ta petite pièce qui va permettre que, de génération en génération, peut-être dans 100 ans, dans 200 ans, ou dans 100.000 ans, on va résoudre le problème", espère Mathieu Kassovitz, qui soutient notamment le combat pour la "vérité" d'Assa Traoré, la sœur d'Adama, un jeune homme mort après son interpellation par la gendarmerie en 2016 dans le Val-d'Oise.

"Il y aura toujours des brutalités policières. Le seul truc, c'est qu'il faut qu'on soit conscients, qu'on se rappelle, il faut qu'on apprenne de notre histoire et qu'à un moment on dise ça suffit. C'est ça l'atterrissage", ajoute-t-il.

"Quelque chose d’universel"

"La Haine" a aussi fait son entrée dans la "pop culture", reconnaît celui qui prépare sa déclinaison en comédie musicale, pour l'an prochain. Au-delà de la question de la police, "il y a quelque chose, je ne sais pas pourquoi, d'universel", se réjouit le réalisateur.

En 1995, le film jette "un regard nouveau" sur les jeunes des quartiers : "on ne connaissait pas tout ça à l'époque, il y avait peu de médias, pas Internet. Si tu voulais connaître les banlieues, il fallait soit aller là-bas, soit écouter ce que te disait France 2 le soir. Donc le cinéma, c'était un média d'apprentissage et de reportage".

Succès public avec plus de deux millions d'entrées, "La Haine" ouvrira la voie à une foule de films sur les quartiers populaires et surtout à un cinéma "made in" banlieue, dont la dernière réussite éclatante est "Les Misérables", de Ladj Li, un proche de Mathieu Kassovitz.

Ce n'est pas près de s'arrêter : "Comme le sujet n'est pas fini et qu'on est toujours dans ces problèmes de merde, il est plus important malgré tout de raconter une histoire sociale plutôt qu'une histoire d'amour", tranche-t-il.

Mathieu Kassovitz a vu sa carrière exploser, devenant l'une des personnalités les plus en vue de la fiction française, depuis dix ans plutôt comme acteur. "Je suis aujourd'hui ce que je pensais que je serais quand j'avais 25 ans", se félicite-t-il, à 53 bougies. Il espère retrouver le Bureau des Légendes pour une nouvelle saison. "En 2022 ou 2021 si on n'est pas trop cons".

Repasser derrière la caméra ? "On verra", évacue-t-il, mais "le cinéma a beaucoup changé, moi je suis un peu un dinosaure". "Le problème quand on fait un film qui reste, comme ça, c'est qu'on est bien content d'avoir fait un film qui reste, mais on sait qu'on ne va pas faire mieux".


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com