VARSOVIE: Le ministère de la Défense du nouveau gouvernement polonais a dissout vendredi avec effet immédiat la commission controversée d'enquête sur le crash de Smolensk, dans lequel le président Lech Kaczynski et 95 autres personnes ont péri en 2010.
Cette commission avait été créée en 2016 sous la houlette du pouvoir nationaliste populiste dominé par Jaroslaw Kaczynski, le frère jumeau du chef de l'Etat défunt, avec pour l'objectif de défendre la thèse d'un attentat terroriste organisé par Moscou, sans jamais présenter de preuves convaincantes.
Le parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS) a toujours remis en question les résultats d'une enquête officielle selon laquelle la chute de l'avion présidentiel avait été due à des négligences et au mauvais temps, lui opposant l'hypothèse d'un complot polono-russe et d'une explosion à son bord.
Pendant des années, le PiS a organisé des commémorations mensuelles de ce crash, insistant sur la nécessité de découvrir "la vérité" sur ses causes.
"C'est la fin des mensonges au nom de l'État polonais, la fin des dépenses de centaines de millions de zlotys pour des activités qui n'ont rien à voir avec l'explication des causes de la catastrophe mais beaucoup à voir avec la politique", a déclaré aux journalistes le vice-ministre de la Défense Cezary Tomczyk.
"Il s'agit d'un moment véritablement historique où l'État polonais s'en tient enfin à la vérité, où l'État polonais (...) reconnaît que c'est aux spécialistes d'expliquer les causes de la catastrophe et non aux politiciens, aux bonimenteurs et aux personnes qui utilisent le mensonge comme outil de fonctionnement", a-t-il ajouté.
Le chef de cette commission, Antoni Macierewicz, avait accusé le Premier ministre à l'époque du crash et de retour aujourd'hui, Donald Tusk, de "trahison diplomatique", tandis que Jaroslaw Kaczynski a toujours affirmé que M. Tusk avait été "moralement responsable" de la mort de son frère.
M. Macierewicz a reproché à M. Tusk de ne pas avoir réussi à récupérer l'épave de l'avion présidentiel, un dossier que les nationalistes populistes, au pouvoir ces huit dernières années, n'ont pas su faire avancer non plus.
Les victimes du crash étaient les membres de la délégation officielle en route pour les cérémonies d'anniversaire du massacre de milliers d'officiers polonais en 1940 à Katyn, sur ordre de Staline.