Dans les Pyrénées-Orientales, la sécheresse et le plongeon dans l'inconnu

Une vue générale montre le niveau d'étiage du lac Vinca dans la région des Pyrénées-Orientales, dans le sud-ouest de la France, le 9 décembre 2023. (AFP)
Une vue générale montre le niveau d'étiage du lac Vinca dans la région des Pyrénées-Orientales, dans le sud-ouest de la France, le 9 décembre 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 21 décembre 2023

Dans les Pyrénées-Orientales, la sécheresse et le plongeon dans l'inconnu

  • L'absence de pluie est en partie due à la géographie. Si les précipitations viennent de l'ouest, elles sont bloquées par le massif des Pyrénées
  • Il faut s'adapter, réaliser des «économies d'eau drastiques à tous les niveaux», dit un militant écologiste. «On ne peut plus se permettre de remplir sa piscine, de laver sa voiture tous les quatre matins»

VILLENEUVE-DE-LA-RAHO: "Catastrophique", "alarmant", "historique", "inédit"... Dans les Pyrénées-Orientales, il n'y a guère que les épithètes qui pleuvent. Le département le plus au sud de la France continentale est à sec depuis près de deux ans, un record.

En cette mi-décembre, le soleil rasant de la fin d'après-midi rougit les plants de vigne, recroquevillés face aux assauts de la tramontane et ceux, plus insidieux, de l'absence chronique d'eau.

Passant entre les ceps, Marc Chabanol inspecte, inquiet, les branches qui ont à peine poussé cette année, faute d'être irriguées. "Là, c'est parti, mais c'est mort, ça a séché", commente-t-il l'air sombre, en montrant une brindille à peine plus longue que sa main.

Depuis deux ans, cet arboriculteur et vigneron de 26 ans se bat pour sauver de la sécheresse la vigne et les abricotiers qu'il cultive avec son père Dominique à Espira-de-l'Agly, au nord-ouest de Perpignan.

Pas de pluie en Méditerranée 

Pourtant, il pleut ailleurs, et pas qu'un peu. "Depuis le milieu du mois d'octobre, la France est arrosée copieusement", décrit Simon Mittelberger, climatologue à Météo France. A une exception près: le pourtour méditerranéen.

Dans les Pyrénées-Orientales, la sécheresse dure depuis 2021, rappelle-t-il. Après un déficit "historique" de pluie l'an dernier, 2023 devrait être à peine mieux rincée. Deux années exceptionnellement sèches d'affilée pour ce département, c'est du jamais vu.

La terre est totalement desséchée. "En plein mois de février 2023, les sols avaient un degré d'humidité comparable à celui d'un mois d'août", se souvient M. Mittelberger. Aujourd'hui, ils sont aussi arides qu'à la fin de l'été.

Les mesures de restriction sur l'usage de l'eau, en vigueur depuis le printemps 2022, ont encore été renforcées et prolongées jusqu'au 1er février.

Contraint à la rationner, Marc Chabanol a dû faire des choix. Sur six hectares d'abricots, il n'en a arrosé que trois. Le reste n'a donné aucun fruit, et certaines parcelles ont été sacrifiées. "Sur une petite exploitation comme la nôtre, c'est une énorme perte", soupire-t-il.

Le pire, c'est l'incertitude. Les arbres restants, déjà malmenés, survivront-ils à de nouvelles privations? "Pour l'année prochaine, ça ne présage rien de bon, parce qu'il ne pleut toujours pas", lâche l'arboriculteur aux larges épaules un peu voûtées par le souci.

Les nappes «n'en peuvent plus»

L'absence de pluie est en partie due à la géographie. Si les précipitations viennent de l'ouest, elles sont bloquées par le massif des Pyrénées.

Mais le dérèglement climatique joue aussi un rôle. Sur le pourtour méditerranéen, "on s'attend à une baisse des précipitations dans le contexte du changement climatique", prévient le climatologue Simon Mittelberger.

L'hydrogéologue Henri Got, 84 ans et petites lunettes cerclées sur le nez, regarde le lac de Villeneuve-de-la-Raho, retenue destinée principalement à l'usage agricole, vidée aux deux tiers par la sécheresse.

La situation des nappes phréatiques du département est "catastrophique", grimace-t-il. "Elles n'en peuvent plus. (...) Je ne sais pas comment on va attaquer l'été."

Derrière lui, se dresse le pic du Canigou. Plus haut sommet du département, il assume un rôle de château d'eau en restituant au compte-gouttes, à l'arrivée du printemps et de l'été, l'eau de la fonte des neiges. Sa cime, hélas, n'est pour l'instant qu'à peine blanchie.

