PARIS: Absent de marque du congrès des maires cette année, Emmanuel Macron s'est engagé mercredi devant un millier d'élus réunis à l'Elysée à mener dans "l'année qui vient" une décentralisation "réelle et audacieuse", accompagnée d'une "refonte" de la fiscalité locale.
"Nous avons un système qui est cul par dessus tête", a lancé à son auditoire le président de la République, fixant "quatre objectifs pour l'année qui vient" pour "désembrouiller" le fonctionnement des collectivités locales.
A commencer par la décentralisation, qu'il souhaite "réelle et audacieuse" pour que chacun sache enfin "clairement qui fait quoi" car "le partage des compétences ça ne marche pas".
Et de prendre pour exemple le RSA sur lequel "les départements n'ont aucune responsabilité", tout en se demandant s'il est "raisonnable" de garder "l'essentiel de la politique du logement au niveau central".
Quitte à redistribuer les cartes, le chef de l'Etat s'est aussi dit "prêt à ce qu'on rouvre" le débat sur la fiscalité, en confiant au Comité des finances locales "un travail de refonte de la DGF" - la dotation globale de financement, principale ressource des communes, départements et régions - pour aboutir à "un système plus juste, plus clair et plus lisible".
Le chef de l'Etat a ensuite vanté "le couple maire-préfet" en modèle d'une simplification qui supposera selon lui de "bousculer un peu tout le monde", en donnant "plus de place à la déconcentration et au droit de déroger".
Ce chantier nécessitera toutefois d'être "courageux sur la responsabilité pénale des décideurs locaux, qu'ils soient élus ou fonctionnaires", a-t-il ajouté, estimant que "le risque judiciaire a inhibé l’initiative".
Reconnaissant qu'il n'avait "pas réussi à entraver" les démissions de maires, signe d'un "découragement", il a indiqué qu'un texte de loi abordant notamment les questions de rémunération, de formation et de reconversion des élus locaux serait "finalisé l'année prochaine" pour "régler une partie du problème".
Un discours bien accueillie par le maire de Briançon (Hautes-Alpes), Arnaud Murgia, qui a jugé le chef de l'Etat "au rendez-vous des annonces concrètes" avec la volonté "d'ouvrir les bons chantiers de manière pertinente".
Le président "a posé les vrais sujets", a également estimé Thibault Guignard, édile de Ploeuc-L'Hermitage (Côtes-d'Armor), qui retient que M. Macron s'est exprimé "avec les mots de quelqu'un qui a compris le message des maires".
Mais le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard, est resté sceptique. "L'AMF attend des actes", a réagi le maire de Cannes auprès de l'AFP, notant que "certains éléments" avancés par le chef de l'Etat "reprennent les propositions et aspirations répétées" des élus locaux.