ALGER: Un nouveau rapport de la Banque Mondiale met en lumière les défis et les priorités pour la gestion durable des forêts algériennes, soulignant l'urgence d'actions concertées pour protéger ces écosystèmes essentiels. Les forêts algériennes, étendues sur l'Atlas tellien et les Hauts Plateaux, couvrent environ 4,1 millions d'hectares, représentant une richesse naturelle cruciale pour le pays.
Selon le rapport, les forêts algériennes sont principalement composées de maquis, représentant 59% de la superficie totale, tandis que les forêts proprement dites, comprenant des espèces telles que le pin d'Alep et le chêne-liège, couvrent 41% de la superficie totale. Le rééquilibrage de la répartition des tiges pour certaines espèces pose des défis pour le rajeunissement et la préservation de ces précieux écosystèmes, note le rapport.
Le rôle économique des forêts est souligné dans le rapport, mettant en avant leur contribution historique à l'économie algérienne grâce à des bois de construction de qualité, des produits forestiers non ligneux en demande croissante, et des services écosystémiques essentiels. Pourtant, le défi de répondre aux besoins croissants avec des ressources naturelles vulnérables est relevé, avec une tendance à la baisse de l'exploitation formelle du bois depuis 1994.
Toujours selon le rapport de la Banque mondiale, les feux de forêt sont identifiés comme le principal risque pour les forêts algériennes, aggravant des facteurs tels que la déforestation, le changement climatique et la surexploitation des ressources. Bien que le nombre annuel de feux de forêt ait augmenté au cours des dernières décennies, la surface incendiée reste relativement stable, mais les feux de grande ampleur génèrent des coûts importants et des pertes de services écosystémiques.
Les incendies dévorent en moyenne 20 000 hectares de terres forestières en Algérie chaque année.
«Croissance plus verte»
Si le rapport souligne les efforts de l'Algérie pour mettre en place une gestion intégrée des feux de forêt, impliquant plusieurs acteurs tels que la Direction Générale des Forêts (DGF), la Direction Générale de la Protection Civile (DGPC), les collectivités locales, la Gendarmerie nationale, et les citoyens, il met néanmoins en évidence la nécessité de renforcer les ressources humaines et logistiques pour faire face à l'ampleur de ces phénomènes.
Par ailleurs, le rapport analyse les forces, faiblesses, opportunités et menaces du secteur forestier algérien. Parmi les forces identifiées figurent des institutions bien établies, des ressources humaines motivées, des infrastructures existantes, un nouveau cadre législatif en construction, et des projets de développement rural. Pourtant, des faiblesses telles que des outils standardisés et des moyens insuffisants sont également signalées.
Quant aux opportunités, la Banque mondiale met en avant l'utilisation des technologies de l'information, la valorisation des services des forêts, la mise à jour des connaissances sur les ressources forestières, et le développement de nouveaux projets.
Les menaces identifiées comprennent des formations forestières altérées, le changement climatique, la crise économique mondiale, la pression foncière, la collecte illégale de produits forestiers, et l'ampleur des investissements nécessaires pour une gestion durable.
La publication de ce rapport appuie l'importance cruciale de prendre des mesures immédiates pour préserver le patrimoine forestier algérien et garantir un avenir durable pour ses forêts, estiment les auteurs du rapport. La coordination des efforts des parties prenantes et des décideurs est essentielle pour atténuer les risques pesant sur les écosystèmes forestiers et les populations, en particulier face aux défis croissants des feux de forêt et du changement climatique, précise le rapport.
«Ce rapport offre à l'Algérie une feuille de route pour la gestion durable de ses ressources forestières, réduisant le risque d'incendies de forêt et tirant parti du potentiel des forêts pour une croissance plus verte, la création d'emplois et une meilleure résilience climatique», espère Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale dans le pays.