PARIS: Avec l'ouverture d'une première boutique à Paris, la chaîne de donuts Krispy Kreme tente une percée en France: à l'instar d'autres produits américains, le beignet rond entend gagner sa "part d'estomac", espère la marque.
Si le donut n'est pas inconnu du public français, il demeure une pâtisserie parmi d'autres dans les boulangeries ou les chaînes de fast-food, seules de rares boutiques ayant réussi à en faire leur produit vedette.
La chaîne californienne Randy's Donuts, arrivée dans la capitale française en octobre 2022, a quant à elle fermé ses portes après seulement quelques mois d'activité.
Pour le 39ème pays d'implantation de Krispy Kreme, son directeur général en France, Alexandre Maizoué, voit pourtant les choses en grand: livraison à domicile entre janvier et février 2024, ouverture d'un atelier de production à Créteil (à l'est de Paris) au premier trimestre 2024, et 500 points de vente d'ici cinq ans.
"Je pense qu'on a de belles années devant nous", commente-t-il, alors que plus de 2 millions d'euros ont été investis pour le premier point de vente et de production.
Devant la nouvelle boutique du centre commercial des Halles, au coeur de la capitale, un DJ et un tapis rouge ont accueilli les premiers clients à l'ouverture mercredi. L'espace de 550 m2 ne désemplissait pas: quelque 400 personnes étaient présentes dès 08h00, selon Alexandre Maizoué, qui estimait la fréquentation à 3 000 clients sur cette première journée.
Le donut - ou "doughnut" -, se décline à l'envi: tantôt lustré d'un glaçage sucré, tantôt fourré à la crème, au chocolat ou aux fruits.
Pour son premier magasin français, la chaîne propose treize parfums, et offre à voir la préparation de son produit star grâce à une chaîne de production entièrement vitrée.
«American way of life»
"Quand on a ouvert la première boutique de donuts de Paris en 2015, tout le monde me disait que ça n'allait jamais marcher ici", confie à l'AFP Amanda Bankert, pâtissière américaine et gérante de Boneshaker Donuts, dans le centre de la capitale. "Je ne savais pas que le donut était associé à ce qu'il y a de pire dans la nourriture américaine", ajoute-t-elle.
"C'est très sucré, très chimique", témoigne ainsi Karima Prince, esthéticienne de 51 ans sortie du magasin Krispy Kreme avec, à la main, le donut "Original Glazed", emblématique de la firme créée en 1937, qu'elle goûte pour la première fois.
La marque peut néanmoins déjà compter sur quelques adeptes, qui, comme David Mitrani, expert-comptable de 33 ans présent à l'ouverture, ont connu la marque à l'étranger: "ce qui m'a surpris, ce n'est pas qu'ils arrivent en France, c'est que ça ait pris autant de temps".
Pour François Blouin, président-fondateur de la société d'études Food Service Vision, le pays est pourtant loin d'être réticent à l'arrivée de l'"American way of life" dans l'assiette : "la France, pays de la gastronomie, c'est aussi l'un des pays au monde dans lesquels les chaînes d'influence américaine (...) se développent fortement".
Popeyes et ses sandwichs au poulet frit comptent désormais sept points de vente dans le pays, après une inauguration à Paris en février, et la chaîne de burgers Wendy's a annoncé son arrivée dans la capitale.
"La France a complètement adopté la modernité alimentaire", renchérit l'historien Loïc Bienassis, de l'Institut européen d'histoire et des cultures de l'alimentation.
La fondatrice de Boneshaker Donuts se veut d'ailleurs optimiste sur l'arrivée du mastodonte américain: "en 2015, ça aurait été différent mais, aujourd'hui, je pense que ça va marcher pour Krispy Kreme".
Pour s'en assurer, la marque s'est offert une large campagne de publicité - et un "bad buzz" auprès de la Mairie de Paris, qui l'a accusée d'affichage illégal. Pendant deux semaines, elle a aussi organisé la distribution de près de 100 000 donuts à des endroits-clé de la capitale.