A l'approche de Noël, le déchirement des parents qui ont perdu un enfant

Caroline Tejero allume une bougie dans une chapelle lors d'un week-end familial organisé par l'ONG Point-Rose pour les familles ayant perdu un enfant, à Gémenos, dans le sud de la France, le 17 décembre 2023 (Photo par Isabelle WESSELINGH / AFP).
Caroline Tejero allume une bougie dans une chapelle lors d'un week-end familial organisé par l'ONG Point-Rose pour les familles ayant perdu un enfant, à Gémenos, dans le sud de la France, le 17 décembre 2023 (Photo par Isabelle WESSELINGH / AFP).
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

A l'approche de Noël, le déchirement des parents qui ont perdu un enfant

  • Christelle, Caroline et Nathalie tentent de faire le deuil en ne laissant pas la souffrance engloutir la beauté, la générosité et la vie
  • Christelle et Caroline ont ainsi organisé des courses caritatives

GEMENOS: Cette année, Caroline Tejero et Nathalie Doleans n'ont pas eu le coeur à "faire le sapin". Chacune a perdu, récemment, un fils d'une vingtaine d'années. Comme pour d'autres parents confrontés à la mort d'un enfant, Noël tient du déchirement.

"Décembre pour moi, c'est la double peine", confie à l'AFP Caroline Tejero, fine silhouette aux longs cheveux blonds, podologue à Nîmes.

Son fils Clément, passionné de sport, étudiant à la prestigieuse école de commerce de l'Essec, s'est tué dans un accident de voiture le 14 novembre 2022 en Argentine, où il étudiait pour un semestre. Il avait 23 ans.

Le mois de décembre a vu passer son anniversaire, le 13, et maintenant arrive Noël, cette fête qui, pour leur petite famille - Clément, son frère Tristan et leurs parents - avait toujours été synonyme de "jardin illuminé, de musiques de Noël à fond dans la maison, de chocolat chaud et de chamallows", raconte Caroline.

"Pour moi, Noël maintenant c'est un déchirement. Quand je vois les décos, j'en ai des frissons parce que chaque année, on allait ensemble choisir notre sapin...", poursuit-elle.

Cette année la famille évitera la maison familiale et ses souvenirs à Bernis (Gard) pour se "réfugier" chez la soeur de Caroline, à Lyon.

Nathalie Doleans, infirmière, cheveux ondulés autour d'un visage rond, a aussi recours à la stratégie de l'évitement: "On voit les décos de Noël de plus en plus tôt dans les magasins, j'évite ces rayons".

La famille ira à Rouen, chez des proches, pour ne pas rester dans sa maison de Vestric-et-Candiac (Gard), celle où Théo, 21 ans, a passé son dernier Noël l'année dernière, hospitalisé à domicile en raison d'un cancer qui l'a emporté le 21 janvier 2023.

"Avant, on avait hâte que Noël arrive, on se donnait les cadeaux dans des chaussures sous le sapin. Aujourd'hui c'est une période très compliquée, c'est censé être une fête joyeuse, mais nous on souffre".

Plus de 6 090 jeunes de moins de 25 ans sont morts en France en 2020, selon les derniers chiffres de l'Institut national des statistiques (Insee).

«Bulle de douceur»

Malgré la douleur, Nathalie, Caroline et une trentaine de parents se sont retrouvés mi-décembre dans les collines de Provence, à Gémenos (Bouches-du-Rhône), pour un "week-end de Noël", à l'initiative de l'association "Le point rose" qui soutient les familles ayant perdu un enfant.

Au programme, groupes de parole, balades en forêt, accès à des thérapeutes, visite d'une chapelle avec de rares ex-voto en bois du XVIIIe siècle, ateliers créatifs pour les enfants, concert...

"Nous créons une bulle de douceur pour que les parents puissent penser Noël, qu'ils puissent toujours se reconnecter à la magie de ce moment, tout en sentant qu'ils ne sont pas décalés puisqu'ils sont avec d'autres familles dans la même situation", explique Nathalie Paoli, co-fondatrice du Point rose.

Nathalie, cette "fée qui nous donne tellement" selon un parent, a perdu sa fille Carla-Marie, qui aimait tant les chevaux et les coquelicots, à l'âge de neuf ans.

"Ici, on peut rire, mais aussi pleurer, on n'a pas besoin de mettre le masque du +tout va bien"+, apprécie Caroline. Et les discussions au Point rose donnent des clés pour passer des périodes compliquées comme Noël.

Christelle Ghezzi-Monnet, qui travaille dans une entreprise familiale de menuiserie, a perdu un de ses trois fils, Mathis, 16 ans, dans un accident de ski en 2019. Il rêvait d'être journaliste sportif. Son mari fait toujours le sapin, "car on veut que nos deux autres fils aient toujours un Noël". Elle, met toujours trois cadeaux au bas de l'arbre, le coeur serré.

La deuxième année, elle a apporté au repas de famille une bougie et une photo de Mathis. Et une année la famille a lancé dans le ciel nocturne des lanternes en pensant à Mathis: "C'était un beau moment de Noël, on n'est pas que dans la tristesse".

