Campagne #AbandonBiden ou l’influence politique des Américains arabes et musulmans

L’administration de Joe Biden a refusé d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza, fournissant à Israël des milliards de dollars en soutien financier et en armement militaire. (AFP)
L’administration de Joe Biden a refusé d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza, fournissant à Israël des milliards de dollars en soutien financier et en armement militaire. (AFP)
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

Campagne #AbandonBiden ou l’influence politique des Américains arabes et musulmans

  • Le mouvement #AbandonBiden cible les «swing states» critiques dans lesquels Joe Biden a battu de peu Donald Trump
  • La communauté arabe et musulmane compte d’importantes populations électorales dans ces États, notamment le Michigan, le Minnesota, l’Arizona, le Wisconsin, la Géorgie, le Nevada et la Pennsylvanie

Un responsable de la campagne «#AbandonBiden» exhorte les Américains arabes et musulmans à voter «contre» le président Joe Biden lors des prochaines élections. Selon lui, l’objectif serait de donner du pouvoir à la communauté en tant que bloc électoral, mais aussi de montrer aux démocrates qu’elle «ne serait pas considérée comme acquise».

Le professeur Hassan Abdel Salam de l’université du Minnesota, l’un des dirigeants de ce nouveau mouvement – créé en réponse à l’adhésion de M. Biden au carnage aveugle du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, contre les Palestiniens dans la bande de Gaza –, déclare que la campagne représentait un «tournant» dans le monde arabe et l’Histoire politique musulmane américaine.

M. Salam explique à Arab News que l’objectif est de montrer au Parti démocrate, «qui a tenu pour acquis les électeurs arabes et musulmans américains», que l’appel de la communauté à la fin de la guerre israélienne contre Gaza doit être pris plus au sérieux.

«Nous pensons qu’après soixante jours de cette attaque généralisée menée par l’État d’Israël, il ne nous reste aucun autre choix. Nous ne voterons pas pour Joe Biden s’il est sur la liste. Et même si un cessez-le-feu est demandé, nous ne pourrons jamais récompenser ce genre de comportement», indique Hassan Abdel Salam, soulignant que le mouvement ne soutient ni l’ancien président, Donald Trump, ni aucun autre candidat.

«C’est l’occasion d’adresser un message clair à la Maison-Blanche, mais aussi de mettre en lumière la puissance du vote arabe et musulman américain, de sorte que nous n’ayons pas à faire tout cela à long terme. Après ces événements, on nous prendra au sérieux. Nous exigeons l’arrêt des massacres, ce qui est censé être un principe fondamental du Parti démocrate.»

#AbandonBiden cible les «swing states» lesquels Biden a battuTrump

M. Salam soutient que si les Américains arabes et musulmans constituent une «menace politique crédible» pour M. Biden, alors, à l’avenir, et sur la question de l’occupation, «nous serons entendus et la politique évoluera en faveur de la dignité et de la valeur de l’existence».

Le mouvement #AbandonBiden cible les «swing states» critiques dans lesquels Joe Biden a battu de peu Donald Trump. La communauté arabe et musulmane compte d’importantes populations électorales dans ces États, notamment le Michigan, le Minnesota, l’Arizona, le Wisconsin, la Géorgie, le Nevada et la Pennsylvanie.

À titre d’exemple, M. Biden a battu M. Trump au Michigan par seulement 154 188 voix en 2020; au Minnesota, par 233 012 voix; en Arizona, par 10 457 voix; au Wisconsin, par 20 682 voix; en Géorgie, par 11 779 voix; au Nevada, par 33 596 voix et en Pennsylvanie par 81 660 voix.

Le mouvement #AbandonBiden cible également les États dans lesquels Joe Biden bénéficiait d’un soutien important, notamment l’Illinois, ainsi que la Floride, où Donald Trump avait une importante avance par rapport à M. Biden, le battant par 371 686 voix.

Hassan Abdel Salam affirme que l’unité des 7 millions de musulmans et des 4 millions d’Arabes des États-Unis pourrait «avoir une grande incidence» sur l’élection présidentielle de 2024.

Il explique que l’objectif n’est pas d’adopter une «approche à court terme» de la politique américaine. Il souligne que le groupe ne soutient pas M. Trump ou d’autres candidats. Les Américains arabes et musulmans «ne doivent pas être tenus pour acquis» par l’administration Biden ou tout autre président.

