Otages: après la libération, la grande incertitude des séquelles psychologiques

Des membres de la Croix-Rouge internationale se tiennent à l'extérieur du camp militaire d'Ofer, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, après le transport de prisonniers palestiniens depuis trois prisons israéliennes, le 24 novembre 2023. (AFP)
Des membres de la Croix-Rouge internationale se tiennent à l'extérieur du camp militaire d'Ofer, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, après le transport de prisonniers palestiniens depuis trois prisons israéliennes, le 24 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 24 novembre 2023

Otages: après la libération, la grande incertitude des séquelles psychologiques

  • L'expérience même d'un otage présente des particularités susceptibles de servir de ressort à des troubles futurs: isolement, humiliations potentielles, sentiment d'impuissance...
  • Un élément, enfin, complique le suivi des séquelles psychologiques: les troubles peuvent mettre longtemps à émerger

PARIS: Les otages détenus par le Hamas à Gaza, dont un premier groupe doit être libéré vendredi, parviendront-ils à se remettre psychologiquement ? Difficile de répondre, selon les experts, tant la capacité à récupérer après une telle épreuve varie de façon imprévisible d'une personne à l'autre.

"Toutes les personnes qui sortent de captivité (...) ne développent pas un stress post-traumatique ou d'autres troubles mentaux, mais c'est le cas d'une importante minorité", explique le psychiatre britannique Neil Greenberg, spécialiste des traumatismes psychologiques.

La question se pose alors qu'une dizaine d'otages, femmes et enfants, doivent être libérés vendredi dans le cadre d'une trêve conclue entre Israël et le Hamas palestinien, après avoir été captifs de ce dernier, à Gaza, pendant un mois et demi. L'accord prévoit au total la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens.

Environ 240 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre, lors de l'attaque du Hamas qui a causé la mort de 1.200 personnes, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

Quelles séquelles mentales garderont ces otages ? Et, sans qu'il soit question de mettre en concurrence les traumatismes, y a-t-il une spécificité psychologique par rapport à d'autres expériences comme les bombardements par Israël sur Gaza, à l'origine de très nombreux morts civils ?

En général, "il n'y a pas de symptôme du stress post-traumatique qui soit spécifique aux otages", tranche M. Greenberg.

En revanche, l'expérience même d'un otage présente des particularités susceptibles de servir de ressort à des troubles futurs: isolement, humiliations potentielles, sentiment d'impuissance...

De plus, les prises d'otages, par la médiatisation dont elles font souvent l'objet, mettent particulièrement en lumière la capacité des victimes à se remettre ou pas.

Certaines ont sombré, comme le journaliste Brice Fleutiaux, qui a mis fin à ses jours en 2001, peu de temps après avoir été retenu en otage en Tchétchénie, ou l'héritier John Paul Getty III, qui ne s'est jamais remis de son enlèvement en Italie dans les années 1970 alors qu'il était enfant, et a plongé dans une spirale d'addictions qui l'ont laissé tétraplégique jusqu'à sa mort.

Sans être aussi dramatiques, une vaste série de symptômes post-traumatiques ont été recensés chez les anciens otages: difficultés à se concentrer et pertes de mémoire, accès dépressifs ou anxieux, mise en retrait de la vie sociale.

Difficile à étudier 

Mais les victimes tendent tout de même à reprendre le contrôle de leur vie, et certains anciens otages, aussi paradoxal que cela puisse paraître, enregistrent à terme des conséquences positives de leur expérience sur le plan psychologique.

Comment expliquer ces différences ? Les psychiatres peinent à répondre et admettent qu'il est difficile de savoir à l'avance si un otage risque plus qu'un autre de développer des troubles mentaux.

"On n'a pas clairement délimité les facteurs qui conduisent à une évolution défavorable après une prise d'otage", admettaient en 2009 les auteurs d'un résumé sur le sujet, dans la revue de la Société royale britannique de médecine (RSM).

Quelques possibles facteurs de risque ont toutefois été identifiés: être une femme, avoir un faible niveau d'études, avoir été séquestré longtemps... Mais ces travaux datent et la recherche est difficile à mener sur le sujet.

"Pour des raisons éthiques et pratiques, en particulier quand des enfants sont en jeu, il est difficile de suivre les otages après leur libération", explique le résumé de la RSM, soulignant le risque de réactiver un traumatisme en interrogeant d'anciens otages. "Les données médicales et scientifiques sont donc relativement modestes."

Beaucoup d'études se basent sur des autobiographies d'anciens otages, un point de vue forcément limité. Des recherches existent aussi sur les anciens prisonniers de guerre, une situation proche mais pas équivalente aux otages.

Un élément, enfin, complique le suivi des séquelles psychologiques: les troubles peuvent mettre longtemps à émerger.

