Le CICR appelle Israël et le Hamas à «désamorcer la situation et permettre aux humanitaires de travailler»

Le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, Robert Mardini (Capture d’écran).
Le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, Robert Mardini (Capture d’écran).
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Publié le Jeudi 07 décembre 2023

Le CICR appelle Israël et le Hamas à «désamorcer la situation et permettre aux humanitaires de travailler»

  • Un haut responsable du Comité international de la Croix-Rouge réitère ses appels aux parties belligérantes pour qu'elles respectent les conventions de Genève
  • Il exprime sa gratitude pour l'important soutien saoudien à Gaza et au Soudan, et souhaite que le partenariat humanitaire atteigne de nouveaux sommets

RIYAD: Malgré les efforts quotidiens du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour «intensifier, renforcer et envoyer davantage de personnes sur le terrain à Gaza», les humanitaires «ne peuvent pas tout faire», selon Robert Mardini, directeur général du CICR.

Il a fait ce commentaire au cours d'une interview accordée mardi à Arab News à Riyad, où il a rencontré des responsables de l'agence d'aide saoudienne KSrelief.

«Nous sommes incapables de faire face à l'ampleur des besoins et nous voulons que les parties au conflit, le côté israélien et le côté Hamas, désamorcent le conflit et créent les conditions pour que les organismes humanitaires puissent opérer au niveau requis», a signalé Mardini.

Il a ajouté que le niveau et l'intensité actuels des combats à Gaza rendent «impossible» la capacité des humanitaires à opérer aux niveaux requis.

«Aucune réponse humanitaire significative n'est possible dans les circonstances actuelles. C'est pourquoi nous devons, parallèlement à tout ce que nous pouvons faire pour renforcer la réponse humanitaire, répéter et réitérer nos appels aux parties au conflit pour qu'elles respectent leurs obligations en vertu des règles de la guerre et les conventions de Genève», a-t-il déclaré.

Mardini a clairement indiqué qu'en tant qu'organisation humanitaire, le CICR continuera à repousser les limites du possible pour «faire la différence pour la population de Gaza».

Bien que les efforts se poursuivront, Mardini a estimé que le CICR ne peut pas tout faire, «et que la responsabilité incombe aux parties au conflit».

Il a ajouté: «Les deux parties belligérantes ont l'obligation, en vertu des conventions de Genève, de protéger les civils, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les civils et pour désamorcer le conflit; de veiller à ce qu'il y ait des pauses humanitaires régulières afin de permettre aux fournitures humanitaires d'entrer dans la bande de Gaza; et de permettre aux travailleurs humanitaires d'être en mesure d'apporter une aide humanitaire indispensable à la population de Gaza, et aussi de donner un répit à la population civile, qui vit dans des conditions désastreuses, dans la crainte constante d'une mort violente.»

Mardini n'a aucun doute sur les besoins immédiats: Une désescalade du conflit, des pauses humanitaires régulières et de meilleures conditions pour les civils.

Il a prévenu que tous les habitants de Gaza étaient aujourd'hui traumatisés par ce qui se passait.

Des Palestiniens blessés lors des bombardements israéliens sur la bande de Gaza arrivent à l'hôpital de Rafah (Photo, AP).

Interrogé sur les mesures à prendre pour alléger les souffrances de la population de Gaza, il a affirmé que les produits humanitaires étaient cruciaux.

«Même avant le début du conflit, le 7 octobre, 400, 500 ou 600 camions en moyenne entraient chaque jour dans la bande de Gaza, où la vie était plus ou moins normale», a déclaré Mardini.

Aujourd'hui, après près de deux mois de combats, «les gens sont déchirés, avec des milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés graves», et les besoins de la région sont bien plus importants.

«Il est donc certain que 200 camions, ce qui était le maximum atteint pendant la trêve de sept jours, n'est qu'une petite partie, et c'est une goutte d'eau dans un océan de besoins. Les camions ne suffiront pas à sauver la population de Gaza», a-t-il ajouté.