«Il est inimaginable pour nous de voter de nouveau pour Joe Biden. Lorsque nous tenions ces conférences de presse appelant les Arabes et les musulmans à boycotter M. Biden, des personnes qui faisaient part de la position de la Maison-Blanche nous ont dit que ce n’était qu’une crise de colère et que nous finirions par nous tourner de nouveau vers Joe Biden en novembre», précise M. Salam.

«Ce n’est nullement une crise de colère. Il ne s’agit pas de politique. Il s’agit de valoriser la vie. On nous a toujours dit d’éviter le pire. Donald Trump n’a pas permis aux membres de notre famille d’entrer dans le pays. Mais M. Biden a permis que nos amis et notre famille soient tués.»

Hassan Abdel Salam soutient que l’administration Biden n’a pas réussi à secourir les Américains arabes et musulmans pris dans le piège de la guerre israélienne contre Gaza, tout en affirmant que la sécurité des Américains était une priorité.

«Nous devons considérer cela comme un moyen d’accroître la position de pouvoir des Américains arabes et musulmans. Si nous votons pour Joe Biden, qu’est-ce que cela dit sur nous et nos convictions? Que tout cela n’est pas important?» M. Salam soutient que la communauté ne se laissera pas décourager par les promesses creuses des alliés de M. Biden.

«De très hauts fonctionnaires, envoyés par la Maison-Blanche, nous ont suppliés de mettre fin à la conférence au Michigan. Ils reconnaissent la menace politique qu’elle constitue.»

#AbandonBiden veut rassembler la communauté arabo-musulmane américaine

Les organisateurs de la campagne #AbandonBiden espèrent rassembler la communauté arabo-musulmane américaine afin que les démocrates et les autres partis politiques prennent conscience de leur pouvoir dans une nation qui a le plus d’influence sur Israël.

«Nous ne soutenons pas Donald Trump dans ce processus», réitère Hassan Abdel Salam, soulignant que l’élection présidentielle a lieu tous les quatre ans aux États-Unis et que les candidats vont et viennent.

«Ce n’est pas seulement un message adressé au Parti démocrate ou à M. Biden. Il s’agit du retour des Arabes et des musulmans aux États-Unis. Aucun des deux partis ne fera plus jamais fi de notre présence. Les Américains musulmans et les Américains arabes pourraient en réalité être les personnes les plus influentes de la planète lorsqu’il s’agit du Moyen-Orient et favoriser ainsi le changement de la politique étrangère américaine à l’égard d’Israël. Joe Biden a créé l’environnement propice pour qu’Israël puisse commettre ces actes en toute impunité.»

La campagne #AbandonBiden a été programmée dans le Michigan au cours des premières semaines suivant l’assaut israélien sur Gaza, à la suite de l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre. C’est à ce moment-là que l’administration Biden a refusé d’appeler à un cessez-le-feu et a fourni non seulement des milliards de dollars (1 dollar = 0,91 euro) de soutien financier, mais également des armements militaires qui ont été utilisés pour tuer des Arabes et des musulmans à Gaza.

«La manière dont nous abordons cette question est sans précédent dans l’Histoire. C’est un moment historique où il convient d’agir immédiatement pour changer notre conception du fonctionnement du système politique», indique M. Salam.

«Nous venons de swing states et nous allons nous unir pour montrer à la Maison-Blanche que les Américains musulmans et les Américains arabes sont américains. Nous avons le pouvoir et la capacité de déterminer qui sera président.»

Hassan Abdel Salam soutient que ce mouvement n’est ni «anti-israélien» ni «antijuif», mais qu'il vise plutôt à empêcher le meurtre aveugle de civils innocents, qu'ils soient musulmans, chrétiens ou juifs.

Les rassemblements de la campagne #AbandonBiden sont organisés dans les villes d’États essentiels et ils se poursuivront tout au long de l’année prochaine. Ils ciblent les élections primaires démocrates et ils culmineront avec l’élection présidentielle du 5 novembre 2024. Les mots #AbandonBiden ont été bien mis en évidence lors de plusieurs grandes manifestations à travers le pays au cours des deux derniers mois.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »