PARIS: En foulant le sol algérien ce dimanche 5 novembre, Gérald Darmanin, ne portait pas simplement sa casquette de ministre de l'Intérieur, mais aussi un pan entier des attentes et des espoirs de la diplomatie française. Reçu avec les honneurs par le président Abdelmadjid Tebboune, ce déplacement, orchestré selon nos confrères de Jeune Afrique «à la demande» d’Emmanuel Macron, s'est inscrit dans un contexte géopolitique aussi complexe que décisif dans une région où la France est en perte de vitesse.
Ballet diplomatique
À l’ombre des palmiers et des discussions feutrées, Gérald Darmanin et ses homologues algériens ont tracé les lignes d’une «coopération opérationnelle» axée sur des thèmes aussi variés que cruciaux. La lutte contre la criminalité organisée, les enjeux migratoires, la mobilité et la sécurité civile étaient au cœur des échanges. Ces sujets, hautement sensibles, témoignent de l'entrelacement des destinées de deux nations que l'Histoire n'a cessé de lier et de délier.
Le ministre a également abordé avec ses interlocuteurs «les conséquences de la crise qui touche le Proche-Orient», ajoutant une dimension supplémentaire à un dialogue déjà riche. En décembre 2022, Darmanin avait déjà foulé cette terre d’Algérie, promettant un retour à la normale dans l’octroi des visas, après une période de restrictions initiée par la France pour inciter à une lutte plus ferme contre l'immigration illégale.
Pour inciter nos voisins à accepter de réadmettre leurs ressortissants, nous avons décidé de prendre des mesures fortes.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 29, 2021
A la demande du Président de la République, le nombre de visas délivrés par nos consulats au Maroc et en Algérie va diminuer de moitié et de 30% en Tunisie. pic.twitter.com/NRagXHmjPv
Deux rives
La visite se déroule à un moment charnière, à l'aube de l'examen du projet de loi sur l'immigration en France, projet porté par Darmanin. C'est dire si les discussions à Alger revêtent une importance stratégique, dépassant le cadre des politiques intérieures pour embrasser les problématiques d'une région en constante effervescence.
La France et l’Algérie, deux rives opposées mais inextricablement liées, se retrouvent donc à naviguer sur des eaux parfois tumultueuses, où les questions d'immigration et de sécurité dictent le rythme des relations bilatérales.
En quittant l'Algérie, Darmanin emporte plus qu'un dossier de notes et de promesses. Il laisse aussi derrière lui un silence éloquent sur les non-dits - l'Obligation de quitter le territoire français rendue inefficace par le refus des pays du Maghreb à délivrer des laissez-passer consulaires, et sur ces réserves que l’Algérie ne manque jamais de rappeler à son ancien colonisateur.
Les silhouettes s'effacent dans le crépuscule d'Alger, laissant derrière elles un air de déjà-vu, une répétition de gestes protocolaires où l'espoir d'une entente reste souvent voilé par le spectre de la méfiance historique.