Christelle, Caroline et Nathalie tentent de faire le deuil en ne laissant pas la souffrance engloutir la beauté, la générosité et la vie.

Christelle et Caroline ont ainsi organisé des courses caritatives. Et Nathalie tente de réaliser des rêves de Théo, même les plus compliqués, comme rencontrer la star du football français Kylian Mbappé: "Si cela se fait un jour, ce serait un beau cadeau de Noël".


Un homme armé tentant de mettre le feu à une synagogue à Rouen tué par la police

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X. (Reuters).
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  • Les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", a indiqué une source policière
  • "L'homme était armé d'un couteau et d'une barre de fer, il s'est approché des policiers qui ont tiré, l'individu est décédé", a précisé à l'AFP une source proche du dossier

PARIS: Un homme armé qui tentait vendredi matin de mettre le feu à une synagogue à Rouen, dans le nord-ouest de la France, a été tué par la police, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Les policiers sont "intervenus sur un signalement de dégagement de fumée près de la synagogue", a indiqué une source policière.

"L'homme était armé d'un couteau et d'une barre de fer, il s'est approché des policiers qui ont tiré, l'individu est décédé", a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

"A Rouen, les policiers nationaux ont neutralisé tôt ce matin un individu armé souhaitant manifestement mettre le feu à la synagogue de la ville. Je les félicite pour leur réactivité et leur courage", écrit M. Darmanin sur X.


Des Français musulmans s'exilent à l'étranger, fuyant la « morosité ambiante »

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes". (AFP).
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  • Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ
  • Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre

PARIS: Après avoir échoué à 50 entretiens d'embauche pour un job de consultant, en dépit de ses qualifications et diplômes, Adam, Français de confession musulmane, a fait ses valises pour commencer une nouvelle vie à Dubaï.

"Je me sens beaucoup mieux ici qu'en France", estime désormais ce trentenaire d'origine nord-africaine.

"Ici on est tous égaux. On peut avoir comme patron une personne indienne, une personne arabe, un Français", témoigne-t-il à l'AFP, ajoutant que sa religion est "plus acceptée".

Une étude de sociologie publiée le mois dernier rapporte que des Français de culture musulmane, hautement qualifiés, souvent issus de l'immigration, quittent la France pour un nouveau départ dans des villes telles que Londres, New York, Montréal ou Dubaï.

Sur plus de 1.000 personnes répondant à un questionnaire relayé par l'intermédiaire de réseaux militants, 71% ont cité le racisme ou les discriminations pour expliquer ce choix, selon cette enquête, intitulée "La France, tu l'aimes mais tu la quittes".

En France, "vous devez faire deux fois plus d'efforts quand vous venez de certaines minorités", reprend Adam, qui ne donne pas son nom de famille, comme tous ceux interrogés par l'AFP.

Ses amis, sa famille, la culture française lui manquent, mais il raconte avoir fui "l'islamophobie" et le "racisme systémique" entraînant des contrôles policiers à répétition à son encontre.

'Plafond de verre'

La France, ancienne puissance coloniale et pays d'immigration, compte une importante population d'origine maghrébine et africaine.

Les enfants d'immigrés venus chercher une vie meilleure ou appelés à constituer une main d'oeuvre bon marché dans les années 60 sont Français. Mais nombre d'entre eux se sentent étrangers dans leur propre pays, considérés comme des "citoyens de seconde zone". En particulier depuis les attentats jihadistes de 2015 en France.

"Le climat en France s’est largement dégradé. En tant que musulman on est pointé du doigt", estime sous couvert de l'anonymat un banquier franco-algérien de trente ans, qui s'apprête à quitter son pays en juin, direction Dubaï.

Il évoque notamment certaines chaînes d'info et éditorialistes assimilant tous les musulmans à des extrémistes religieux ou des fauteurs de troubles.

Ce fils d'une femme de ménage algérienne, titulaire de deux masters, estime en outre s'être heurté à un "plafond de verre" dans son parcours professionnel en France.

En France, les statistiques ethniques et religieuses sont interdites. Mais de nombreuses enquêtes documentent depuis des années les discriminations frappant les personnes d'origine immigrée dans la recherche d'emploi, de logement, les contrôles policiers...

Un candidat au nom français a près de 50% de chances supplémentaires d’être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin, rappelle ainsi l'Observatoire des inégalités dans son rapport 2023.

'Morosité'

Le rapport très particulier de la France à la laïcité, les polémiques récurrentes sur le voile musulman, provoquent aussi le malaise chez certains.

"Il y a une vraie spécificité française sur cette question. Dans notre pays, une femme qui porte le voile est reléguée à la marge de la société et il lui est notamment très difficile de trouver un emploi. Des femmes portant le hidjab qui veulent travailler sont donc assez logiquement amenées à quitter la France", explique Olivier Esteves, l'un des auteurs de l'étude, au Monde.

"On étouffe en France", raconte à l'AFP un Français de 33 ans d'origine marocaine, qui s'apprête à émigrer en Asie du sud-est avec sa femme enceinte, "pour vivre dans une société plus apaisée et où les communautés savent vivre ensemble".

