LONDRES: Un député de l'opposition travailliste britannique a démissionné de l'équipe dirigeante du parti, en désaccord avec la position adoptée sur le conflit entre Israël et le Hamas par son chef Keir Starmer, de plus en plus sous pression face à la division dans ses rangs.
Keir Starmer, que les sondages placent en bonne position pour devenir le futur Premier ministre du Royaume-Uni, appelle à des "pauses" humanitaires plutôt qu'à un cessez-le-feu, dans le sillage du gouvernement conservateur et d'autres dirigeants dans le monde.
Mais sa position est critiquée au sein du parti travailliste, où certains la jugent trop pro-israélienne, depuis l'attaque lancée par le Hamas le 7 octobre sur Israël et les représailles massives israéliennes.
"Il est devenu clair que ma position sur la catastrophe humanitaire en cours à Gaza diffère substantiellement de la position que vous avez adoptée", a écrit dans sa lettre de démission adressée à Keir Starmer, Imran Hussain, député de Bradford dans le nord de l'Angleterre et en charge du travail dans le "shadow cabinet" (gouvernement fantôme) travailliste.
Dans sa lettre publiée tard mardi soir, Imran Hussain, membre de l'aile gauche du Labour et au "shadow cabinet" depuis huit ans, condamne fermement l'attaque du 7 octobre mais estime que le droit d'Israël à se défendre "ne doit pas devenir le droit de violer le droit international sur la protection des civils ou de commettre des crimes de guerre".
Le conflit entre Israël et Gaza ravive les divisions au sein du Labour, que Keir Starmer a réunifié et recentré après avoir succédé en 2020 au très à gauche Jeremy Corbyn, qui avait été accusé d'avoir laisser prospérer l'antisémitisme au sein du parti.
Près de cinquante élus locaux (sur les 6.500 que compte le Labour) ont démissionné et de plus en plus de voix s'élèvent au sein de ses parlementaires pour appeler à un cessez-le-feu. Au moins 16 des membres du "shadow cabinet" ont ainsi affirmé ou partagé sur les réseaux sociaux une position divergente avec celle de Keir Starmer sur le conflit.
"Un cessez-le feu maintenant ne ferait que geler le conflit et la situation des otages à Gaza, et laisserait au Hamas les infrastructures et la capacité de mener le même genre d'attaque que celle du 7 octobre", a réagi mercredi un porte-parole du parti travailliste.
Des "pauses humanitaires" sont "le meilleur et le plus réaliste moyen de résoudre l'urgence humanitaire à Gaza", a-t-il ajouté.