PARIS : L'auteur présumé d'une attaque terroriste au couteau, qui avait fait deux morts et cinq blessés en avril à Romans-sur-Isère (Drôme) est «accessible à une sanction pénale», selon une expertise psychiatrique qui permet d'envisager un procès, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Dans une expertise psychiatrique, signée le 5 décembre et révélée par le quotidien Le Dauphiné Libéré, deux experts concluent que le discernement d'Abdallah Ahmed-Osman était «altéré» au moment des faits, tout en estimant qu'il peut être jugé, a confirmé à l'AFP une source proche du dossier.
Pour les deux psychiatres, qui l'ont rencontré le 27 novembre à l'unité d'hospitalisation spécialement aménagée de Villejuif (Val-de-Marne), M. Ahmed-Osman a eu «des gestes criminels à la fois délirants et terroristes».
«Ses gestes (...) empruntent la légitimation de leur haine vengeresse à l'idéologie islamiste radicale et à ses justifications habituelles», écrivent les deux experts dans leurs conclusions que l'AFP a pu consulter.
Ces conclusions «signifient en l'état qu'il y aura un jugement, c'est ce que souhaitaient les parties civiles pour que justice soit rendue», a réagi auprès de l'AFP, Me Guillaume Fort, qui représente des victimes et des familles de victimes.
Les avocats de la défense peuvent demander une contre-expertise.
Le 4 avril, Abdallah Ahmed-Osman, un réfugié soudanais de 33 ans, avait tué à l'arme blanche un client d'une boucherie né en 1965 et un commerçant né en 1976.
Cinq personnes avaient également été blessées dans cette attaque qui s'était déroulée en fin de matinée dans les rues et les commerces du centre de Romans-sur-Isère, pendant le confinement.
Inconnu des services de police et de renseignement, le terroriste présumé était arrivé en août 2016 en France où il avait obtenu le statut de réfugié et un titre de séjour en 2017.
Il a été mis en examen pour «assassinats et tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste» et incarcéré.
«Des documents manuscrits à connotation religieuse» dans lesquels il se plaignait «notamment de vivre dans un pays de mécréants» avait été découverts à son domicile, avait indiqué le parquet national antiterroriste.
L'homme, qui reconnait les faits sans s'en souvenir en détails et qui avait tenu des propos confus en garde à vue, aurait agi seul. Employé dans la maroquinerie, il semblait vivre difficilement le confinement et des anxiolytiques avaient été retrouvés chez lui.
Les experts psychiatres ont relevé «une personnalité fragile, supportant mal l'isolement et l'éloignement de son pays et de sa famille».