RABAT: Neuf sociétés pétrolières, parmi lesquelles le géant français TotalEnergies, devront payer l'équivalent de plus de 165 millions d'euros d'amendement pour pratiques anticoncurrentielles sur le marché de la distribution d'hydrocarbures au Maroc, selon un communiqué officiel publié jeudi.
Le Conseil de la concurrence a fait état d'accords avec ces neuf entreprises qui mettent un terme à une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre au Maroc, l'une des sociétés étant détenues par le Premier ministre Aziz Akhannouch.
"Ces accords portent sur le paiement, à titre de règlement transactionnel, d'un montant global de 1,84 milliards de dirhams", a indiqué le Conseil de la concurrence.
Les accords portent également sur "un ensemble d'engagements comportementaux impliquant ces sociétés ainsi que leur organisation professionnelle ont souscrit afin d'améliorer le fonctionnement compétitif du marché des hydrocarbures à l'avenir, de prévenir les risques d'atteinte à la concurrence au bénéfice des consommateurs", d'après cette source.
En 2020, l'autorité de la concurrence avait conclu à une entente entre trois sociétés pétrolières dominant le marché marocain --le géant français Total, Afriquia et Vivo Energy, distributeur exclusif de Shell au Maroc-- et les avait sanctionnées financièrement, ce qui n'avait jamais été suivi d'effet.
Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 qui a fait flamber les prix pétroliers, l'affaire a pris une tournure plus politique puisque l'Afriquia, le leader du marché des hydrocarbures au Maroc, est propriété de l'actuel chef du gouvernement (arrivé au pouvoir en 2021) et homme d'affaires Aziz Akhannouch.
Dépourvu d'hydrocarbures, le Maroc importe la totalité de ses besoins en produits pétroliers. Après avoir longtemps subventionné les carburants, le pays a libéralisé le secteur en 2015, laissant aux importateurs le soin de fixer librement le prix des carburants à la pompe.
Depuis, les importateurs de carburants ont considérablement augmenté leurs marges. Et surtout, les prix sont restés quasiment inchangés d'une station à une autre, nourrissant des critiques et des soupçons d'entente sur les prix.
En 2018, un rapport présenté en commission parlementaire avait suscité la polémique concernant les marges à la pompe -entre 1,2 et 1,5 milliard d'euros de surgain depuis 2015 selon les estimations.
Troisième distributeur de produits et services pétroliers dans le pays maghrébin, TotalEnergies Marketing détient une part de marché estimée à 15%.