Infox, haine, racisme: des Arabes d'Israël disent vivre dans la «peur»

La sécurité israélienne effectue un contrôle du sac à main d'une femme palestinienne à l'entrée de la porte de Damas après qu'une membre féminine des forces de sécurité israéliennes a été "gravement" blessée lors d'une attaque au couteau dans la région le 6 novembre 2023, selon la police. (Photo d'illustration/ FADEL SENNA / AFP)
La sécurité israélienne effectue un contrôle du sac à main d'une femme palestinienne à l'entrée de la porte de Damas après qu'une membre féminine des forces de sécurité israéliennes a été "gravement" blessée lors d'une attaque au couteau dans la région le 6 novembre 2023, selon la police. (Photo d'illustration/ FADEL SENNA / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 08 novembre 2023

Infox, haine, racisme: des Arabes d'Israël disent vivre dans la «peur»

  • Descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, les Arabes israéliens représentent un cinquième de la population israélienne
  • Une étudiante arabe de l'Université de Netanya (centre), qui a préféré ne pas révéler son identité, a rapporté une «attaque samedi soir» contre les résidences des étudiants arabes par des «juifs d'extrême droite» qui criaient «Mort aux Arabes»

JERUSALEM: Des citoyens arabes d'Israël vivent dans la "peur" face à une campagne de haine et d'attaques liées à la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, les Arabes israéliens représentent un cinquième de la population israélienne.

Accusée par certains de ne pas les protéger, la police assure à l'AFP qu'elle lutte contre "la propagation de fausses informations qui suscitent la panique" et promet de "punir les instigateurs".

Les incidents se sont multipliés depuis le début de la guerre déclarée par Israël contre le Hamas au pouvoir à Gaza, après l'infiltration le 7 octobre dans le sud du pays de commandos du mouvement islamiste palestinien qui ont mené une attaque sanglante d'une ampleur et d'une violence jamais vues dans l'histoire d'Israël.

Du côté israélien, au moins 1 400 personnes sont mortes depuis le début de la guerre, en majorité des civils le jour de l'attaque, selon les autorités. Dans la bande de Gaza, 10 569 personnes, pour l'essentiel des civils, ont été tuées par les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Sous le choc" 

Une étudiante arabe de l'Université de Netanya (centre), qui a préféré ne pas révéler son identité, a rapporté une "attaque samedi soir" contre les résidences des étudiants arabes par des "juifs d'extrême droite" qui criaient "Mort aux Arabes".

"Des policiers sont venus nous demander si nous avions jeté des œufs sur des juifs religieux. Nous avons nié et leur avons dit: les caméras sont là, vous pouvez vérifier", dit-elle à l'AFP.

"Un groupe de personnes a essayé de casser la porte et de nous attaquer. Ils nous ont insultés et ont appelé à notre expulsion."

Des policiers ont emmené les étudiants arabes sur le toit du bâtiment "pour nous protéger", selon l'étudiante, tandis que d'autres se tenaient à la porte pour les empêcher d'entrer.

"Je suis toujours effrayée et sous le choc (...), je ne me sens pas en sécurité (...), nous avons peur de retourner à l'université".

Interrogée, la police a évoqué "une ancienne publication incitant au terrorisme ayant circulé comme étant récente", ce qui a provoqué des réactions.

Mais Jaafar Farah, directeur du centre "Mossawa" qui documente les violations des droits des citoyens arabes d'Israël, a accusé la police et la municipalité de Netanya de "ne pas avoir dissuadé les agresseurs".

Il a affirmé que des cellules du groupe de hooligans anti-Arabes "La Familia", lié au ministre de la Sécurité nationale et ténor de l'extrême droite Itamar Ben Gvir, avaient organisé samedi une manifestation contre les étudiants arabes de l'Université de Netanya.

La maire de la ville, Miriam Feuerberg, a déclaré ce jour-là avoir demandé "l'évacuation immédiate des résidences des étudiants pour reloger à leur place des habitants du Sud (évacués des secteurs proches de Gaza), et des poursuites contre les fauteurs de troubles."

 "La police ne fait rien" 

Nadim Nashif, directeur de l'ONG "7amleh" de défense des droits numériques, affirme que son site a "recensé 590 000 messages violents en hébreu sur X, Telegram et Meta."

7amleh est parvenu à faire supprimer 143 messages particulièrement violents. "Nous avons reçu des réponses négatives pour 63 contenus, et nous attendons toujours des réponses pour 131."

Le député Ahmad Tibi a rapporté des incitations et des menaces visant également des parlementaires. "Il n'y a pas un seul membre arabe du Parlement qui n'ait pas reçu de messages de menace comme par exemple: +tu dois être tué+ et +tu seras bientôt tué+.

