Accord sur les otages à Gaza: Une victoire pour Biden, sommé d'en faire plus

Le président américain Joe Biden s'exprime lors d'une réunion sur les progrès visant à contrer l'afflux de fentanyl aux États-Unis, dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche à Washington (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden s'exprime lors d'une réunion sur les progrès visant à contrer l'afflux de fentanyl aux États-Unis, dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 24 novembre 2023

Accord sur les otages à Gaza: Une victoire pour Biden, sommé d'en faire plus

  • Premier soutien d'Israël, le président démocrate s'est dit mardi soir «extraordinairement satisfait» de l'accord
  • Washington a dit, en outre, s'attendre à ce que cela permette l'arrivée d'une aide humanitaire cruciale pour les civils pris au piège du conflit

WASHINGTON: Pour Joe Biden, l'accord entre Israël et le Hamas sur une prochaine libération d'otages et une pause dans les combats dans la bande de Gaza est sans conteste une victoire diplomatique.

Mais le président américain, personnellement très investi, n'est pas au bout de ses peines pour à la fois contenir le conflit tout en n'appelant pas à un cessez-le-feu permanent, et jeter les bases d'une solution en vue du "jour d'après".

Premier soutien d'Israël, le président démocrate s'est dit mardi soir "extraordinairement satisfait" de l'accord entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, sous médiation du Qatar, conclu au terme de cinq semaines de négociations "terriblement éprouvantes", selon un responsable américain.

D'après l'accord, qui reste à être mis en œuvre, le Hamas libérera 50 femmes et mineurs enlevés lors des attaques du 7 octobre dans le sud d'Israël, en échange de la libération de 150 prisonniers palestiniens, également des femmes et des jeunes de moins de 19 ans, dans le cadre d'une pause humanitaire de quatre jours censée commencer jeudi.

Environ 240 personnes ont été enlevées ce jour-là par le Hamas, selon l'armée israélienne.

Washington a dit, en outre, s'attendre à ce que cela permette l'arrivée d'une aide humanitaire cruciale pour les civils pris au piège du conflit dans la bande de Gaza.

L'annonce prend une résonance particulière aux Etats-Unis à la veille de la fête de "Thanksgiving", alors que trois ressortissantes américaines dont un enfant de trois ans figure parmi les otages devant être libérés.

L'entourage de M. Biden, qui est en campagne pour sa réélection et dont la cote de popularité un an avant l'élection est en chute, en parti à cause d'une jeunesse qui critique son soutien à Israël, s'est empressé de mettre en avant "une diplomatie infatigable et un effort sans relâche des Etats-Unis", selon le secrétaire d'Etat Antony Blinken.

De fait, les Etats-Unis n'ont pas arrêté d'augmenter leur pression ces dernières semaines sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, au fur et à mesure que la situation dans la bande de Gaza, assiégée et pilonnée par l'armée israélienne depuis le 7 octobre, se détériorait et face aux "trop ​​nombreuses" victimes civiles palestiniennes.

Selon un dernier bilan mardi du Hamas, plus de 14.100 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre. L'attaque du Hamas a fait quant à elle 1.200 morts côté israélien, majoritairement des civils, selon les autorités.

Biden discute de la trêve à Gaza avec ses partenaires du Moyen-Orient

L'administration américaine a négocié aux côtés de ses partenaires qataris et égyptiens en faveur de cet accord annoncé mardi soir, prévoyant la libération d'au moins 50 otages aux mains du Hamas contre celle de plusieurs Palestiniens détenus par Israël et la cessation des hostilités pendant quatre jours.

Joe Biden a discuté séparément avec l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Le président américain a également évoqué avec ses interlocuteurs la question de l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza, où la crise humanitaire s'amplifie.

Rouvrir Kerem Shalom

"En soutenant le droit d'Israël à se défendre et en rejetant les appels à un cessez-le-feu, Biden a gagné en crédibilité auprès de l'opinion publique israélienne ce qui lui permet de faire pression sur Israël pour fournir une plus grande aide aux civils palestiniens", assure Max Boot du Council on Foreign Relations à Washington.

Et "il le fait même si cela lui coûte en termes de soutiens dans son propre camp", ajoute-t-il dans un blog.

C'est que de plus en plus de voix aux Etats-Unis, notamment l'aile gauche du Parti démocrate, s'élèvent pour appeler le président Biden à se montrer encore plus ferme vis-à-vis de son allié israélien.

Dans une lettre envoyée lundi au président américain, plusieurs sénateurs démocrates s'inquiètent ainsi que "des souffrances accumulées et prolongées à Gaza (...) n'exacerbent les tensions existantes et n'érodent les alliances régionales".

Selon eux, l'administration Biden doit "définir instantanément une vision de l'avenir d'Israël et de la Palestine, ainsi que le rôle que notre pays jouera pour encourager une résolution pacifique et la reconstruction".

Ils appellent par ailleurs la Maison Blanche à faire pression sur Israël pour la réouverture du point de passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza. Actuellement, le seul point d'entrée dans la bande de Gaza se situe à Rafah, à la frontière avec l'Egypte.

Pour le lobby pro-israélien J Street, de tendance progressiste, "il est absolument essentiel (...) que l'administration Biden fixe des lignes rouges claires et insiste sur un changement significatif dans la conduite de cette opération militaire", et devrait savoir qu'elle n'apportera pas "un soutien illimité à une guerre sans limites et sans stratégie de sortie".


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.