PARIS: Séries, films et musique pèsent sur le portefeuille: les plateformes de streaming ont globalement augmenté leurs tarifs cette année, même si des alternatives sont proposées pour la vidéo, via de nouvelles offres moins chères avec publicité.
"Cette augmentation des prix a un effet très néfaste sur le ressenti des utilisateurs", dit à l'AFP Camille Gruhier, journaliste à Que Choisir, le magazine de l'association de consommateurs UFC.
Entre audio et vidéo, les choses sont toutefois différentes.
Du côté des plateformes musicales, on observe des hausses sèches.
Après Apple Music fin 2022, Spotify a franchi en juillet la barre des 10 euros par mois pour l'abonnement individuel, en passant de 9,99 à 10,99 euros. Deezer est monté à 11,99 euros en septembre.
Pour le streaming vidéo, "c'est beaucoup plus subtil", souligne Philippe Bailly, directeur du cabinet spécialisé NPA Conseil.
Les principales plateformes ont redessiné leur offre sur une tendance globalement à la hausse, mais en proposant aussi de nouvelles formules moins chères avec publicité.
«Besoin de rentabilité»
Le leader, Netflix, vient de supprimer sa formule Essentiel à 10,99 euros par mois. Pour voir du contenu sans publicité, les abonnés doivent désormais payer au moins les 13,49 euros mensuels de l'offre Standard, contre 5,99 pour l'offre avec pub, disponible depuis novembre 2022.
De son côté, Disney+ a basculé en novembre ses abonnés sur une nouvelle offre, Premium, à 11,99 euros par mois, soit 3 de plus que l'ancienne. Pour revenir à 8,99 euros, il faut souscrire une nouvelle offre baptisée Standard.
Cela s'est accompagné du lancement d'une formule avec publicité, à 5,99 euros mensuels.
Enfin, Prime Video, la plateforme du géant du commerce en ligne Amazon, introduira des pubs dans ses contenus en 2024. Pour les éviter, il faudra payer un surplus (2,99 dollars par mois aux États-Unis, le tarif ailleurs n'est pas encore connu).
Parallèlement, Netflix comme Disney+ ont durci leur politique concernant le partage des mots de passe entre utilisateurs.
"La généralisation des offres pas chères avec pub remet en question le modèle des plateformes, puisque l'absence de pub était l'un des gros avantages", estime Camille Gruhier.
Avec 4 minutes de pub par heure environ, "on n'est quand même pas dans un envahissement", tempère Philippe Bailly.
Pour cet expert, toutes ces nouvelles offres répondent à "un besoin de rentabilité": "Netflix est le seul acteur avec des comptes à l'équilibre, mais avec une grosse dette à rembourser."
"Les offres avec pub ont l'avantage de rouvrir le marché vers le bas et permettre à des gens qui ne s'abonnaient pas de le faire", poursuit-il.
Mais Philippe Bailly pointe un "risque de cannibalisation": le fait que des abonnés classiques basculent vers une offre avec pub pour payer moins cher.
Pour les plateformes, "ça doit être une hantise", sourit le spécialiste.
Covoiturage
Autre risque, le désabonnement. "Ceux qui ont plusieurs abonnements peuvent se dire: +Est-ce que j'ai vraiment besoin de trois plateformes?+", relève Camille Gruhier.
Selon une étude du régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom, la dépense moyenne pour la consommation de contenus culturels et sportifs dématérialisés a connu une forte hausse cette année en France, passant de 32 à 38 euros par mois.
C'est dans ce contexte que TF1 lancera le 8 janvier sa nouvelle plateforme gratuite, TF1+.
Et d'autres acteurs veulent profiter de l'inflation générale. Créée en 2019, Spliiit permet de partager des abonnements aux plateformes, et donc de réduire ses dépenses.
Son principe: si un utilisateur a un abonnement qui permet quatre connexions mais qu'il n'en utilise que deux, il propose les deux restantes sur Spliiit. D'autres peuvent les utiliser en reversant une participation financière.
"C'est très cadré, tout est parfaitement légal", assure à l'AFP le cofondateur de Spliiit, Guillaume Lochard, qui compare cela à du covoiturage.
Sa société a gagné l'an dernier en référé contre Apple, Disney et Netflix, qui la poursuivaient en justice. Une procédure sur le fond est en cours.