RIYAD: Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a appelé les États-Unis à «arrêter l'agression israélienne et à mettre fin à l'occupation pour protéger notre peuple» lors du sommet extraordinaire conjoint arabo-islamique qui s'est tenu samedi à Riyad.
L'Arabie saoudite a accueilli le sommet, qui a réuni des dirigeants des mondes islamique et arabe pour discuter de l'aggravation de la situation à Gaza.
Dans son discours d'ouverture, le prince héritier Mohammed ben Salmane a signalé que «nous sommes confrontés à une catastrophe humanitaire qui témoigne de l'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU et de la communauté internationale à mettre fin aux violations flagrantes des lois et normes internationales et du droit international humanitaire commises par Israël».
Le prince héritier a ajouté que cette situation constituait une menace pour la sécurité et la stabilité internationales et que tous les dirigeants devaient s'unir pour prendre des mesures efficaces afin de faire face à cette situation.
Lors de son discours, le prince héritier a renouvelé les appels de «cesser immédiatement les opérations militaires, de fournir des couloirs humanitaires pour les civils et de permettre aux organisations humanitaires internationales de jouer leur rôle».
Il a également affirmé que l’Arabie saoudite «condamne et rejette catégoriquement la guerre insensée menée contre nos frères palestiniens, qui a coûté la vie à des milliers de civils non armés, notamment des femmes, des enfants et des personnes âgées».
Les efforts conjoints de l'Arabie saoudite, de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique ont permis de réunir les dirigeants du monde entier à Riyad pour le sommet.
Parmi les personnalités présentes figuraient le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le secrétaire général de l'Organisation de coopération Islamique (OCI), Hissein Brahim Taha, et le commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, Philippe Lazzarini.
Le président iranien, Ebrahim Raisi, le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, le vice-président des Émirats arabes unis, Mansour ben Zayed al-Nahyan, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, et le président indonésien, Joko Widodo, étaient également présents.
Dans ses remarques, Taha a déclaré que le sommet réaffirme notre soutien absolu au peuple palestinien. Il a souligné l'engagement commun à défendre la cause palestinienne et la question de Jérusalem, un objectif clé de l'OCI.
Taha a ajouté que «tout le monde a été témoin des scènes horribles et du nettoyage ethnique perpétrés par les forces d'occupation israéliennes à Gaza» et a souligné l'urgence de documenter et d'utiliser les mécanismes juridiques et internationaux disponibles pour demander des comptes au gouvernement d'occupation.
Il a également demandé un cessez-le-feu immédiat et l'arrêt des attaques contre les habitants de Gaza, l'ouverture de passages sûrs pour l'acheminement continu de l'aide et la garantie de la sécurité du peuple palestinien.
Taha a exprimé son rejet des déplacements forcés du peuple palestinien et a exhorté la «communauté internationale à prendre les actions nécessaires contre les mesures prises par le gouvernement d'occupation israélien».
Il a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à «jouer son rôle, en soulignant la nécessité pour les autorités d'occupation israéliennes de respecter les droits de l'homme et de mettre en œuvre toutes les normes internationales».
Aboul Gheit a signalé que l'assaut d'Israël sur Gaza n'était pas un incident isolé et a exprimé l'espoir que ce soit le dernier.
Il a précisé que depuis qu'Israël a commencé à occuper la bande de Gaza, il a cherché à éradiquer les habitants ou à les forcer à partir. Les déclarations d'un ministre israélien suggérant l'utilisation d'une bombe nucléaire sur Gaza en témoignent, reflétant l'animosité profondément ancrée des Israéliens à l'égard de ses habitants.
Aboul Gheit a indiqué que l'assaut israélien avait coûté la vie à plus de 11 000 civils, dont 70% de femmes et d'enfants.
Cette «horrible réalité» met en évidence une campagne de nettoyage ethnique, de génocide et de violence systématique menée au vu et au su du monde entier.
Malgré les appels de la communauté internationale et du Conseil de sécurité à protéger les civils palestiniens, tous les appels à limiter les opérations israéliennes en réaction aux opérations du 7 octobre ont été vains, «car les Israéliens justifient abusivement leurs actions brutales comme étant de la légitime défense», a clarifié Aboul Gheit.
Il a souligné la nécessité urgente d'un cessez-le-feu global et a déclaré que la communauté internationale devait reconnaître que la poursuite de l'oppression par l'armée israélienne augmentait le risque d'une confrontation régionale.
Il a réitéré l'importance de mettre un terme à cette guerre et de rejeter toutes les formes de déplacement forcé à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, affirmant que de telles actions constituent des crimes internationaux et des violations flagrantes du droit humanitaire international.
Le secrétaire général de la Ligue arabe a ainsi appelé à la fin des discussions sur la séparation de Gaza de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, affirmant que ces zones font partie intégrante de l'établissement d'un État palestinien basé sur les frontières d'avant 1967.
Aboul Gheit a reconnu que le chemin vers le retour à la normale à Gaza sera long et difficile, mais il a affirmé que les États membres restent déterminés à apporter soutien et assistance à la population de Gaza dans sa lutte contre l'agression.
Dans son discours, Abbas a insisté sur le fait que: «Les États-Unis, qui ont le plus d'influence sur Israël, sont responsables de l'absence de solution politique. Nous demandons à Washington de mettre fin à l'agression israélienne, de mettre fin à l'occupation et d'y mettre fin pour protéger notre peuple.»
S'adressant au prince héritier saoudien, au chef de la Ligue arabe et à l'OCI, le président palestinien a déclaré: «Nous sommes tous à un tournant historique et nous devons tous nous montrer à la hauteur de nos responsabilités afin de parvenir à la paix et à la stabilité pour tous dans notre région.»