«Ce dont les habitants de Gaza ont besoin aujourd'hui, c'est d'un retour à une vie normale, d'un répit, d'une désescalade du conflit. Et c'est une solution politique qui est nécessaire pour éviter de nouvelles pertes en vies humaines, ainsi que le désespoir et la désespérance», a-t-il précisé.

Mardini a souligné que, bien que le CICR s'efforce actuellement d'obtenir des garanties de sécurité raisonnables, «c'est très difficile, parce qu'aujourd'hui, il n'y a vraiment plus rien de sûr à Gaza».

Il a déclaré: «Nos propres équipes étaient dans la ligne de mire. Les équipes du Croissant-Rouge palestinien ont également été prises dans la ligne de mire. De nombreux autres humanitaires de l'Unrwa et de MSF ont également perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions.»

Mardini a souligné la gravité de la situation humanitaire, ajoutant que le CICR dispose d'une équipe chirurgicale complète travaillant à l'hôpital européen de Gaza avec des médecins et des infirmières palestiniens.

Il a averti: «Les témoignages qu'ils nous livrent sont terrifiants et horribles. Le nombre de victimes est sans précédent.»

Robert Mardini, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, interviewé par Noor Nugali, rédactrice en chef adjointe d'Arab News (Photo, AN /Abdel Rahmane ben Alshuhub).

Selon le bureau des médias du gouvernement du Hamas à Gaza, les combats ont fait plus de 16 000 morts depuis le début de la guerre. Alors qu'une pause humanitaire avait été décidée le 24 novembre, elle a pris fin le 1er décembre, lorsque les forces israéliennes ont repris les opérations de combat.

Mardini a mentionné: «La reprise des combats dans la bande de Gaza fait payer un lourd tribut à la population civile, qui a subi des épreuves insupportables au cours des deux derniers mois.»

Mardini a qualifié d’«horribles» les témoignages qu'il a entendus de la part de collègues du CICR sur le terrain dans la bande de Gaza, opérant dans un hôpital et soutenant les volontaires de la Société du Croissant-Rouge palestinien.

«Les gens vivent dans des conditions difficiles. Les familles ont été séparées. Des milliers de personnes sont hospitalisées», a-t-il ajouté.

Il a indiqué que les hôpitaux étaient tellement surchargés de malades, de blessés et de personnes cherchant à s'abriter qu'il était devenu difficile de les soigner. Il a ajouté que cette surpopulation, aggravée par la pénurie d'eau et de médicaments, pouvait entraîner la propagation de maladies.

«Les médecins sont confrontés à des choix impossibles: qui sauver, qui s'en sortira, qui ne pourra pas s'en sortir, en raison des fournitures médicales très limitées et du manque de carburant», a-t-il alerté.

Il a révélé que les civils se trouvaient dans des zones dites sûres, ajoutant qu'elles «n'étaient pas vraiment en sécurité, car il n'y a pas d'endroits sûrs dans la bande de Gaza aujourd'hui».

Commentant sa rencontre avec le Dr Abdallah al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief, au cours de laquelle ils ont discuté de la situation à Gaza, il a déclaré: «Le centre roi Salmane est un partenaire très, très solide du CICR.»

«Nous avons discuté des moyens d'intensifier la réponse humanitaire. J'ai également exprimé la gratitude du CICR pour le soutien très solide du KSrelief, qui a récemment contribué au financement de nos efforts humanitaires dans la bande de Gaza, comme il l'a fait il y a plusieurs mois pour notre travail au Soudan.»

Interrogé sur l'application du droit des conflits armés, qui a été mis en place pour encadrer la conduite des opérations militaires et assurer la protection des victimes des conflits, Mardini a affirmé que «le droit des conflits armés fonctionne réellement».

Il a assuré: «Nous en avons la preuve tous les jours. Chaque jour, un chirurgien du CICR peut sauver une vie.»

Commentant sa rencontre avec le Dr Abdallah al-Rabeeah, superviseur général de KSrelief, Mardini (à droite) a déclaré: «J'ai également exprimé la gratitude du CICR pour le soutien très fort du Centre Roi Salmane, qui a récemment contribué au financement de nos efforts humanitaires dans la bande de  Gaza» (Photo fournie).

