Bruxelles favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, donnent une conférence de presse commune à l'issue de leur entretien à Kiev, le 4 novembre 2023. (AFP)
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, donnent une conférence de presse commune à l'issue de leur entretien à Kiev, le 4 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 novembre 2023

Bruxelles favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie

  • En juin 2022, l'UE avait accordé à l'Ukraine le statut de candidat, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de l'invasion russe, ainsi qu'à la Moldavie voisine
  • Si les 27 entérinent en décembre l'avis de la Commision, l'Ukraine rejoindra alors une liste d'autres pays européens entrés en négociations avec l'UE, dont certains, comme la Turquie

BRUXELLES: La Commission européenne a donné mercredi son feu vert à l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE avec la Moldavie et l'Ukraine, un geste très attendu par ce pays en guerre depuis près de deux ans avec la Russie.

"Aujourd'hui est un jour historique", a déclaré Mme von der Leyen, en annonçant devant la presse cet avis favorable, qui sera soumis à la décision des Vingt-Sept lors d'un sommet à la mi-décembre à Bruxelles.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué la "bonne" décision prise par la Commission. "Notre Etat doit être dans l'UE. Les Ukrainiens le méritent", a-t-il souligné. Son Premier ministre Denys Chmygal s'est pour sa part engagé à faire de l'Ukraine un membre "égal" et "fort" de l'UE.

En juin 2022, l'UE avait accordé à l'Ukraine le statut de candidat, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de l'invasion russe, ainsi qu'à la Moldavie voisine.

Pour passer à l'étape suivante, donc à l'ouverture de négociations d'adhésion, la Commission européenne avait défini sept critères de référence pour Kiev. Il s'agit de conditions à remplir notamment en matière de lutte contre la corruption généralisée et de réformes judiciaires.

"L'Ukraine continue à faire face à des difficultés énormes et à la tragédie provoquée par la guerre d'agression de la Russie", a souligné Ursula von der Leyen, ajoutant qu'en dépit de ces difficultés, l'Ukraine avait continué à se réformer "en profondeur" en vue de son adhésion à l'UE.

L'Ukraine attendait avec impatience ce feu vert de Bruxelles au moment où sa contre-offensive marque le pas et où la guerre entre Israël et le Hamas détourne l'attention de ses alliés.

Bout du chemin

Mais cet avis favorable de Bruxelles est encore loin d'être le bout du chemin pour l'Ukraine, et pour les autres pays candidats concernés par ce rapport sur l'élargissement de la Commission européenne rendu public mercredi.

Si les 27 entérinent en décembre l'avis de la Commision, l'Ukraine rejoindra alors une liste d'autres pays européens entrés en négociations avec l'UE, dont certains, comme la Turquie, patientent depuis de longues années. Les négociations entre l'UE et Ankara ont été ouvertes en 2005 --mais gelées depuis 2018.

L'agrandissement de la famille européenne vers l'Est est néanmoins considéré par plusieurs pays comme un élément fondamental de la sécurité en Europe face aux appétits russes.

La Moldavie, petit pays roumanophone parmi les plus pauvres d'Europe qui dénonce régulièrement des tentatives de déstabilisation de la Russie, a également obtenu un avis favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion de la part de la Commission.

Ce pays "a entrepris des réformes significatives en dépit d'efforts constants visant à déstabiliser sa démocratie", a souligné Mme von der Leyen.

La Géorgie, en partie occupée par l'armée russe depuis 2008, n'a pas été oubliée et obtient, sous conditions, le statut de pays candidat à l'adhésion, qui lui avait été refusé en 2022.

"Je me réjouis avec le peuple géorgien et je salue la recommandation positive de la Commission européenne", a immédiatement réagi la présidente géorgienne, pro-occidentale, Salomé Zourabichvili.

Tbilissi devra toutefois entreprendre d'"importantes réformes", correspondant aux "aspirations de l'écrasante majorité de ses citoyens à rejoindre l'UE", a averti Mme von der Leyen.

Enfin, la Commission européenne a également fait un geste à l'égard de la Bosnie, pays candidat à l'adhésion, en se montrant favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion avec ce pays des Balkans, toujours profondément divisé, une fois que certains progrès auront été réalisés.

"Nous avons ouvert grand la porte", mais des résultats sont désormais attendus, a souligné la présidente de la Commission européenne.

Quelle que soit la décision des 27, le processus pour tous sera ardu.

Une éventuelle entrée dans l'UE de l'Ukraine, un pays de plus de 40 millions d'habitants, posera de nombreuses difficultés, à commencer par le financement.

L'UE devra aussi se réformer pour pouvoir fonctionner avec davantage de pays, estiment plusieurs Etats membres, dont la France et l'Allemagne.

Et il faudra impérativement le faire en même temps que ce nouvel élargissement, a averti en septembre la présidente de la Commission européenne.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.