"Pourquoi la police ne fait-elle rien malgré les plaintes répétées?", a-t-il demandé.

L'organisation syndicale "Power to the Workers" a fait état d'agressions répétées "contre les travailleurs arabes", soulignant "une recrudescence de la violence à leur encontre".

Elle a rapporté le 1er novembre qu'"un chauffeur de bus avait été aspergé avec du spray au poivre sur la route 164 (centre) par un groupe de passagers lorsqu'ils ont appris qu'il était arabe. Le bus a heurté un poteau électrique sur le côté de la route, et le conducteur a été légèrement blessé."

Mardi, des dizaines de personnes ont manifesté dans le quartier de Givat Shaul, majoritairement peuplé de juifs religieux à Jérusalem-Ouest, exigeant l'expulsion des travailleurs arabes d'un magasin du secteur. La police a empêché les manifestants d'entrer dans le magasin, puis les a dispersés, selon un employé.

Une trentaine d'employés venant de Jérusalem-Est ne sont pas allés travailler le lendemain.

"Je ne suis pas allée travailler. C'est dangereux", a affirmé une employée se présentant sous le pseudonyme de Houda: "Nous ne prenons plus les transports publics israéliens par peur d'attaques racistes".


Un système d’armement américain utilisé dans une frappe israélienne au Liban violerait le droit international

Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
Des débris entourent les bâtiments détruits par une frappe israélienne dans le village frontalier de Mays al-Jabal, dans le sud du Liban, le 5 mai 2024 (AFP).
Short Url
  • The Guardian et Human Rights Watch (HRW) ont identifié les fragments d’une bombe JDAM fabriquée par Boeing sur le site où les secouristes ont été tués
  • Les États-Unis interdisent la vente de ces systèmes à des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme

LONDRES: Une frappe aérienne israélienne au Liban, qui a fait sept morts parmi les travailleurs humanitaires en mars, pourrait avoir été lancée à l’aide d’un système d’armement fourni par les États-Unis, selon une enquête menée par le quotidien The Guardian.

Cet incident a coûté la vie à sept secouristes âgés de 18 à 25 ans, tous bénévoles, qui se trouvaient dans un centre ambulancier à Al-Habariyé, dans le sud du Liban, le 27 mars.

Il a eu lieu cinq jours avant qu’une frappe israélienne à Gaza ne tue sept travailleurs humanitaires travaillant pour l’ONG World Central Kitchen.

Les débris trouvés sur les lieux à Al-Habariyé ont été identifiés par The Guardian, un expert indépendant et Human Rights Watch (HRW) comme appartenant à une bombe israélienne MPR de 230 kg et à une bombe JDAM (Joint Direction Attack Munition) fabriquée par Boeing, un système attaché aux explosifs pour les transformer de bombes non guidées en bombes guidées par GPS.

Ramzi Kaiss, chercheur de HRW sur le Liban, a indiqué à The Guardian que «les assurances d’Israël sur son utilisation légale des armes américaines ne sont pas crédibles. Étant donné que le comportement d’Israël à Gaza et au Liban continue de violer le droit international, l’administration Biden devrait immédiatement suspendre les ventes d’armes à Israël».

En vertu de la loi Leahy de 1997, le gouvernement américain ne peut légalement ni aider ni armer des armées étrangères lorsqu’il existe des «informations crédibles» sur des violations des droits de l’homme.

Un porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis a assuré à The Guardian: «Les États-Unis veillent constamment à ce que le matériel de défense fourni par les États-Unis soit utilisé conformément au droit national et international applicable. Si des violations sont constatées, nous prenons les mesures nécessaires.»

Quant à Josh Paul, chercheur non résident à Democracy for the Arab World Now et ancien employé du département d’État, il a précisé: «Le département d’État a approuvé plusieurs de ces transferts (d’armes) en quarante-huit heures. Il n’y a aucune préoccupation politique concernant les munitions destinées à Israël, à l’exception du phosphore blanc et des bombes à sous-munitions».

Il a ajouté que les JDAM constituent des «armes clés» régulièrement demandées par Israël depuis le début de la guerre à Gaza.

Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken remettra au Congrès un rapport sur l’utilisation par Israël d’armes américaines et sur la possibilité qu’elles aient été impliquées dans des violations de cette loi ou d’autres.

Le sénateur du Maryland, Chris Van Hollen, a déclaré à The Guardian que les conclusions de l’enquête à Al-Habariyé sont «profondément préoccupantes et doivent faire l’objet d'une enquête approfondie de la part de l’administration Biden. Les conclusions de cette enquête approfondie devraient certainement être incluses dans le rapport NSM-20 qui doit être soumis au Congrès le 8 mai».