«Chaque jour, un volontaire du Croissant-Rouge palestinien est en mesure d'évacuer les blessés graves de notre hôpital vers l'autre. Chaque jour. C'est ce que nous avons constaté au cours des sept derniers jours. Le CICR a réussi à faciliter la libération d'otages à Gaza et de détenus palestiniens en Israël pour les remettre à leurs familles à Ramallah», a-t-il mentionné.

«Ce sont les lois de la guerre en action. Ce sont les lois de la guerre qui fonctionnent», a-t-il insisté.

Développant ce point, il a indiqué que lorsque le droit des conflits armés fonctionne, il «empêche le mal de se produire en premier lieu... Le droit de la guerre est l'ultime filet de sécurité pour préserver la dignité en temps de guerre. Il doit être soutenu et respecté par les parties au conflit».

En ce qui concerne le rôle du CICR dans les situations de prise d'otages, il a décrit l'institution comme un «intermédiaire neutre».

«Le CICR dialogue avec toutes les parties au conflit. Lorsque les otages ont été pris, nous avons fait trois choses. Nous avons d'abord demandé leur libération immédiate, car les otages civils ne devraient pas être pris en otage dans un conflit armé», a-t-il clarifié.

Il a ajouté que le CICR vérifiait l'état de santé des otages et s'assurait qu'ils pouvaient communiquer avec leurs familles.

Mardini a souligné: «J'espère que les deux parties continueront à négocier en vue de nouvelles libérations d'otages et de détenus palestiniens. Et nous sommes certainement prêts à renouveler ce type d'opérations, bien sûr, à condition que les circonstances soient acceptables pour la sécurité des otages et des détenus, ainsi que pour celle de notre propre personnel.»

Il a conclu son interview en indiquant: «Nous devons garder l'espoir. Je pense qu'il est important que les civils, des deux côtés de la ligne de front, aient encore de l'espoir. Et ils méritent de meilleures conditions que celles qu'ils connaissent aujourd'hui.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le ministre des Affaires étrangères aborde des questions régionales et internationales avec son homologue français

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan bin Abdullah et le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la République française, M. Jean-Noël Barrot en visite à Riyad. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan bin Abdullah et le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la République française, M. Jean-Noël Barrot en visite à Riyad. (SPA)
Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. (SPA)
Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. (SPA)
Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. (SPA)
Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. (SPA)
Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. (SPA)
Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. (SPA)
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  • Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan bin Abdullah, a reçu Vendredi son homologue français, M. Jean-Noël Barrot

RIYAD: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan bin Abdullah, a reçu Vendredi le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la République française, M. Jean-Noël Barrot.

Au cours de la réunion, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et ont engagé des discussions sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun, en particulier la situation actuelle dans la bande de Gaza et les initiatives prises pour la prochaine conférence visant à résoudre la question palestinienne et à faire progresser la solution des deux États, prévue en juin prochain sous la présidence conjointe de l'Arabie saoudite et de la France.

 


Le chef de la diplomatie syrienne hisse le nouveau drapeau de son pays devant l'ONU

Le ministre syrien des affaires étrangères, Asaad Al-Shibani, tient le drapeau syrien lors d'une cérémonie visant à l'ajouter aux 100 drapeaux alignés au siège des Nations unies à New York, vendredi. (AP)
Le ministre syrien des affaires étrangères, Asaad Al-Shibani, tient le drapeau syrien lors d'une cérémonie visant à l'ajouter aux 100 drapeaux alignés au siège des Nations unies à New York, vendredi. (AP)
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  • Le ministre syrien des Affaires étrangères, en visite à New York, a hissé vendredi le nouveau drapeau de la Syrie post-Assad devant le siège de l'ONU
  • M. Chaibani a de nouveau appelé à la levée des sanctions imposées sous le pouvoir précédent

DAMAS: Le ministre syrien des Affaires étrangères, en visite à New York, a hissé vendredi le nouveau drapeau de la Syrie post-Assad devant le siège de l'ONU, affirmant qu'il s'agissait d'un moment "historique" et réclamant la levée des sanctions contre son pays.

