WASHINGTON : Le président Donald Trump n'avait toujours pas ratifié dimanche le nouveau plan de relance économique de 900 milliards de dollars adopté lundi au forceps par le Congrès, une situation qui plongeait dans la précarité des millions d'Américains affectés par la pandémie de Covid-19.
Le locataire de la Maison Blanche exige une revalorisation des chèques d'aide aux familles en difficulté, s'opposant ainsi aux élus de son propre parti républicain.
Sa résistance fait également planer le spectre d'une fermeture des services publics - shutdown - dès mardi parce que la proposition de loi fait partie d'un ensemble de textes législatifs incluant le financement de l'Etat fédéral.
L'allocation chômage prévue par deux programmes d’assistance fédérale mis en place en mars dans le cadre du premier plan de soutien à l'économie a expiré samedi à minuit, laissant dans l'inconnu au moins 12 millions d'Américains qui en bénéficiaient, d'après le groupe de réflexion progressiste The Century Foundation.
Or le nouveau plan de relance prolonge jusqu'à mi-mars ces aides fédérales versées aux chômeurs, accorde des prêts garantis aux entreprises, prévoit des milliards de dollars d'aides aux PME, aux sociétés de la restauration, de l'hôtellerie, du transport aérien etc -- prolonge le moratoire interdisant les expulsions de personnes ne pouvant payer leur loyer, suspend les saisies immobilières et prévoit des fonds pour la distribution des vaccins anti-Covid.
Sans la signature de Donald Trump, actuellement en villégiature en Floride et à qui la proposition de loi a été envoyée jeudi, toutes ces mesures ne peuvent entrer en vigueur.
Pauvreté
Ces aides sont cruciales d'autant que la reprise économique est au point mort, freinée par de nouvelles restrictions à l'activité et aux déplacements dues à la flambée des infections de Covid-19.
Elles sont, selon Andrew Stettner de The Century Foundation, «la seule bouée de sauvetage évitant à de millions de familles de tomber dans la pauvreté».
«Sans une allocation chômage ou un salaire, des familles n'auront pas les moyens de s'acheter à manger, conserver leur maison ou leur voiture, acheter des médicaments importants, feront face à de difficiles épreuves de sorte que retrouver un emploi et sortir du trou dans lequel les aura plongées la récession seront un combat», prévient M. Stettner. Les Afro-Américains et les Hispaniques sont les plus affectés, d'après lui.
Au-delà des dégâts sur le court terme, le refus de M. Trump pourrait aggraver les blessures économiques causées par la pandémie, en l'occurrence un bond du chômage de longue durée.
Le président Donald Trump a pris de court les parlementaires lorsqu'il a jugé mardi que le plan de relance de 900 milliards de dollars adopté à une large majorité par les deux chambres du Congrès et approuvé par son ministre de l'Economie et des Finances était une «honte».
Sans dire expressément qu'il allait y opposer son veto, il a demandé une augmentation du montant des chèques devant être envoyés directement aux ménages, une demande réitérée samedi.
«Je veux simplement donner à des gens très bien 2 000 dollars, plutôt que les 600 dollars minables qui sont actuellement dans le projet de loi», a répété sur Twitter M. Trump, qui était focalisé, pendant les négociations sur le compromis, à dénoncer les fraudes supposées ayant conduit selon lui à sa défaite lors de l'élection présidentielle du 3 novembre dernier.
Les démocrates, favorables à un accroissement des versements, ont tenté jeudi de faire voter un amendement en ce sens à la Chambre des représentants, mais il a été bloqué par la minorité républicaine. Une autre session parlementaire est prévue lundi.
«Signez»
La résistance de l'ex-magnat de l’immobilier est dénoncée jusque dans son propre camp où fusent, comme chez les démocrates, des appels à ratifier le dernier plan de relance.
«Nous sommes parvenus à un accord, au moins sur quelque chose. Ce n'est pas suffisant mais c'est un pas dans la bonne direction», a salué dimanche sur CNN Larry Hogan, le gouverneur républicain de l'Etat du Maryland. «Donc ratifiez la législation».
Dans la droite ligne du futur président Joe Biden, qui a dénoncé samedi une «abdication des responsabilités» de la part de M. Trump, les démocrates ont accru la pression sur le sortant.
«Ce que le Président est en train de faire est incroyablement cruel», s'est insurgé dimanche sur ABC l'influent sénateur progressiste Bernie Sanders. «Signez la proposition Monsieur le président et lundi, mardi nous passerons (un amendement) offrant des versements directs de 2 000 dollars pour les familles de ce pays qui travaillent dur», a ajouté l'élu.