DOMONT: Nouvelle victime de rivalités interquartiers, Kendy a trouvé la mort à 15 ans, en rentrant du lycée: il a été tué lundi "d'un coup de couteau", a indiqué mardi le parquet de Pontoise, dans une rixe impliquant des jeunes de Domont et d'Ezanville dans le nord du Val-d'Oise.
Lundi vers 18H00, "une rixe impliquant environ une vingtaine de personnes survenait sur la commune de Domont", relate dans un communiqué le procureur de la République de Pontoise Pierre Sennes. "A l'arrivée des gendarmes sur place, quelques minutes après le déclenchement de la bagarre, le groupe d'individus prenait la fuite."
Au cours de cet affrontement, "un mineur de 15 ans décédait sur la voie publique, malgré l'intervention rapide des secours qui tentaient de le réanimer", a-t-il écrit. L'autopsie "établissait que la victime était décédée à la suite d'un coup de couteau porté au thorax", précise encore M. Sennes.
Mardi en fin de matinée, aucune trace de l'altercation n'était visible sur place, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le maire de la commune d'Ezanville, Eric Battaglia (DVD), et des animateurs jeunesse sont venus déposer des fleurs et coller la photo de Kendy à un poteau, à quelques mètres des lieux du drame.
Ce jeune habitant d'Ezanville sortait du lycée, avec deux amis, et rentrait chez lui lorsqu'il a été pris à partie par des jeunes de Domont. Ces derniers étaient venus se venger après une précédente bagarre la semaine dernière, d'après le récit à la presse de l'édile.
Dans une vidéo diffusée hier soir sur le réseau social Snapchat et montrée par un lycéen à l'AFP, on aperçoit sur le trottoir un jeune homme au sol, violemment frappé au corps et à la tête par deux agresseurs. Juste à côté, un autre adolescent est mis à terre et reçoit des coups de poing.
En surbrillance de la vidéo, est écrit "quand je vous dis qu'on les baise ces vieux cons".
Les rivalités entre le quartier de Ru-de-Vaux (Ezanville), d'où est originaire Kendy et celui de la cité de la gare à Domont durent depuis une vingtaine d'années d'après la municipalité.
«Mamans très inquiètes»
"Ça fait des années que nous, animateurs de terrain, on dit +faites quelque chose, il faut qu'on se retrouve autour de la table, il y a un problème, un jour il y aura un mort+... voilà on y est", a déploré auprès de l'AFP la responsable jeunesse d'Ezanville, ne souhaitant pas donner son nom ni son prénom.
"Les mamans sont très inquiètes", témoigne-t-elle, juste après une conversation téléphonique avec l'une d'entre elles.
Pour les acteurs de terrain, l'important est désormais d'assurer un retour au calme.
"Je vais essayer d'être le plus proche des jeunes pour échanger avec eux, calmer cet esprit de vengeance, il y a déjà eu un drame, je ne voudrais pas qu'il y en ait un deuxième", assure M. Battaglia.
Après les faits, un important dispositif des forces de l'ordre (gendarmes et policiers) a été déployé dans le secteur et dans les quartiers concernés.
C'est dans le lycée polyvalent George Sand de Domont, où sont scolarisés des adolescents des deux quartiers rivaux, que les tensions seraient montées, menant à la première bagarre.
Kendy, "il a juste défendu son copain qui s'est fait taper. Celui qui l'a planté avait le seum (la haine, NDLR) contre lui", témoigne Rayan, dans la même classe de seconde que la victime. "Les profs sont choqués", assure l'adolescent, qui lui-même ne veut pas retourner au lycée dans l'après-midi.
Différentes cellules d'écoute à destination des adultes et des élèves (l'établissement en compte 1.400) ont été mises en place au lycée, a indiqué à l'AFP le rectorat de Versailles.
Kendy était "un jeune sans histoire, connu positivement de la ville d'Ezanville, il participait à l'aide aux devoirs, à la vie active", "c'était un bon élève, il avait un bon avenir devant lui", insiste le maire.
Il était "plein de gentillesse, de bienveillance, toujours à s'occuper des autres", "c'était un très bon gars, il va nous manquer", complète l'animatrice jeunesse, en larmes.
L'enquête, ouverte pour homicide volontaire, a été confiée au groupement de gendarmerie du Val-d'Oise et à la section de recherche de Versailles.
Selon le procureur, "d'importants moyens de police judiciaire ont été déployés pour conduire de nombreuses auditions, compte-tenu des personnes présentes sur la scène de crime, procéder à des investigations de police technique et scientifique et identifier le ou les auteurs des faits".