"Le ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani hisse le nouveau drapeau syrien devant le siège de l'ONU à New York", a annoncé l'agence officielle syrienne Sana.

Le chef de la diplomatie des nouvelles autorités, qui ont pris le pouvoir le 8 décembre à Damas et évincé l'ex-président Bachar al-Assad, doit participer à une réunion du Conseil de sécurité vendredi.

Dans une déclaration à la chaîne al-Jazeera après avoir hissé le drapeau à trois étoiles, symbole du soulèvement contre le pouvoir de Bachar al-Assad, le ministre a affirmé qu'il s'agissait d'un moment "historique" qui "consacre la victoire du peuple syrien".

"La nouvelle administration (..) tend la main à la communauté internationale et attend que cette dernière fasse de même en retour", a-t-il dit.

M. Chaibani a de nouveau appelé à la levée des sanctions imposées sous le pouvoir précédent. "Le peuple syrien a besoin en premier lieu d'une levée des sanctions", a déclaré le ministre à la chaîne al-Jazeera.

"Les sanctions entravent le retour des réfugiés, la stabilité, les investissements, la reconstruction des infrastructures détruites par le régime d'Assad", a-t-il souligné.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie syrienne, exsangue après 14 années de guerre civile.

Les sanctions économiques impactent lourdement le pays, où selon l'ONU, 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté.

Parallèlement à la visite du ministre des Affaires étrangères à New York, le ministre syrien des Finances et le gouverneur de la Banque centrale ont participé aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale cette semaine, pour la première fois depuis plus de 20 ans.


Nucléaire: le chef de la diplomatie iranienne à Oman pour de nouvelles discussions avec Washington

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  • L'agence de presse iranienne Mehr a diffusé une courte vidéo montrant M. Araghchi descendre d'un appareil officiel iranien à l'aéroport de Mascate
  • M. Araghchi se rendra à Mascate "à la tête d'une délégation composée de diplomates et d'experts techniques" pour mener ces discussions indirectes avec les Etats-Unis, avait auparavant indiqué le porte-parole de son ministère

TEHERAN: Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas  est arrivé vendredi à Oman pour une troisième session de discussions sur le nucléaire avec les Etats-Unis prévue samedi, Téhéran augurant de "possibles progrès" si Washington fait preuve de "bonne volonté, sérieux et réalisme".

L'agence de presse iranienne Mehr a diffusé une courte vidéo montrant M. Araghchi descendre d'un appareil officiel iranien à l'aéroport de Mascate.

M. Araghchi se rendra à Mascate "à la tête d'une délégation composée de diplomates et d'experts techniques" pour mener ces discussions indirectes avec les Etats-Unis, avait auparavant indiqué le porte-parole de son ministère, Esmaïl Baghaï.

Le département d'Etat américain a annoncé que l'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participerait bien à ces pourparlers, dans la foulée des deux précédents rendez-vous à Mascate le 12 avril et Rome le 19, salués comme de bonnes discussions par Téhéran et Washington.

Ce troisième cycle prévoit une session de pourparlers techniques entre experts sur le programme nucléaire iranien, en complément de la négociation diplomatique principale.

Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat américain, dirigera les travaux techniques du côté américain.

L'agence de presse iranienne Tasnim a de son côté rapporté que les discussions techniques seront menées côté iranien par les vice-ministres des Affaires étrangères Kazem Gharibabadi et Majid Takht-Ravanchi.

Vendredi, M. Baghaï a déclaré que "pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l'autre partie".

Dans une interview jeudi, le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que Téhéran "aborderait les négociations de samedi avec sérieux, et que si l'autre partie fait également preuve de sérieux, des progrès sont possibles".

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" contre l'Iran, avec qui les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Il a initié des négociations avec Téhéran, tout en menaçant de bombarder l'Iran en cas d'échec.