A 25 kilomètres de là, un pont de la commune de Rivesaltes enjambe la rivière Agly... ou ce qu'il en reste. Le cours d'eau est à sec depuis le printemps. Se tenant au milieu de son lit, Eric Le Balier, militant écologiste d'Alternatiba 66, énumère des solutions.

Il faut s'adapter, réaliser des "économies d'eau drastiques à tous les niveaux", dit-il. "On ne peut plus se permettre de remplir sa piscine, de laver sa voiture tous les quatre matins."

"L'ère de l'eau gratuite est terminée", abonde Henri Got, qui appelle à un changement "radical" des pratiques.

Les deux hommes citent l'exemple de Barcelone, soeur catalane de Perpignan, qui multiplie les initiatives: réutilisation des eaux usées pour l'agriculture, usine de dessalement de l'eau de mer, importation d'eau douce depuis le Rhône par tanker... Autant d'idées qu'il faudra bien se résoudre à envisager de ce côté des Pyrénées.

Au crépuscule, les troncs des abricotiers tronçonnés de Marc Chabanol se dressent, hirsutes. Certains refusent de mourir: s'y accrochent des pousses vertes qui pourraient passer l'hiver si la pluie daignait tomber.


Madagascar: Macron annonce la signature d'accords économiques ambitieux

Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs accords importants seront scellés" lors de cette visite, citant "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme"
  • "La France a toujours été proche de Madagascar", a renchéri Andry Rajoelina, en souhaitant qu'elle "s'investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-Etat de l'océan Indien

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo.

Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs accords importants seront scellés" lors de cette visite, citant "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme".

"La France a toujours été proche de Madagascar", a renchéri Andry Rajoelina, en souhaitant qu'elle "s'investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-Etat de l'océan Indien.

Emmanuel Macron a annoncé un accompagnement financier de l'Agence française développement (AFD) ainsi qu'un prêt du Trésor français pour la réalisation d'un barrage hydroélectrique à Volobe, dans l'Est du pays, dans les tuyaux depuis près d'une décennie.

Un accord devrait aussi être signé pour l'entrée du géant de l'électricité français EDF au capital de la Compagnie générale d'hydroélectricité (CGHV) malgache, a appris l'AFP auprès d'une source proche des discussions.

Alors que la France était le premier client et troisième fournisseur de Madagascar en 2024, Emmanuel Macron a évoqué un "accompagnement financier" et un "soutien technique" pour la rénovation de voies ferroviaires, ainsi que "des accords importants en termes de sécurisation des apports en blé".

Il a aussi souhaité un "partenariat en matière de terres rares stratégiques", ces métaux nécessaires aux technologies de la transition énergétique que l'île a dans son sous-sol.

Accompagné de son épouse Brigitte, il est aussi venu renforcer la place de la France dans l'océan Indien, en dépit de contentieux persistants hérités de la colonisation.

C'est le premier président français depuis Jacques Chirac en 2005 à se rendre dans l'ancienne colonie qui compte 30 millions d'habitants.

La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie dans cette partie du monde, entend consolider son statut de puissance régionale.

Mémoire 

Madagascar revendique les îles Eparses tout comme les Comores revendiquent l'archipel de Mayotte. Ces deux territoires français occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, une voie de transit majeure pour le commerce international, riche en hydrocarbures.

"Ces demandes de rétrocession, c'est un enjeu d'identité nationale, d'accès aux ressources et un moyen de pression pour obtenir autre chose" de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l'université Paris-Nanterre.

Les îles Éparses seront "évoquées", a indiqué l'Elysée. Paris privilégie une solution de type "cogestion". Des souverainistes malgaches souhaitent à l'inverse que le président Rajoelina remette la question de la rétrocession sur la table, comme celle obtenue des Britanniques par l'île Maurice pour l'archipel des Chagos en 2024.

La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au coeur de la relation franco-malgache. Le président Macron s'est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels.

Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l'occasion de la visite.

Des descendants du roi s'opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a demandé aussi que le tombeau du roi, récemment profané, soit restauré avant d'accueillir dignement les restes humains.

Les Malgaches réclament des gestes mémoriels plus forts de Paris. Comme la mise en place "d'une commission pour faire toute la lumière sur ce qu'on appelle les violences coloniales", relève Jeannot Rasoloarison, historien à l'université d'Antananarivo.

Le président français défendra jeudi l'intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l'océan Indien (COI), à l'occasion du cinquième sommet de l'organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.

"La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI", a martelé lundi le président à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd'hui représenté.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
Short Url
  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
Short Url
  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.