JOHANNESBURG: La prix Nobel de la paix, la Pakistanaise Malala Yousafzai, a déclaré mardi lors d'une allocution en Afrique du Sud que le régime taliban a rendu impossible d'"être une fille" en Afghanistan et a appelé à qualifier "l'apartheid fondé sur le genre" de "crime contre l'humanité".
"Les talibans ont rendu illégal le fait d'être une fille et cela a un coût", a-t-elle déclaré lors d'une conférence organisée à Johannesburg par la fondation Mandela, à l'occasion des dix ans de la mort du premier président noir sud-africain, soulignant que les filles afghanes "se tournent vers la drogue" et "tentent de se suicider" à cause de l'"oppression".
Depuis son retour au pouvoir en août 2021, le gouvernement taliban, à l'interprétation austère de l'islam, n'a eu de cesse de réduire les droits des Afghanes. En deux ans, les écoles secondaires puis les universités ont fermé leurs portes aux femmes, tout comme les parcs, salles de sport et hammams.
Malala Yousafzai avait reçu le Nobel en 2014 pour son combat pour le droit des filles à l'éducation.
"Il est impératif d'appeler le régime afghan pour ce qu'il est: c'est un régime d'apartheid fondé sur le genre", a-t-elle martelé mardi à Johannesburg.
Apartheid
"Les Sud-Africains se sont battus pour que l'apartheid fondé sur la race soit appelé comme tel et criminalisé au niveau international. Ils ont ainsi attiré l'attention du monde sur les horreurs de l'apartheid", a déclaré Malala Yousafzai.
"L'apartheid basé sur le genre n'a pas encore été explicitement codifié. Nous avons l'occasion de le faire. Dès maintenant", a-t-elle engagé.
Le mois dernier, des personnalités dont la prix Nobel, Hillary Clinton et d'éminentes militantes féministes, ont appelé dans une lettre les Nations unies à criminaliser la ségrégation fondée sur le genre et réviser le texte d'un traité en discussion sur les crimes contre l'humanité.
Cette appel est intervenu alors que la communauté internationale semble impuissante à dissuader les autorités talibanes de durcir leurs restrictions imposées aux femmes, qui ne cessent de s'allonger.