BRUXELLES: La Commission européenne a donné mercredi son feu vert à l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE avec la Moldavie et l'Ukraine, un geste très attendu par ce pays en guerre depuis près de deux ans avec la Russie.
"Aujourd'hui est un jour historique", a déclaré Mme von der Leyen, en annonçant devant la presse cet avis favorable, qui sera soumis à la décision des Vingt-Sept lors d'un sommet à la mi-décembre à Bruxelles.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué la "bonne" décision prise par la Commission. "Notre Etat doit être dans l'UE. Les Ukrainiens le méritent", a-t-il souligné. Son Premier ministre Denys Chmygal s'est pour sa part engagé à faire de l'Ukraine un membre "égal" et "fort" de l'UE.
En juin 2022, l'UE avait accordé à l'Ukraine le statut de candidat, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de l'invasion russe, ainsi qu'à la Moldavie voisine.
Pour passer à l'étape suivante, donc à l'ouverture de négociations d'adhésion, la Commission européenne avait défini sept critères de référence pour Kiev. Il s'agit de conditions à remplir notamment en matière de lutte contre la corruption généralisée et de réformes judiciaires.
"L'Ukraine continue à faire face à des difficultés énormes et à la tragédie provoquée par la guerre d'agression de la Russie", a souligné Ursula von der Leyen, ajoutant qu'en dépit de ces difficultés, l'Ukraine avait continué à se réformer "en profondeur" en vue de son adhésion à l'UE.
L'Ukraine attendait avec impatience ce feu vert de Bruxelles au moment où sa contre-offensive marque le pas et où la guerre entre Israël et le Hamas détourne l'attention de ses alliés.
Bout du chemin
Mais cet avis favorable de Bruxelles est encore loin d'être le bout du chemin pour l'Ukraine, et pour les autres pays candidats concernés par ce rapport sur l'élargissement de la Commission européenne rendu public mercredi.
Si les 27 entérinent en décembre l'avis de la Commision, l'Ukraine rejoindra alors une liste d'autres pays européens entrés en négociations avec l'UE, dont certains, comme la Turquie, patientent depuis de longues années. Les négociations entre l'UE et Ankara ont été ouvertes en 2005 --mais gelées depuis 2018.
L'agrandissement de la famille européenne vers l'Est est néanmoins considéré par plusieurs pays comme un élément fondamental de la sécurité en Europe face aux appétits russes.
La Moldavie, petit pays roumanophone parmi les plus pauvres d'Europe qui dénonce régulièrement des tentatives de déstabilisation de la Russie, a également obtenu un avis favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion de la part de la Commission.
Ce pays "a entrepris des réformes significatives en dépit d'efforts constants visant à déstabiliser sa démocratie", a souligné Mme von der Leyen.
La Géorgie, en partie occupée par l'armée russe depuis 2008, n'a pas été oubliée et obtient, sous conditions, le statut de pays candidat à l'adhésion, qui lui avait été refusé en 2022.
"Je me réjouis avec le peuple géorgien et je salue la recommandation positive de la Commission européenne", a immédiatement réagi la présidente géorgienne, pro-occidentale, Salomé Zourabichvili.
Tbilissi devra toutefois entreprendre d'"importantes réformes", correspondant aux "aspirations de l'écrasante majorité de ses citoyens à rejoindre l'UE", a averti Mme von der Leyen.
Enfin, la Commission européenne a également fait un geste à l'égard de la Bosnie, pays candidat à l'adhésion, en se montrant favorable à l'ouverture de négociations d'adhésion avec ce pays des Balkans, toujours profondément divisé, une fois que certains progrès auront été réalisés.
"Nous avons ouvert grand la porte", mais des résultats sont désormais attendus, a souligné la présidente de la Commission européenne.
Quelle que soit la décision des 27, le processus pour tous sera ardu.
Une éventuelle entrée dans l'UE de l'Ukraine, un pays de plus de 40 millions d'habitants, posera de nombreuses difficultés, à commencer par le financement.
L'UE devra aussi se réformer pour pouvoir fonctionner avec davantage de pays, estiment plusieurs Etats membres, dont la France et l'Allemagne.
Et il faudra impérativement le faire en même temps que ce nouvel élargissement, a averti en septembre la présidente de la Commission européenne.