Abbas a cité cinq demandes pour la Palestine:
Premièrement, il a demandé au Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités en mettant fin immédiatement à l'agression et en autorisant l'approvisionnement de Gaza en médicaments, en nourriture et en électricité. Il a également demandé au Conseil de sécurité de mettre fin aux déplacements forcés de la population de Gaza et de la Cisjordanie.
Deuxièmement, le président a déclaré qu'ils «n'accepteront aucune solution militaire ou sécuritaire après leur échec total, et après que l'occupation a entravé la solution à deux États et augmenté ses colonies, ses tentatives de génocide et ses violations flagrantes des lois internationales, ainsi que sa profanation des lieux saints islamiques et chrétiens».
Troisièmement, Abbas a souligné que Gaza faisait partie de l'État de Palestine, ajoutant qu'il devait y avoir une solution politique globale pour toutes les terres palestiniennes, notamment la Cisjordanie et Gaza.
Il a déclaré que depuis 2007, l'Autorité palestinienne avait dépensé plus de 20 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,93 euro) pour Gaza, ajoutant qu'il s'agit de la responsabilité de l'Autorité palestinienne envers son peuple.
Quatrièmement, Abbas a appelé le Conseil de sécurité à protéger l'État et le peuple palestiniens, ajoutant que «nous avons besoin de la protection de la communauté internationale, nous avons besoin d'un plan − d'une solution politique de manière à parvenir à la souveraineté de notre État».
Abbas a déclaré: «Nous demandons que l'initiative de paix arabe soit mise en œuvre et qu'il y ait un État palestinien avec Jérusalem comme capitale et qu'il respecte la résolution 149 de l'ONU», et il a demandé un calendrier pour la mise en œuvre de cette initiative.
Cinquièmement, il a avisé: «Nous appelons à un soutien international pour aider les agences de l'État palestinien à soutenir son peuple, notamment en reconstruisant Gaza et en mettant en œuvre les résolutions concernant le soutien au budget du gouvernement et en apportant une stabilité définitive à l'État.»
Abbas a terminé son intervention en remerciant le roi Salmane et le prince héritier, ainsi que les autres dirigeants participant au sommet.
Erdogan a fermement condamné les forces d'occupation israéliennes pour avoir brutalement pris pour cible des hôpitaux, des lieux de culte, des écoles et des camps de réfugiés, ainsi que pour avoir tué sans discernement des civils et procédé à des déplacements forcés dans la bande de Gaza.
Il a déclaré que ceux qui restent silencieux face à une telle injustice sont des partenaires à part entière de ces actes odieux.
Le dirigeant turc a exhorté les États-Unis et les pays occidentaux à assumer leurs responsabilités en matière de protection des droits de l'homme et à ne pas fermer les yeux sur les actions d'Israël.
«Ces moments douloureux et tristes révèlent l'existence de deux poids, deux mesures, l'absence de bon sens et l'incohérence des revendications humanitaires. Malheureusement, ce test révélateur met en évidence ces questions de manière retentissante», a-t-il précisé.
El-Sissi s'est dit convaincu que chaque personne dans la région mérite de vivre dans la paix et la sécurité, à l'abri de la peur, de l'intimidation et de la perte tragique d'enfants. Il a appelé à un avenir de paix, où les nouvelles générations pourront grandir sans être entourées de haine et d'hostilité.
Emomali Rahmon, le président du Tadjikistan, a exigé un cessez-le-feu immédiat et a exhorté toutes les parties concernées à s'asseoir à la table des négociations.
Il a indiqué que les crises, les menaces et les défis auxquels le monde islamique est confronté exigent plus que jamais l'unité, le consensus, la fédération et l'harmonie, ajoutant que «nous constatons aujourd'hui que ces facteurs ont conduit à une grave déstabilisation dans diverses régions du monde islamique et ont eu des conséquences économiques et sociales négatives à long terme à cause du déplacement de millions de personnes, principalement des mineurs, à la recherche d'une vie meilleure et plus sûre».
Le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, émir du Qatar, a déclaré que les événements à Gaza représentaient un danger à tous les niveaux, et qu'ils constituaient un précédent troublant, même en termes de conflits agressifs. Il a condamné le bombardement des hôpitaux, d'abord nié puis justifié par l'existence de tunnels sous les installations médicales.
Il a signalé qu'au cours de la guerre actuelle et du précédent siège de Gaza, certains pays ont fait entendre leur voix en prétendant défendre le droit international et le système mondial.
Ces voix se sont élevées pour condamner le meurtre aveugle de civils palestiniens, surtout des enfants et des femmes, ainsi que le bombardement d'hôpitaux et d'abris. La gravité de la situation a atteint un point tel que les corps sans vie d'innocents ont été laissés sans être enterrés, témoignant d'un mépris déchirant pour la vie humaine.
Le cheikh Tamim a réitéré le soutien du Qatar au peuple palestinien et à sa juste cause, ainsi que son engagement, avec ses partenaires régionaux et internationaux, à fournir une aide humanitaire malgré l'obstruction israélienne.
Il a également appelé à l'ouverture permanente de points de passage humanitaires sûrs afin de permettre à l'aide d'atteindre les personnes touchées sans obstacles ni conditions.
Il a conclu son discours en affirmant que la seule solution durable à la question réside dans l'établissement d'une justice fondée sur la légitimité internationale, l'initiative de paix arabe et les principes défendus par la communauté internationale. Cette solution défend le droit du peuple palestinien à jouir de la prospérité, de la sécurité et de son droit de déterminer son destin dans un État indépendant.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com