PARIS: Sans les drones de la préfecture de police de Paris (PP), la cathédrale Notre-Dame se serait effondrée. L'été prochain, ils seront l'un des outils-clé de la sécurisation des Jeux olympiques de Paris-2024, un immense défi en période de menace terroriste élevée.
Ils ressemblent à des araignées métalliques, à des jouets télécommandés, mais bourrés d'électronique. La police ne les présente pas comme l'alpha et l'oméga de la sécurité, mais plutôt "des aides à la décision sur le terrain opérationnel".
Guidés par un "télépilote", leurs évolutions sont suivies en direct dans la salle de commandement de la PP.
Ils sont les "yeux" de la préfecture de police, résume le commissaire Matthieu Thibault, numéro 2 des unités spécialisées de la direction de l'ordre public (DOPC), dont les drones et leurs télépilotes font partie.
En avril 2019, les pompiers de Paris n'ont pas encore de drones, seule l'unité des moyens aériens (UMA) de la PP en possède. C'est grâce à l'un d'eux qu'est repéré un foyer d'incendie au milieu des deux beffrois de la cathédrale Notre-Dame en proie aux flammes.
"A vingt minutes près, l'un d'eux s'effondrait et la cathédrale avec", se souvient Jean-Yves (prénom modifié), qui était alors aux commandes du drone. "Les pompiers ont repositionné les lances sur les deux beffrois et ont sauvé Notre-Dame".
Depuis 2020, l'UMA a intégré la Direction de l'ordre public de la PP. Mais le recours à l'usage de drones équipés de caméras pour le maintien de l'ordre n'est autorisé que depuis un décret du 19 avril 2023, qui l'encadre strictement.
Leurs caméras ne peuvent procéder à la captation du son, ni être équipées de systèmes de traitement automatisé de reconnaissance faciale.
L'utilisation des drones pour le maintien de l'ordre ou la surveillance des frontières doit être autorisée par le préfet dans les départements, à Paris par le préfet de police.
Ils ont été utilisés pour la première fois en manifestation en mai dernier.
No fly zone
Si la montée en puissance de cette unité de la police est récente, elle est déjà "performante", assure le commissaire Thibault, qui sera peu prolixe, sécurité oblige, sur ses effectifs et le matériel utilisé.
Paris étant une "no-fly zone" (zone d'exclusion aérienne), les télépilotes s'entraînent hors de la capitale. Leur utilisation au-dessus de la capitale requiert une autorisation spécifique du préfet de police et répond aux "règles de l'aviation civile". Avec autorisation de la tour de contrôle, ajoute le lieutenant J., commandant de cette unité, qui a requis l'anonymat.
En permanence, les sites sensibles de la capitale font l'objet d'une surveillance en continu (détection de mouvements, de vols de drones illicites). Un ensemble d'outils permet le "brouillage" d'un drone suspect et sa récupération.
"Le plus compliqué, c'est de pouvoir interpeller le pilote de l'engin", confie un responsable de la police.
Un survol illégal de Paris est un délit, sanctionné d'une peine allant jusqu'à 75 000 euros d'amende et trois ans de prison, insiste le commandant de l'unité.
Lors de la Coupe du Monde de rugby cet automne, la police a pu éprouver son dispositif. Une vingtaine de drones non malveillants, c'est-à-dire équipés d'appareils photos et non d'armes, ont ainsi été désactivés au dessus du Stade de France notamment, selon une source proche du dossier.
Pour les Jeux olympiques, le défi s'annonce immense. A commencer par la cérémonie d'ouverture avec sa parade navale inédite de 6 kilomètres sur la Seine.
Les drones auront deux objectifs, explique un responsable de la police: la lutte antidrone avec l'armée et la protection des lieux sensibles, mais aussi le suivi du cheminement des foules.
Pour la cérémonie d'ouverture, 100.000 personnes sont attendues sur les quais bas (places payantes) du fleuve et environ 300.000 sur les quais hauts (places gratuites). La jauge définitive n'a pas encore arrêtée, elle devrait l'être en janvier.