Union européenne: 60 ans d'avancées et de turbulences

Peinture murale de Banksy, à Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre (Photo, AFP).
Peinture murale de Banksy, à Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 25 décembre 2020

Union européenne: 60 ans d'avancées et de turbulences

  • Le traité de Maastricht, deuxième acte fondamental de la construction européenne prévoyant le passage à la monnaie unique et instaurant une Union européenne
  • A peine sortie de cette crise, l'Europe est confrontée à la plus grave crise migratoire depuis 1945 avec l'arrivée de centaines de milliers de candidats à l'asile

PARIS: Du traité de Rome au Brexit, en passant par la création de l'euro et la crise migratoire, retour sur les moments forts qui ont jalonné 60 ans de construction européenne.

La naissance de l'Union

Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, pose la première pierre de la construction européenne, proposant à l'Allemagne, cinq ans seulement après sa capitulation, d'intégrer la production franco-allemande de charbon et d'acier dans une organisation ouverte à tous les pays d'Europe.

Le traité de Paris, instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), est signé le 18 avril 1951. L'Europe des «Six» (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas) est née.

De la CEE à l'UE

Le 25 mars 1957, les Six signent à Rome le traité fondateur de l'Europe politique et économique, instituant la Communauté économique européenne (CEE). La CEE est un marché commun fondé sur la libre circulation avec la suppression des barrières douanières entre Etats membres. Les institutions sont mises en place début 1958.

En janvier 1973, le Royaume-Uni, le Danemark et l'Irlande rejoignent la CEE, suivis par la Grèce (1981), l'Espagne, le Portugal (1986), l'Autriche, la Finlande et la Suède (1995).

Le traité de Maastricht, deuxième acte fondamental de la construction européenne, est signé le 7 février 1992, prévoyant le passage à la monnaie unique et instaurant une Union européenne.

A partir de janvier 1993, le Marché unique devient réalité avec la libre circulation des marchandises, des services, des personnes et des capitaux. En mars 1995, les accords de Schengen permettent aux Européens de voyager sans contrôle aux frontières.

Euro et Union à 28

Le 1er janvier 2002, l'euro entre dans la vie quotidienne de quelque 300 millions d'Européens. Le Danemark, le Royaume-Uni et la Suède gardent leurs monnaies nationales.

Après la chute du mur de Berlin en 1989, l'élargissement vers les pays d'Europe de l'Est s'impose progressivement. Dix nouveaux pays intègrent l'UE en mai 2004: Pologne, République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovénie, ainsi que Malte et Chypre. Suivront la Bulgarie et la Roumanie (2007) puis la Croatie (2013). 

Le temps des crises

Au printemps 2005, le rejet de la Constitution européenne par les électeurs français et néerlandais fait basculer l'UE dans une crise institutionnelle. Elle n'en sort qu'avec le traité de Lisbonne, censé faire mieux fonctionner les institutions de l'UE élargie, difficilement ratifié en 2009.

Cette même année, la Grèce annonce une forte hausse de son déficit, premier signal d'alarme d'une vaste crise financière. La Grèce, puis l'Irlande, l'Espagne, le Portugal et Chypre demandent l'aide de l'UE et du FMI, qui réclament des mesures d'austérité. La crise de la dette fait tomber, les uns après les autres, les chefs de gouvernement européens et accroît la défiance envers l'UE.

A peine sortie de cette crise, l'Europe est confrontée à la plus grave crise migratoire depuis 1945 avec l'arrivée de centaines de milliers de candidats à l'asile. L'UE se déchire sur la réponse à apporter.  

Le Brexit

Le 23 juin 2016, les Britanniques votent à 51,9% en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Les longues négociations sur les modalités de retrait mettent à rude épreuve les nerfs de la classe politique britannique et des Européens, inquiets des conséquences d'un «no-deal».

Un premier accord entre Londres et Bruxelles est rejeté trois fois par le Parlement britannique. Un deuxième accord est conclu le 17 octobre mais il faudra attendre les législatives de décembre, remportées largement par les conservateurs menés par Boris Johnson, pour qu'il soit adopté par le Parlement.

Initialement prévu le 29 mars 2019, le Brexit a lieu le 31 janvier 2020. L'UE perd pour la première fois un membre.

En mars débutent de laborieuses négociations sur la future relation commerciale et sécuritaire entre l'UE et le Royaume-Uni, qui ont abouti jeudi, à peine une semaine avant la fin d'une période de transition. 

Coronavirus

La pandémie de coronavirus fait plonger les économies en 2020 et suscite en mars une vague de fermetures de frontières dans l'UE et l'espace Schengen. Un nouveau coup dur pour la liberté de circulation, l'un des principaux acquis européens déjà ébréché par les tensions migratoires.

Un accord entre les 27 ouvre la voie à la possibilité inédite pour l'UE d'emprunter collectivement sur les marchés à grande échelle, afin de financer un plan de relance.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.