BEYROUTH: Les hostilités menées par le Hezbollah contre les avant-postes militaires israéliens se sont considérablement intensifiées lundi, le groupe recourant à des armes encore plus élaborées.
Dans un contexte d’escalade militaire notable sur le front sud, l’ambassadeur de Russie au Liban, Alexandre Rudakov, a déclaré au ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, que «ce qui se passait au Sud était très dangereux et devait être arrêté».
Le diplomate russe a indiqué: «Les deux parties ont principalement discuté des événements qui se déroulent dans la région, et en particulier à Gaza.»
Il a affirmé que la Russie avait appelé à la paix et à l'arrêt des opérations militaires auprès de toutes les instances internationales.
«Nous sommes en contact permanent et nous suivons de près toute une série de questions et de sujets d'intérêt, qu'ils soient bilatéraux ou internationaux», a-t-il ajouté.
La réaction de l’ambassadeur est intervenue après l’avertissement du groupe de Saydet el-Jabal sur le fait que la région «se dirigeait vers une situation compliquée et dangereuse qui nécessitait les plus hauts degrés de vigilance politique et de solidarité interne».
Le groupe, qui comprend des politiciens et des militants, a également estimé que le Hezbollah mettait une fois de plus en danger l’unité du peuple libanais.
Ce commentaire faisait suite à une déclaration de cheikh Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, qui a affirmé il y a deux jours que le Hezbollah «continuera à être armé et entraîné malgré toutes les voix de l’opposition libanaise».
Saydet el-Jabal a ajouté: «Comment le Hezbollah peut-il prétendre protéger l’intérêt national du Liban alors qu’il se place au-dessus de la Constitution ainsi que des résolutions internationales et arabes sur ce sujet?»
La frontière israélo-libanaise est le théâtre d’échanges de tirs quotidiens depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Lundi, le Hezbollah a annoncé avoir frappé – pour la première fois – l’avant-poste de Branit avec quatre missiles Burkan.
Une vidéo publiée par les médias israéliens montre les importantes destructions provoquées par les missiles.
Dans deux déclarations consécutives, le Hezbollah a confirmé que le but des bombardements était de «soutenir notre peuple palestinien qui résiste dans la bande de Gaza et d’appuyer sa résistance».
Les médias israéliens ont rapporté que «vingt-cinq missiles et obus d’artillerie, en plus d’un drone kamikaze, avaient été lancés à partir du Liban vers les colonies de Kiryat Shmona et Margaliot, y causant des dégâts».
Le missile Burkan est conçu par l’Iran et produit dans les ateliers de la 4e division de l’armée syrienne.
Il s’agit d’un missile balistique à courte portée qui transporte une charge explosive de 500 kg – soit une demi-tonne d’explosifs – avec une portée qui va jusqu’à 10 km. Il est propulsé à partir de lanceurs tactiques à courte portée.
Chaque batterie est dotée de trois lances de tir montées sur un char d’assaut ou sur tout véhicule ou camion blindé.
Le Hezbollah a utilisé ce missile pour la première fois au début du mois de novembre lorsqu'il a visé l'avant-poste israélien de Jal al-Alam, en face du village frontalier libanais d'Al-Dahira.
Les affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne sur le front sud libanais durent depuis quarante-quatre jours.
Le Hezbollah a annoncé avoir ciblé «une force d’infanterie israélienne sur la colline d’Al-Karantina, près de l’avant-poste de Hadeb Yaroun, et deux unités d’infanterie israélienne, l’une à proximité de l’avant-poste de Dahira, l’autre dans le triangle d’Al-Tayhat, les touchant directement».
Le groupe a également annoncé avoir ciblé «l’avant-poste de Zibdin, dans les fermes libanaises occupées de Chebaa, avec les armes adéquates, en plus du fait d’avoir visé avec trois drones une position des forces d’occupation israéliennes à l’ouest de Kiryat Shmona.»
L’armée israélienne a répondu aux opérations du Hezbollah par des bombardements terrestres et aériens, prenant pour cibles de nombreux endroits au Liban.
Elle a indiqué que «des grenades propulsées par fusée avaient été lancées à partir du Liban vers Kiryat Shmona», ajoutant que «trois drones avaient été interceptés en Haute Galilée.»
Les tirs d'artillerie visaient la périphérie des villages d e Yarine, Al-Dahira, Tayr Harfa, Rab el-Thalathine, Mhaibib et Al-Jabin.
L'artillerie israélienne a également orienté ses tirs vers la périphérie des villages de Houla, Wadi Saluki, Yaroun et Naqoura, ainsi qu'une forêt entre Deir Mimas et Kfar Kila.
Un agriculteur qui travaillait dans la vallée située entre Markaba et Houla a été victime des incendies provoqués par l'artillerie israélienne.
La région qui se trouve entre les villages de Rmeich et d'Aïta ach-Chab a été soumise à des tirs directs d'artillerie. Les bombardements ont également atteint la maison du député Kabalan Kabalan à Meiss el-Jabal.
En outre, des hélicoptères israéliens ont bombardé les abords du village de Maroun al-Ras.
Selon les médias israéliens, le Hezbollah a lancé «plus de mille missiles à partir du Liban vers des cibles israéliennes depuis le début des opérations».
Le site Internet d’Al-Manar, affilié au Hezbollah, a publié «un tableau qui montre que le nombre de victimes de l’armée israélienne réparties dans les hôpitaux des colonies frontalières du Liban s’élevait à 1 523».
Des bombardements israéliens ont touché dimanche après-midi une voiture civile qui circulait du village frontalier d'Odaisseh, à Kfar Kila.
La Libanaise Sanaa Hussein Rislan se trouvait avec son fils lorsque l'obus d'artillerie est tombé près d'eux. Elle a été blessée et admise dans un hôpital.
Presque tous les habitants de la région frontalière ont évacué la zone et ont fui au nord de la Ligne bleue.
L'Unité de gestion des risques de catastrophe de l'Union des municipalités de Tyr a annoncé que le nombre de Libanais déplacés avait atteint dimanche 16 276. Ils ont été répartis dans les villages du district ainsi que dans quatre abris.
Elle a ajouté qu'elle travaillait en coopération avec des associations et des organisations internationales pour répondre aux besoins des personnes déplacées, dans la limite des moyens disponibles.
À l’approche de l’hiver, le nombre de personnes déplacées augmente chaque jour, ce qui complique davantage encore le chauffage des abris.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com