"Cela peut ressurgir un an, deux ans, dix ans après, et c'est absolument imprévisible", explique à l'AFP la psychiatre Christine Roullière, spécialiste des troubles post-traumatiques, qui souligne notamment la nécessité d'une prise en charge dès la libération d'un otage.

Il faut "tout de suite permettre à la personne de verbaliser ce qu'elle a pu vivre", insiste-t-elle. "C'est une façon de remettre dans le fil de sa vie des événements hors normes qui l'ont fait passer de l'autre côté du miroir. L'objectif, c'est d'accompagner le retour dans le monde des vivants."


Blinken inquiet des «  actions provocatrices  » de la Chine autour de Taïwan

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a fait part de ses inquiétudes sur les "actions provocatrices" de la Chine autour de Taïwan, lors d'un entretien qualifié d'"ouvert et constructif" avec son homologue chinois Wang Yi, a déclaré un haut responsable du département d'Etat. (AFP)
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a fait part de ses inquiétudes sur les "actions provocatrices" de la Chine autour de Taïwan, lors d'un entretien qualifié d'"ouvert et constructif" avec son homologue chinois Wang Yi, a déclaré un haut responsable du département d'Etat. (AFP)
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  • Le secrétaire d'Etat Antony Blinken et le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi ont eu des "discussions ouvertes et productives sur les questions bilatérales, régionales et mondiales"
  • Les deux homme se sont rencontrés dans l'après-midi pendant 1h20, leur sixième rendez-vous en dix-huit mois, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Asie du Sud-Est dans la capitale du Laos

VIENTIANE: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a fait part de ses inquiétudes sur les "actions provocatrices" de la Chine autour de Taïwan, lors d'un entretien qualifié d'"ouvert et constructif" avec son homologue chinois Wang Yi, a déclaré un haut responsable du département d'Etat.

Le chef de la diplomatie américaine a fait part des "préoccupations des États-Unis concernant les actions provocatrices menées récemment par la Chine, notamment une simulation de blocus au moment de l'investiture" du président taïwanais Lai Ching-te, a déclaré le haut responsable américain.

La Chine revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire et a multiplié les intimidations à l'encontre de l'île gouvernée de façon démocratique ces dernières années.

Après l'investiture du nouveau président Lai Ching-te, en mai, la Chine a encerclé Taïwan avec des navires de guerre et des avions militaires dans le cadre de manoeuvres militaires. Ces exercices faisaient suite à un discours d'investiture que la Chine a dénoncé comme un "aveu d'indépendance".

Le secrétaire d'Etat Antony Blinken et le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi ont eu des "discussions ouvertes et productives sur les questions bilatérales, régionales et mondiales" lors de leur rencontre samedi à Vientiane au Laos, a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

Les deux homme se sont rencontrés dans l'après-midi pendant 1h20, leur sixième rendez-vous en dix-huit mois, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Asie du Sud-Est dans la capitale du Laos.

Blinken a également évoqué la question des droits humains à Taïwan, au Tibet et à Hong-Kong, ainsi que le soutien de la Chine à la Russie dans sa guerre en Ukraine.

Il a enfin "soulevé la question des personnes incarcérées injustement en Chine et la nécessité de progresser su ce point", a déclaré le responsable.

Après le Laos, le secrétaire d'Etat américain continue sa tournée de six pays à Hanoï, au Vietnam, pour présenter ses condoléances aux dirigeants vietnamiens après le décès du secrétaire général Nguyen Phu Trong. Joe Biden y avait effectué un voyage historique à l'automne dernier.

Il se rendra ensuite au Japon, aux Philippines, à Singapour et en Mongolie.


Moscou juge contradictoires les déclarations venant de Kiev sur des pourparlers de paix

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé contradictoires samedi les propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son chef de la diplomatie sur des pourparlers de paix, affirmant "ne pas les écouter". (AFP)
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé contradictoires samedi les propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son chef de la diplomatie sur des pourparlers de paix, affirmant "ne pas les écouter". (AFP)
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  • M. Lavrov, qui se trouve à Vientiane au Laos, s'exprimait après la visite effectuée en Chine cette semaine par le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba
  • M. Lavrov faisait référence aux récents commentaires de M. Zelensky et de M. Kouleba sur un ton quelque peu dédaigneux

VIENTIANE: Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé contradictoires samedi les propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son chef de la diplomatie sur des pourparlers de paix, affirmant "ne pas les écouter".

M. Lavrov, qui se trouve à Vientiane au Laos, s'exprimait après la visite effectuée en Chine cette semaine par le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba et des déclarations du président Zelensky selon lequel Pékin a envoyé un "signal clair" de soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Interrogé par des journalistes russes en marge d'une réunion de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), M. Lavrov faisait référence aux récents commentaires de M. Zelensky et de M. Kouleba sur un ton quelque peu dédaigneux.

