Algérie-Espagne: les enjeux d’une réconciliation

La ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya (G) et son homologue algérien Sabri Boukadoum se serrent la main après une conférence de presse à Alger le 4 mars 2020. (AFP).
La ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya (G) et son homologue algérien Sabri Boukadoum se serrent la main après une conférence de presse à Alger le 4 mars 2020. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 22 décembre 2023

Algérie-Espagne: les enjeux d’une réconciliation

  • Au cours des trente dernières années, l’Algérie et l’Espagne ont hissé leurs relations bilatérales vers l’excellence
  • Fidèle à sa doctrine politique d’appui aux mouvements anticoloniaux, l’Algérie apporte un soutien constant au peuple sahraoui

PARIS: Après une rupture diplomatique et commerciale qui aura duré dix-neuf mois, Alger et Madrid décident de passer l’éponge. Que s’est-il passé en coulisse?

Au cours des trente dernières années, l’Algérie et l’Espagne ont hissé leurs relations bilatérales vers l’excellence. Cette dynamique s’est brutalement figée le 18 mars 2022 avec la divulgation par le Maroc d’une lettre adressée par le Premier ministre espagnol au roi Mohammed VI. Par cette missive, Pedro Sanchez reconnaît le «Plan d’autonomie marocain» de 2007 – censé résoudre, en interne seulement, le conflit du Sahara occidental. Cette position espagnole, inédite, tranche avec sa neutralité traditionnelle sur la question.

Volte-face

Face à cette volte-face, dès le lendemain, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid, Saïd Moussi. Une façon de renvoyer l’Espagne à ses responsabilités politique, juridique et morale en tant que puissance administrante de ce territoire classé comme «non autonome» par l’ONU – jusqu’au règlement définitif de ce conflit vieux de quarante-huit ans. Fidèle à sa doctrine politique d’appui aux mouvements anticoloniaux, l’Algérie apporte un soutien constant au peuple sahraoui en défendant la tenue d’un référendum d’autodétermination en accord avec les résolutions pertinentes de l’ONU.

La tension est montée d’un cran le 8 juin 2022, lorsque Pedro Sanchez confirme son alignement sur les thèses marocaines devant le Parlement espagnol. Aussitôt, l’Algérie suspend le «Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération» qui lie les deux pays depuis 2002. Toutes les transactions commerciales en provenance et à destination de l’Espagne sont également gelées, à l’exception des livraisons de gaz, soumises à des obligations contractuelles.

Pedro Sanchez a changé de cap au sujet du Sahara occidental. Sans mentionner le «Plan marocain», il plaide pour une solution conforme à la «charte des Nations unies et aux résolutions du Conseil de sécurité».

Cette décision va s’avérer désastreuse pour les échanges commerciaux. Si des entreprises algériennes ont pu – au moins partiellement – se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement, les opérateurs espagnols n’ont eu qu’une faible marge de manœuvre. Selon le Cercle du commerce et d'industrie algéro-espagnol (CCIAE), leur manque à gagner se serait élevé à quelque 4,5 millions de dollars par jour (1 dollar = 0,93 euro). Pour contourner le blocus algérien, certains fabricants espagnols ont délocalisé leur production dans des pays voisins comme le Portugal, la France ou l’Italie, supportant les surcoûts induits. La main tendue de l’Espagne et les pressions exercées par l’Union européenne (UE) en faveur d’une réconciliation resteront sans effet.

Signes de dégel

Les premiers signes de dégel sont finalement apparus en septembre 2023 à New York lors de la 78e session de l'Assemblée générale de l’ONU. Dans les coulisses, Algériens et Espagnols ont de nouveau échangé, espérant une issue positive. Lors de son intervention à la tribune, Pedro Sanchez a changé de cap au sujet du Sahara occidental. Sans mentionner le «Plan marocain», il plaide pour une solution conforme à la «charte des Nations unies et aux résolutions du Conseil de sécurité». Un positionnement favorablement accueilli par Alger, qui apprécie, par ailleurs, l’engagement espagnol en faveur de la création d’un État palestinien.

Le véritable signe de détente viendra un peu plus tard avec la nomination – validée par l’Espagne – d’Abdelfetah Daghmoum comme ambassadeur d’Algérie à Madrid. Ancien numéro deux de cette même ambassade, l’homme est familier des questions bilatérales. Plusieurs autres signaux confortent la volonté des deux pays de retrouver le niveau d'avant-crise, comme la présence d’hommes d’affaires espagnols dans les salons professionnels en Algérie ou la reprise progressive des vols commerciaux.

Cet épisode montre toute la complexité des enjeux géopolitiques dans la région, notamment autour de la question sahraouie. L’hypothèse d’un remake de cette brouille n’est d’ailleurs pas à exclure tant que subsistent les ingrédients de la discorde.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.