A Khan Younès, des dizaines de morts anonymes enterrés

Des Palestiniens se préparent à enterrer des corps dans une fosse commune du cimetière de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023 (Photo, AFP).
Des Palestiniens se préparent à enterrer des corps dans une fosse commune du cimetière de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 novembre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 23 novembre 2023

A Khan Younès, des dizaines de morts anonymes enterrés

  • Les bâches sont numérotées, sans patronyme, selon des membres du comité, les dépouilles se trouvaient dans le nord du territoire
  • Le directeur d'une société de transport, Khalil Siam, a affirmé à un journaliste de l'AFP sur place que les corps étaient arrivés la veille dans la nuit

KHAN YOUNES: A chaque jour, son nouvel épisode macabre. Des dizaines de personnes non identifiées ont été enterrées mercredi dans une fosse commune d'un cimetière de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Plus de 80 cadavres, enroulés dans des bâches bleues, certains correspondant à la taille d'enfants, ont été déposés, parfois depuis un brancard maculé de sang, dans une fosse sableuse, agrandie au fur et à mesure par une pelleteuse.

"Comme ces martyrs n'ont personne pour leur dire adieu, nous avons creusé une fosse commune pour les enterrer. Ce sont des martyrs inconnus", explique à l'AFP Bassem Dababesh, membre du comité d'urgence du ministère des Affaires religieuses du Hamas.

Les bâches sont numérotées, sans patronyme. Selon des membres du comité, les dépouilles se trouvaient dans le nord du territoire, à l'hôpital indonésien ainsi qu'à l'hôpital al-Chifa.

Le premier, situé en bordure du camp de réfugiés de Jabaliya, qui avait été touché par des frappes israéliennes, avait été partiellement évacué lundi, selon le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh.

«Des corps partout»

"Il y avait des corps partout. Si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux, je ne l'aurais pas cru", a raconté à l'AFP Oum Mohammed al-Ran, une femme évacuée de l'hôpital indonésien vers Rafah (sud).

"On a vu des blessés mourir devant nous parce qu'ils se vidaient de leur sang. L'odeur des corps était partout dans l'hôpital, les malades criaient de douleur et réclamaient des antalgiques et les médecins ne pouvaient pas leur en donner".

Elle montre une vidéo filmée avec son téléphone. On y voit un patient avec une plaie infectée à une jambe et de laquelle sortent des vers.

La situation est similaire dans le plus grand hôpital du territoire, al-Chifa.

Mi-novembre, en parallèle d'une opération militaire israélienne de grande envergure, le directeur de l'établissement avait affirmé que 179 corps avaient été enterrés dans une fosse commune. Dont sept bébés prématurés, morts faute d'électricité alimentant leurs couveuses.

Les corps arrivés à Khan Younès auraient été "détenus" par Israël et rendus grâce à l'intervention de "pays tiers et des Nations unies", a précisé le comité du ministère des Affaires religieuses.

Le directeur d'une société de transport, Khalil Siam, a affirmé à un journaliste de l'AFP sur place que les corps étaient arrivés la veille dans la nuit, précisant qu'il ignorait "s'ils étaient en état de décomposition ou pas".

Contactées, l'armée israélienne et plusieurs agences de l'ONU opérant à Gaza n'avaient pas répondu mercredi soir.

Choc

Alors que les morts se comptent par milliers à Gaza, la question des obsèques est de plus en plus dramatique et choque profondément.

Dès le début de la guerre, des Palestiniens avaient dû inhumer leurs proches à la hâte sur des parcelles privées ou même un terrain de football, quand les cimetières étaient pleins ou inaccessibles en raison des combats.

Dès le 15 octobre, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, avait dénoncé un début de pénurie de sacs mortuaires.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, où 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées selon les autorités et près de 240 prises en otage.

En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et pilonne sans relâche Gaza. Selon le gouvernement du mouvement islamiste, plus de 14.000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens, dont plus de 5.500 enfants.

Des milliers d'entre eux devraient encore être coincés sous les décombres.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.