PARIS : La maire de Paris Anne Hildago et des défenseurs des droits des Arméniens ont demandé vendredi la libération «immédiate et sans condition» de 55 prisonniers arméniens du Haut-Karabakh «détenus en otage» par l'Azerbaïdjan, lors d'une conférence de presse à l'Hôtel de Ville.
Selon Anne Hidalgo, qui était accompagnée notamment de l'ancien procureur général de la Cour pénale internationale Luis Moreno Ocampo et de l'eurodéputé François-Xavier Bellamy, il s'agit de prisonniers politiques parmi lesquels huit anciens dirigeants du Haut-Karabakh, arrêtés lors du conflit de 2020 et plus récemment en septembre lors de l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan.
Ces prisonniers, détenus à Bakou, «ont eu des contacts deux fois avec leur famille, mais depuis plus rien», a déploré Mourad Papazian, co-président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF). «Donc, on ne sait pas dans quelles conditions de pression psychologiques, physiques, ils sont aujourd'hui détenus».
«Ces otages ont besoin d'une protection internationale car il n'y a pas un seul juge azerbaïdjanais qui les libérerait, personne ne peut contredire le président Aliev», a déclaré de son côté Luis Moreno Ocampo, citant un rapport du département d'État américain publié en 2022 mentionnant que l'Azerbaïdjan n'a pas de système judiciaire indépendant et «que les prisonniers sont torturés et tués».
François-Xavier Bellamy a quant à lui appelé à mettre fin à l'accord gazier, qu'il juge, «intolérable» entre l'Europe et l'Azerbaïdjan et à saisir les avoirs en France du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Azerbaïdjan et Arménie se sont opposés au cours de deux guerres pour le contrôle de cette enclave montagneuse, l'une dans les années 1990 à la dislocation de l'URSS, l'autre à l'automne 2020, remportée par Bakou.
Un cessez-le-feu sous l'égide de la Russie a été signé en 2020 mais aucun traité de paix n'a abouti malgré des tentatives de négociations.
Les tensions ont redoublé entre ces deux pays depuis la reconquête militaire éclair par les forces azerbaïdjanaises en septembre dernier du Haut-Karabakh, qui était depuis une trentaine d'années aux mains de séparatistes arméniens.
Plus de 100.000 personnes sur les 120.000 officiellement recensées ont fui en Arménie.
«Un processus génocidaire est en cours» envers les Arméniens du Haut-Karabakh, a estimé Anne Hidalgo, qui dit s'appuyer sur un rapport remis en juillet par Luis Moreno Ocampo «très solidement étayé établissant la volonté de l'Azerbaïdjan d'aller jusqu'au génocide envers les 120.000 Arméniens du Haut-Karabakh pour (...) effacer toute trace d'un peuplement, d'un patrimoine et d'une culture arménienne».