En 2020, Israël entre dans le Golfe par la grande porte

De gauche à droite, le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdullatif al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Président des Etats-Unis Donald Trump et le ministre émirati des Affaires étrangères Abdullah ben Zayed Al-Nahyan, posent après la signature des accords d’Abraham, le 15 septembre à Washington (Photo, AFP).
De gauche à droite, le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdullatif al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Président des Etats-Unis Donald Trump et le ministre émirati des Affaires étrangères Abdullah ben Zayed Al-Nahyan, posent après la signature des accords d’Abraham, le 15 septembre à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 28 décembre 2020

En 2020, Israël entre dans le Golfe par la grande porte

  • L’hostilité partagée pour l’Iran est probablement la principale cause d’un tel rapprochement
  • Les accords signés consacrent une situation gagnant/gagnant pour toutes les parties

BEYROUTH: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a fini l’année 2020 comme il l’avait commencé : en préparant de nouvelles élections législatives. Entre-temps, il peut se targuer d’avoir réussi en quelques mois, grâce à «son ami» Donald Trump, l’exploit de normaliser les relations diplomatiques de son pays avec les Émirats arabes unis (EAU), le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Partant du principe que «l’ennemi de mon ennemi est mon ami», l’État hébreu a commencé à se rapprocher des monarchies du Golfe depuis quelques années déjà.

Les médias israéliens et américains annonçaient régulièrement des rencontres officieuses entre des officiels des deux côtés. Des ministres israéliens ainsi que des sportifs ont fait des visites remarquées ces deux dernières années dans certaines capitales de la région. Rappelons ainsi la participation d’athlètes israéliens aux EAU et au Qatar, des rencontres ministérielles à Bahreïn, et surtout le voyage de M. Netanyahu à Mascate où il avait rencontré feu le sultan Qabous. Oman ayant toujours joué la carte de la neutralité et de la médiation dans les conflits régionaux.

La coopération entre certains pays du Golfe et Tel-Aviv au niveau sécuritaire, pour faire face aux menaces iraniennes et terroristes, est devenue un secret de polichinelle. Toutefois, aucun pays n’a franchi le pas pour faire sortir ce réchauffement des relations de la clandestinité.

Préparer la normalisation

Le «la» a été donné en mai dernier durant le mois du ramadan quand deux séries télévisée sur la chaîne saoudienne MBC, Makhraj 7 et Oum Haroun brisent deux tabous, reconnaissant la présence des juifs dans le Golfe, d’une part, et envisageant une normalisation avec les Israéliens, d’autre part.

Et ce sont finalement les EAU qui ont franchi le pas le 13 août 2020.

C’est Donald Trump qui a annoncé cet «accord de paix historique» entre Israël et les EAU, le 13 août dernier. Selon le président américain, les deux pays normaliseront pleinement leurs relations diplomatiques et commenceront une coopération dans plusieurs domaines, notamment la sécurité, le commerce, la santé (surtout dans le contexte de la crise de Covid-19), le tourisme et l’éducation.

Un mois après la décision des EAU, Bahreïn annonce un accord similaire, le 11 septembre, devenant ainsi le second pays du Golfe à normaliser ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv. La décision de Manama n’est pas une surprise. Ce petit royaume du Golfe avait souvent flirté avec Israël, surtout quand il s’agissait du conflit opposant ce dernier à leur ennemi commun, l’Iran. Bahreïn avait ainsi appuyé le «droit d’Israël de se défendre», lors de tensions entre l’armée israélienne et des combattants iraniens en Syrie.

Outre l’hostilité partagée pour l’Iran, qui est probablement la principale cause d’un tel rapprochement, c’est toutefois, la position saoudienne qui est la plus intéressante dans ce contexte. Il est incontestable que Riyad a donné sa bénédiction pour réaliser ce rapprochement, d’autant plus que l’Arabie saoudite a autorisé les vols entre Israël et Bahreïn au-dessus de son territoire.

Accords d’Abraham

Les accords, entre Israël et les Émirats d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part, appelés «Accords d’Abraham», rédigés par Jared Kushner, gendre de Donald Trump, ont été signés lors d’une cérémonie formelle organisée à la Maison-Blanche le 15 septembre.

Quelques semaines plus tard, c’est au tour du Soudan de normaliser ses relations avec Israël. C’est également Donald Trump qui fait l’annonce le 24 octobre 2020. Dans le même temps, il déclare avoir retiré Khartoum de la liste américaine des États qui soutiennent le terrorisme.

Vient enfin le tour du Maroc, le 10 décembre dernier, qui devient le quatrième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël. L’annonce faite par le président américain est suivie d’une autre : la reconnaissance par Washington de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental. Le Maroc avait déjà reconnu l’État hébreu en 1994 avec des relations diplomatiques qui ont duré huit ans, jusqu’au début des années 2000, quand Rabat ferma le bureau de liaison existant, à la suite du déclenchement de la seconde Intifada.

Cerise sur le gâteau, cette année, le 12 décembre, Israël a annoncé l’établissement de relations diplomatiques avec le Bhoutan, petit royaume situé dans l’est de la chaîne de l’Himalaya, élargissant encore plus le cercle de reconnaissance d’Israël en Asie.

Il reste une information publiée par les médias israéliens et à prendre «avec des pincettes», concernant une visite secrète de Benjamin Netanyahu en Arabie saoudite, le dimanche 22 novembre, pour rencontrer le secrétaire d’État américain Mike Pompeo. Des sources israéliennes ont également prétendu qu’il aurait rencontré le prince héritier, Mohammed ben Salmane. La nouvelle a toutefois été immédiatement et formellement démentie par le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan sur Twitter.

L’Arabie saoudite a toujours écarté une normalisation avec l’État hébreu avant la conclusion d’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. Un principe affirmé lors du sommet arabe à Beyrouth en 2002 et auquel tous les souverains saoudiens ont adhéré.

Changements stratégiques

Ces accords témoignent d’un changement stratégique majeur parmi les pays arabes dans un contexte géopolitique incertain au Moyen-Orient. Le danger iranien conjugué à une politique agressive turque font craindre le pire aux monarchies du Golfe, toujours sous la menace d’un désengagement américain de la région.

Un rapprochement avec Israël sonne comme une garantie face aux bouleversements régionaux. Sachant que les accords signés consacrent une situation gagnant/gagnant pour toutes les parties.

Benjamin Netanyahu a tenté de profiter au maximum de ces victoires diplomatiques pour contrebalancer la contestation interne contre lui, et notamment ses ennuis judiciaires. Le président Trump, lui aussi inquiété par des critiques de plus en plus importantes concernant sa gestion de la crise sanitaire due au coronavirus, a voulu redorer son blason. Et les autres pays ont tous eu une contrepartie juteuse.

Seuls les Palestiniens semblent être les grands perdants… Bien que toutes les capitales qui ont signé des accords avec Israël ont explicitement annoncé que la cause palestinienne restait leur priorité, les EAU s’étant enorgueillis d’avoir mis fin au projet d’annexion d’une partie de la Cisjordanie, prévu par le «deal du siècle» présenté par l’administration Trump.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".