FRANCFORT: La pause sur les taux décidée en octobre par la Banque centrale européenne (BCE) n'avait rien d'un "message de complaisance", les fortes incertitudes entourant l'économie appelant à rester vigilant, selon le compte-rendu de la réunion publié jeudi.
Tout en décrétant une pause sur les taux, après dix relèvements d'affilée pour combattre l'inflation élevée en zone euro, la BCE a voulu souligner "l'incertitude considérable entourant l'évolution des perspectives économiques et d'inflation au cours d'une phase de ralentissement de l'économie", énonce le document.
Aussi, le conseil des gouverneurs, instance qui décide du cap de la politique monétaire, devait dans sa communication "éviter d'envoyer un message de complaisance", est-il écrit.
Ce faisant, la BCE voulait éviter que ne s'installe dès à présent un débat sur de futures baisses de taux.
Depuis un an, l'inflation en zone euro est certes tombée de 10,6% à 2,9%, grâce à la rechute des prix de l’énergie, mais aussi à l'accalmie sur les prix des denrées alimentaires et d'autres biens, et même des services.
Mais plusieurs ténors de la BCE ont déclaré ces derniers temps que le plus dur restait à faire pour ramener l'inflation à l'objectif de 2%.
La présidente de la BCE Christine Lagarde a prévenu mardi qu'il n'était "pas encore temps de crier victoire" en la matière.
En octobre, les gardiens de l'euro se sont inquiétés de l'évolution de la situation au Moyen-Orient qui pourrait "entraîner des chocs liés à l'offre d'énergie" avec "des conséquences négatives à la fois sur la croissance et sur l'inflation à l'échelle mondiale" à l'instar de ce qu'ont montré les années 1970, selon le compte-rendu.
De nouvelles hausses des taux d'intérêt seraient même envisageables "si nécessaire, même si cela ne faisait pas partie du scénario de référence actuel", est-il indiqué.
"On ne sait pas encore si ce cycle de hausse est désormais terminé", a déclaré jeudi à Milan le président de la Banque fédérale d'Allemagne Joachim Nagel.
Le compte-rendu de la BCE souligne son "approche plus prudente sur l'économie" et suggère que le débat monétaire va désormais se concentrer sur "des taux +élevés pour plus longtemps+", sans pouvoir encore fermer la porte à de nouvelles hausses, commente Carsten Brzeski, économiste chez ING.