Cet employé dans la tech veut fuir "la morosité ambiante" et les "humiliations" du quotidien liées à son patronyme et ses origines.

"On me demande encore aujourd’hui ce que je fais dans ma résidence", où il vit depuis plusieurs années. "Et c’est pareil pour ma mère quand elle me visite. Mais ma femme qui est blanche de peau n’a jamais eu cette question", raconte-t-il.

"Cette humiliation constante est d’autant plus frustrante que je contribue net à cette société en faisant partie des hauts revenus qui paient plein pot", s'insurge-t-il.

Paradoxalement, la société française est pourtant "plus ouverte qu'il y a vingt ans" et "le racisme recule", souligne le dernier rapport annuel de l'Observatoire des inégalités, notant que 60% des Français déclarent n'être "pas du tout racistes", soit deux fois plus qu'il y a 20 ans.

Et la part de ceux qui pensent qu’il y a des "races supérieures à d’autres" a été divisée par trois, de 14% à 5%.


Les députés érigent l'agriculture en « intérêt général majeur »

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  • "La protection, la valorisation et le développement de l'agriculture et de la pêche sont d'intérêt général majeur en tant qu'ils garantissent la souveraineté agricole et alimentaire de la Nation, qui contribue à la défense de ses intérêts fondamentaux"
  • L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture, alors que la colère des agriculteurs battait son plein

PARIS: Les députés ont approuvé jeudi un article du projet de loi agricole qui prévoit de conférer à l'agriculture un caractère "d'intérêt général majeur", une innovation juridique censée répondre à une demande des agriculteurs, mais dont les oppositions contestent la portée.

"La protection, la valorisation et le développement de l'agriculture et de la pêche sont d'intérêt général majeur en tant qu'ils garantissent la souveraineté agricole et alimentaire de la Nation, qui contribue à la défense de ses intérêts fondamentaux", énonce cet article-clé du projet de loi.

L'engagement avait été pris par Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture, alors que la colère des agriculteurs battait son plein. "Sur le plan juridique, ça positionne l'agriculture en équilibre avec l'environnement", avait approuvé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, premier syndicat agricole.

"Cela va venir produire, sur le long terme, des effets dans la manière dont vont pouvoir être pondérés différents objectifs de politiques publiques, et dans la manière dont, sur le terrain, des projets agricoles pourront être évalués, réalisés et développés", a affirmé le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau.

Plusieurs députés -- à l'instar de juristes --, doutent cependant de sa portée.

La mesure "crée le fantasme d'une remise en cause de la charte de l'environnement" et "donne l'illusion au monde paysan qu'on a répondu de façon démagogique à toutes ces attentes d'être au-dessus du reste des normes, du droit", a fustigé Dominique Potier (PS).

Nicole Le Peih, rapporteure Renaissance, a admis qu'il s'agissait d'une "innovation juridique" qui ne "modifie pas la hiérarchie des normes".

"Il n'y a pas de remise en cause du principe constitutionnel de la protection de l'environnement" mais "lorsque plusieurs dispositions législatives seront en présence, voire seront contradictoires, l'agriculture fera désormais l'objet d'une attention spécifique", a-t-elle soutenu.

« Intentions »

L'article propose également une longue définition de la souveraineté alimentaire et agricole de la France, reposant notamment sur sa capacité à "produire, transformer et distribuer" les produits nécessaires à "une alimentation suffisante, saine (et) sûre".

Il pose aussi le principe "d'ici au 1er juillet 2025 puis tous les dix ans d'une programmation pluriannuelle de l'agriculture".

Le reste consiste surtout en une longue liste de bonnes pratiques que les politiques publiques sont censées suivre pour assurer cette "souveraineté alimentaire".

L'article a surtout permis à chaque groupe de faire valoir sa vision de l'agriculture, et au camp présidentiel de jouer la carte de la co-construction.

Il a intégré certains objectifs proposés par Les Républicains (justifier et évaluer les surtranspositions avant de les mettre en place, valoriser les agricultrices) ou la gauche (améliorer les conditions de travail des agriculteurs, développer la prévention sanitaire).

Mais l'article "n'a aucune valeur normative" et n'apporte "aucune contrainte", a déploré Sébastien Jumel (PCF). Aurélie Trouvé (LFI), a dénoncé l'absence de mesures pour des "prix planchers".

"C'est caricatural", a rétorqué Henri Alfandari (Horizons), estimant que les agriculteurs demandaient aussi de la clarté sur leurs missions. L'article pose des "intentions qui encouragent", pour Julien Dive (LR).

Les députés RN ont eux fustigé le manque de soutien à leurs amendements.

Les règles de la procédure parlementaire ont aussi donné lieu à une fin de séance kafkaïenne, les députés passant près d'une heure et demie à voter ou rejeter près de 560 amendements, dont certains avaient été débattus de nombreuses heures auparavant.

"C'était complètement dingue", soupirait une députée en sortant, mi-amusée, mi-fatiguée.