DUBAI: Les Emirats ont vu les choses en grand: le pays du Golfe a dépensé sans compter pour accueillir à partir de jeudi la 28e conférence des Nations unies sur le changement climatique, censée inciter les pays à passer la vitesse supérieure sur la transition énergétique.
Aux portes du désert, à Dubaï, le site de l'Exposition universelle de 2020 devient pour deux semaines le coeur battant de la diplomatie climatique, les Emirats et l'ONU espérant une COP aussi historique que celle de Paris en 2015.
"Evidemment, je suis fortement en faveur d'un texte qui inclue la sortie (des énergies fossiles)", même avec un calendrier progressif, a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres mercredi dans un entretien à l'AFP, avant de s'envoler pour Dubaï.
"C'est la COP la plus importante depuis Paris", a déclaré le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, mercredi. "Nous avançons aujourd'hui à petits pas, alors qu'on attend des pas de géants."
C'est la deuxième fois qu'un pays du Golfe accueille une COP, après le Qatar en 2012. Les conférences de l'ONU Climat changent généralement de continent chaque année; il y a deux ans, les pays d'Asie Pacifique avaient désigné les Emirats pour cette COP.
La première grande décision de la COP28 pourrait intervenir dès jeudi, avec l'adoption en séance plénière de la mise en oeuvre du nouveau fonds pour compenser les pertes et dommages liés au climat dans les pays vulnérables, après un an de négociations très tendues entre pays du Nord et du Sud. Cette adoption dès le premier jour permettrait aux délégués de se concentrer sur les autres batailles à l'ordre du jour, à commencer par les énergies fossiles.
Charles, Israël et Palestiniens
Jeudi matin, des milliers de participants commençaient à affluer dans une ambiance feutrée, sans l'ombre d'une manifestation à ce stade.
Plus de 97.000 personnes (délégations, médias, ONG, lobbys, organisateurs, techniciens...) sont accréditées, deux fois plus que l'an dernier, et environ 180 chefs d'Etats et de gouvernements sont attendus selon les organisateurs d'ici le 12 décembre, fin théorique de la conférence.
Le pape François, grippé, a annulé sa venue, mais plus de 140 dirigeants défileront à la tribune vendredi et samedi, après la journée cérémonielle d'ouverture jeudi, pour des discours de quelques minutes censés donner une impulsion politique aux négociations byzantines qui occuperont les délégations pendant deux semaines.
Le roi Charles III s'exprimera vendredi en ouverture de ce sommet de dirigeants, sans Joe Biden, remplacé par sa vice-présidente Kamala Harris, ni Xi Jinping.
Le président israélien Isaac Herzog et le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pourraient se croiser car ils sont inscrits pour s'exprimer à quelques minutes d'intervalle vendredi.
Les Emiratis préparent un déluge inaugural d'engagements volontaires d'Etats pour, par exemple, tripler les renouvelables d'ici 2030 ou doper les aides financières des pays riches vers les plus vulnérables.
Depuis 2015, une centaine de pays se sont engagés à la neutralité carbone, le solaire est devenu l'énergie la moins chère pour générer de l'électricité, le pic de la demande en énergies fossiles est en vue cette décennie et l'Agence internationale de l'énergie s'attend à ce que plus du tiers des voitures neuves dans le monde soient électriques en 2030, un scénario impensable avant 2015.