Dans un entretien à la chaîne ukrainienne TSN consacré à sa visite à Pékin vendredi, M. Kouleba a déclaré que Kiev ne pouvait être contraint à négocier avec Moscou et que Pékin, désireux de jouer un rôle de médiateur après l'invasion russe, respectait l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

M. Kouleba "ne dit pas cela pour la première fois et il a parfois déclaré exactement le contraire", a affirmé M. Lavrov.

"Il n'y a pas si longtemps, ils (les Ukrainiens) parlaient de négociations. M. Zelensky s'est dit prêt à enfin se mettre à la table des négociations avec des représentants russes. Pour être honnête, je ne les écoute pas", a poursuivi le chef de la diplomatie russe.

En outre, M. Lavrov a déclaré avoir évoqué avec son homologue chinois, Wang Yi, à Vientiane, les propos qui avaient été tenus lors de la visite de M. Kouleba. Les Russes "ont senti que la position chinoise restait inchangée", a-t-il affirmé.

Selon M. Lavrov, Pékin insiste sur le fait que le format des pourparlers de paix doit être "acceptable pour toutes les parties".

M. Zelensky a déclaré récemment que la Russie devrait être représentée lors d'un deuxième sommet de paix, contrairement au premier qui s'est tenu en Suisse en juin dernier sans la Russie - raison pour laquelle Pékin n'y avait pas participé.

M. Lavrov a également évoqué la position que l'ex-président américain républicain Donald Trump pourrait adopter sur l'Ukraine s'il remportait l'élection présidentielle de novembre, après les propos de l'ex-secrétaire d'État Mike Pompeo dans les colonnes du Wall Street Journal cette semaine.

"À propos de Trump, j'ai entendu dire qu'il avait proposé, au lieu de simplement donner de l'argent à l'Ukraine, de lui prêter 500 milliards de dollars sous la forme d'un prêt-bail", a déclaré M. Lavrov, y voyant le pragmatisme "d'un homme d'affaires".

"Je ne peux pas commenter de nombreuses idées qui ne sont pas vraiment sérieuses", a ajouté M. Lavrov.

"Quand on propose quelque chose de sérieux, bien sûr, comme l'a dit le président, nous sommes toujours prêts à avoir une conversation honnête, en tenant compte des réalités actuelles", a encore déclaré le ministre russe.


HRW exhorte le Royaume-Uni à abandonner son recours contre le mandat d'arrêt de la CPI visant Netanyahu

Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
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  • La directrice britannique de l'organisation juge "absolument crucial" que le nouveau gouvernement "honore ses engagements"
  • La CPI cherche à arrêter le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens

LONDRES: Human Rights Watch (HRW) appelle le nouveau gouvernement britannique à renoncer au recours juridique du pays contre les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant des dirigeants israéliens.

L'ancien Premier ministre Rishi Sunak avait contesté plus tôt cette année l'émission par la Cour de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.

Selon The Guardian, Karim Khan, procureur en chef de la CPI, a déclaré qu'il existait des motifs crédibles pour tenir les deux dirigeants responsables de crimes contre l'humanité.

Yasmine Ahmed, directrice de HRW au Royaume-Uni, insiste sur l'importance "cruciale" pour le nouveau Premier ministre Keir Starmer de retirer le recours contre la CPI.

Il y a deux semaines, The Guardian annonçait que le nouveau gouvernement envisageait d'abandonner l'affaire. 

Des diplomates britanniques ont ensuite démenti ces rumeurs, affirmant que la décision était "toujours à l'étude".

Le gouvernement a jusqu'au 26 juillet pour décider de la poursuite ou non du recours, selon les règles de la CPI.

Ahmed a déclaré que le gouvernement travailliste devait adopter un "réalisme progressiste", concept proposé par le nouveau ministre des Affaires étrangères David Lammy.

Elle s'interroge: "Le gouvernement britannique sera-t-il assez mûr pour respecter ses propres déclarations sur le droit international et l'ordre mondial en retirant sa demande d'intervention dans l'affaire de la CPI? Nous verrons si les actes suivront les paroles."
"Le monde auquel ils font face est d'une complexité inouïe. Nous assistons à des crises d'une ampleur sans précédent depuis des décennies", ajoute-t-elle.

Ahmed salue la décision du Labour de reprendre le financement britannique de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Cette décision laisse les États-Unis seuls à ne pas avoir repris le financement de l'UNRWA après le boycott controversé de l'agence plus tôt cette année.

"Nous ne pouvons pas promouvoir un ordre international fondé sur des règles si nous ne l'appliquons pas nous-mêmes", conclut Ahmed. "Nous devons donner au (gouvernement) l'opportunité d'être à la hauteur de sa rhétorique."