La frappe aérienne sur le centre ambulancier d’Al-Habariyé a été lancée sans avertissement le 27 mars avant 1h du matin. Aucun combat n’avait été signalé dans la région.

Les victimes, qui travaillaient au centre la nuit, sont les frères jumeaux Hussein et Ahmad al-Chaar, âgés de 18 ans; Abderrahmane al-Chaar, 19 ans; Mohammed Hamoud, 21 ans; Mohammed al-Farouk Aatwi, 23 ans; Abdallah Aatwi, 24 ans; et Baraa Abou Kaiss, 24 ans.

Selon l’armée israélienne, la frappe, qui a détruit le bâtiment de deux étages, a tué un «terroriste de premier plan appartenant à la Jamaa Islamiya», un groupe politique libanais armé lié au Hezbollah. L’armée n’a pas désigné cette personne par son nom.

Un porte-parole de la Jamaa Islamiya a confirmé que certains des secouristes bénévoles étaient membres du groupe, mais a nié qu’ils faisaient partie de sa branche armée.

Samer Hardane, responsable du centre local de Défense civile, qui faisait partie des premiers intervenants, a affirmé à The Guardian : «Nous avons inspecté chaque centimètre à la recherche des membres et des possessions des victimes. Nous n’avons rien vu qui soit lié à l’armée. Nous connaissions personnellement les victimes. Nous avons donc pu identifier leurs corps».

Depuis le 7 octobre, 16 travailleurs médicaux ont été tués par des frappes aériennes israéliennes au Liban, et 380 autres personnes ont péri, dont 72 civils. Onze soldats israéliens et huit civils ont également été tués.

Kassem al-Chaar, père des jumeaux Ahmed et Hussein, a confié qu’il avait déconseillé à ses fils de se porter volontaires.

«Je leur ai dit qu’il était dangereux de faire ce type de travail, mais ils m’ont répondu qu’ils acceptaient le risque. Je ne sais pas ce qui a poussé Israël à agir de la sorte: il s’agissait de jeunes gens enthousiastes à l’idée d’aider les autres», a-t-il déploré.

«Mes fils voulaient faire du travail humanitaire, et voyez ce qui leur est arrivé. Israël n’oserait pas agir de la sorte si les États-Unis ne le soutenaient pas.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le Hamas dit avoir accepté une proposition de cessez-le-feu présentée par l'Egypte et le Qatar

Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Des Palestiniens déplacés se tiennent à côté de leurs biens, dans le quartier d'Al-Mawasi, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Short Url
  • Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi cette annonce à Rafah
  • Un responsable du Hamas a indiqué que «la balle est désormais dans le camp» d'Israël, après l'annonce

GAZA: Le Hamas a indiqué lundi avoir informé l'Egypte et le Qatar qu'il acceptait leur proposition pour un cessez-le-feu avec Israël dans la bande de Gaza dévastée par sept mois de guerre.

"Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, s'est entretenu par téléphone avec le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed bin Abdelrahmane Al Thani et le ministre égyptien des Renseignements, Abbas Kamel, et les a informés que le Hamas avait approuvé leur proposition d'accord de cessez-le-feu", selon un communiqué publié sur le site du mouvement palestinien.

Un responsable du Hamas a indiqué à l'AFP que "la balle est désormais dans le camp" d'Israël, après l'annonce. 

Des scènes de joie et des tirs en l'air ont accueilli lundi à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée sur laquelle Israël projette une offensive militaire d'ampleur

 


L’Arabie saoudite met Israël en garde contre le ciblage de Rafah à Gaza

De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
De la fumée s’élève après des frappes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 6 mai 2024. (Reuters)
Short Url
  • Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi
  • Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne

RIYAD: Lundi, l’Arabie saoudite a mis en garde contre les dangers d’un ciblage de la ville de Rafah par Israël dans le cadre de sa campagne «sanglante et systématique visant à envahir toutes les zones de la bande de Gaza et à déplacer ses habitants».

Cet avertissement intervient après que l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, de commencer à évacuer les lieux plus tôt dans la journée de lundi, signalant qu’une invasion terrestre, promise depuis longtemps, pourrait être imminente.

Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé le rejet catégorique par le Royaume des violations continues du droit international par l’armée israélienne, qui exacerbent la crise humanitaire dans le territoire et entravent les efforts de paix internationaux.

Le ministère a réitéré l’appel du Royaume à la communauté internationale pour qu’elle intervienne immédiatement afin d’arrêter le génocide israélien en cours dans les territoires palestiniens occupés.

Lundi, Volker Turk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que les ordres israéliens de déplacer les Palestiniens de Rafah étaient inhumains et risquaient de les exposer à davantage de dangers et de souffrances. Il a averti que de telles actions peuvent parfois constituer des crimes de guerre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com