PARIS : Moins de bricolage, de vêtements et d'électroménager, mais un budget pour l'alimentaire et les jouets préservé: l'inflation a ralenti ces derniers mois, mais elle continue de peser sur les dépenses des Français, qui adaptent leurs achats.
L'alimentaire préservé
Plus de 20% de hausse, sur un an et sur la première moitié de l'année 2023: c'est la moyenne de l'augmentation des prix de nombreuses denrées de base dans l'alimentation des Français, comme le lait, le fromage, les œufs, les pâtes ou le couscous par exemple.
En conséquence, le volume de produits vendus diminue. Il a baissé de 8,5% sur les sept premiers mois de 2023 par rapport à la même période de l'année précédente, selon la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
Et pour continuer de subvenir à leurs besoins alimentaires, les ménages en viennent à faire des "arbitrages", privilégiant par exemple des produits de marque distributeur ou renonçant à tout ce qui leur semble superflu.
Malgré ce contexte inflationniste, le secteur alimentaire continue pourtant de bien se tenir. Au premier semestre, le chiffre d'affaires des industries agroalimentaires françaises (hors boissons et tabac) a bondi de 11,6% en valeur, d'après la FCD.
Bricolage et électroménager boudés
Refaire son salon ou changer de matelas n'est plus une priorité pour les Français.
Après les "deux années exceptionnelles" qui ont suivi la crise sanitaire, on assiste depuis mi-2022 à un "atterrissage du marché" de l'équipement de la maison (produits électroménagers, meubles ou encore literie), relève Jean-Charles Vogley, directeur général de la Confédération nationale de l'équipement du foyer (CNEF).
Produits électroménagers, meubles ou encore literie ont moins la cote.
Sur les neuf premiers mois de 2023, les ventes en valeur des produits d'ameublement ont baissé de 1,2% par rapport à 2022, et elles diminuent plus fortement en volume.
"L'effet de l'inflation se fait sentir sur la nourriture et l'énergie, qui sont des dépenses obligatoires", ce qui explique que les autres secteurs comme l'ameublement - autrement dit "les dépenses que l'on peut reporter" - en pâtissent, précise M. Vogley.
Le contexte a entraîné Fnac Darty à abaisser légèrement ses prévisions de rentabilité pour 2023.
Rentrée difficile pour l'habillement
Les achats plaisir sacrifiés? Le secteur de l'habillement a connu une rentrée 2023 difficile, a constaté l'Observatoire de la Fédération nationale de l'habillement (FNH).
"74% des commerces indépendants ont vu leurs ventes baisser en septembre 2023", relève-t-il, "avec pour 42% d'entre eux un recul enregistré supérieur à 20% du chiffre d’affaires" sur un an.
Pierre Talamon, président de la FNH, analyse que "l'inflation entre évidemment dans l’équation, avec une baisse du pouvoir d'achat impactant les achats plaisir, réduits au strict minimum - de surcroît en période de rentrée scolaire".
L'Observatoire économique de l'Institut français de la mode note qu'il faut néanmoins "relativiser la forte chute des ventes de septembre", les ventes en valeur du secteur de l'habillement étant, sur les neuf premiers mois de l'année, "légèrement supérieures" (+0,3%) à celles des neuf premiers mois de 2022.
Les jouets attendent Noël
"Dans un contexte économique difficile, les consommateurs ont naturellement fait des arbitrages sur leurs dépenses en ce début d’année", confirme Florent Leroux, président de la Fédération française des industries du jouet et de la puériculture (FJP) , qui garde espoir pour le dernier trimestre avec Noël.
Le secteur des jouets, "comme nombre de marchés non-alimentaires", subit les conséquences de l'inflation et enregistre, sur les neufs premiers mois de l'année, une baisse de 4,5% en valeur, indiquent la FJP et la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l'enfant (FCJPE) dans un communiqué commun.
Le groupe de conseil Circana démontre dans une étude que, parmi les consommateurs français qui ont réduit leurs achats de jouets, 44% invoquent comme raison la baisse de leur pouvoir d'achat.