L'Ukraine revendique une avancée importante près du Dniepr

La prise de positions en profondeur sur la rive gauche du Dniepr pourrait permettre à Kiev de mener un assaut plus important dans le sud (Photo, AFP).
La prise de positions en profondeur sur la rive gauche du Dniepr pourrait permettre à Kiev de mener un assaut plus important dans le sud (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 19 novembre 2023

L'Ukraine revendique une avancée importante près du Dniepr

  • Si cette avancée se confirmait, ce serait la plus grosse poussée de l'armée ukrainienne face aux Russes depuis plusieurs mois
  • Moscou, de son côté, n'a pas évoqué les têtes de pont ukrainiennes jusque-là

KIEV: L'Ukraine a affirmé dimanche avoir repoussé l'armée russe "de 3 à 8 km" en profondeur sur la rive gauche du Dniepr occupée par l'armée de Moscou, première estimation chiffrée de l'avancée des troupes de Kiev dans cette zone, après des mois de contre-offensive infructueuse.

"Les chiffres préliminaires varient de 3 à 8 km, en fonction des spécificités, de la géographie et de la topographie de la rive gauche", a indiqué une porte-parole de l'armée, Natalia Goumeniouk, à la télévision ukrainienne.

Si cette avancée se confirmait, ce serait la plus grosse poussée de l'armée ukrainienne face aux Russes depuis plusieurs mois.

Natalia Goumeniouk n'a toutefois pas indiqué si les forces ukrainiennes contrôlaient complètement cette zone de la région de Kherson (sud) ou si l'armée russe s'en était retirée face aux assauts des troupes de Kiev.

"L'ennemi poursuit ses tirs d'artillerie sur la rive droite", a-t-elle détaillé, estimant le nombre de soldats russes présents dans cette zone à "plusieurs dizaines de milliers".

L'AFP n'était pas en mesure de confirmer ces affirmations.

Lancée en juin, la contre-offensive tant attendue par Kiev et ses alliés occidentaux a échoué, ne permettant à l'armée ukrainienne de reprendre qu'une poignée de villages dans le sud et l'est.

Mais vendredi, Kiev a dit avoir pris des positions sur la rive gauche du Dniepr, tout en faisant état de "violents combats" et d'une "forte résistance" russe.

Moscou, de son côté, n'a pas évoqué les têtes de pont ukrainiennes jusque-là.

Avant cela, le dernier succès d'importance revendiqué par l'Ukraine dans sa contre-offensive avait été la reprise du village du Robotyné en août, dans la région méridionale de Zaporijjia.

La prise de positions en profondeur sur la rive gauche du Dniepr pourrait permettre à Kiev de mener un assaut plus important dans le sud. Mais pour cela, l'Ukraine doit réussir à déployer son armée dans cette zone difficile d'accès, sablonneuse et marécageuse, face aux solides défenses russes.

Un orphelin rapatrié 

En parallèle, les attaques de drones explosifs, signatures de la guerre en Ukraine, se sont multipliées ces derniers jours.

Dans la nuit de samedi à dimanche, Kiev et Moscou ont été visées par des attaques adverses de ces petits engins, qui ont toutefois été en grande partie interceptés par les défenses antiaériennes et n'ont pas fait de victimes, selon les autorités respectives.

Selon le ministère russe de la Défense, un drone "a été détruit par les équipements de défense aérienne (...) au-dessus du territoire du district urbain de Bogorodskiï, dans la région de Moscou".

Les attaques de drones ukrainiens visant Moscou étaient fréquentes au printemps, en amont et au début de la contre-offensive de Kiev entamée en juin, mais elles se faisaient rares ces dernières semaines.

De son côté, Kiev a été la cible, pour la deuxième nuit d'affilée, d'un barrage de drones explosifs lancés par l'armée russe, de fabrication iranienne "Shahed", selon les autorités militaires, qui ont fait état d'"une intensification" des attaques sur la capitale ukrainienne.

Au total, "quinze des vingt drones ennemis ont été détruits", a affirmé dans un communiqué l'état-major ukrainien.

Le chef adjoint de l'administration présidentielle, Oleksiï Kouleba, a assuré sur Telegram que Kiev "augmentait le nombre d'unités mobiles" pour contrer ces attaques russes et "renforcer la protection des infrastructures énergétiques".

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a dit avoir touché un dépôt de carburant dans la région centrale de Kirovograd et un entrepôt de munitions près de Kiev.

La veille, l'armée de l'air ukrainienne avait affirmé avoir abattu 29 drones sur les 38 "Shahed" lancés par les forces russes sur l'ensemble du territoire dans la plus grande attaque nocturne de drones depuis fin septembre.

Anticipant de nouvelles frappes sur les sites énergétiques, Volodymyr Zelensky a appelé samedi son armée à être "efficace à 100%, malgré toutes les difficultés, malgré la fatigue".

Dimanche, un bombardement russe à Kherson (sud) a fait cinq blessés, dont une fillette de trois ans, selon le ministre de l'Intérieur, Igor Klymenko.

Un jeune orphelin ukrainien de 17 ans, Bogdan Iermokhine, a par ailleurs été rapatrié en Ukraine après avoir été envoyé en Russie au printemps 2022 à l'issue du siège de Marioupol dans le sud-est, ont annoncé les autorités à Kiev et Moscou.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.