La France et la Malaisie relancent leur coopération de défense

Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu quitte l'Elysée à la fin du conseil des ministres hebdomadaire à Paris, le 8 novembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu quitte l'Elysée à la fin du conseil des ministres hebdomadaire à Paris, le 8 novembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Vendredi 08 décembre 2023

La France et la Malaisie relancent leur coopération de défense

  • La France cherche à réaffirmer son importance et à se positionner comme «puissance d'équilibre» dans la région Asie-Pacifique
  • La Malaisie dispose d'un contingent de 850 militaires au sein de la Finul, la force de l'ONU déployée dans le sud du Liban, Paris y déployant 700 militaires de son côté

PARIS: La France et la Malaisie sont convenus de relancer leur coopération de défense, notamment en négociant un accord permettant le déploiement de troupes sur leurs territoires respectifs, à l'issue d'une rencontre vendredi entre les ministres des deux pays, la première depuis la pandémie.

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu et son homologue Mohamad Hasan sont "convenus de lancer la négociation d'un accord sur le statut des forces (Sofa)", affirment-ils dans un communiqué conjoint à l'issue de la visite de M. Lecornu à Kuala Lumpur.

Un tel accord permettra de faciliter les exercices conjoints et la formation, a-t-on précisé dans l'entourage du ministre français. En juin, deux Rafale de l'armée de l'Air, deux avions de transport A400M et un avion ravitailleur MRTT avaient déjà effectué une mission conjointe avec des appareils malaisiens dans le cadre de la mission Pegase 2023 dans la région.

La négociation d'un accord similaire a également été lancée plus tôt dans la semaine avec les Philippines.

Les deux ministres veulent également "renforcer la coopération en matière de défense entre les deux pays, en particulier la coopération opérationnelle, et dans le domaine de la science, de la technologie et de l'industrie de défense", affirment-ils.

La Malaisie a ainsi commandé un radar militaire de longue portée de Thales pour renforcer ses capacités de surveillance de l'espace aérien.

Ce radar GM400 sera installé à Bintulu, dans le Sarawak, la partie malaisienne de l'immense île de Bornéo.

Kuala Lumpur est de longue date un client de l'industrie de défense française auprès de laquelle le pays a notamment acheté deux sous-marins Scorpène et 4 A400M.

La France cherche à réaffirmer son importance et à se positionner comme "puissance d'équilibre" dans la région Asie-Pacifique, une région qu'elle appelle "IndoPacifique" où la Chine et les Etats-Unis se disputent l'influence.

Sébastien Lecornu doit se rendre la semaine prochaine à Djibouti, point d'appui français en Afrique de l'Est qu'elle considère aussi comme une porte d'entrée vers l'IndoPacifique.

MM. Lecornu et Hasan ont par ailleurs rappelé "l'importance de travailler ensemble pour préserver la mer de Chine méridionale en tant qu’espace de paix, de stabilité et de commerce, par des moyens continus et pacifique" et discuté de la situation au Proche-Orient.

La Malaisie dispose d'un contingent de 850 militaires au sein de la Finul, la force de l'ONU déployée dans le sud du Liban, Paris y déployant 700 militaires de son côté.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.